Au-delà de la mort, qu’y a-t-il ?

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Ceux qui meurent actuellement, où vont-ils ?

Mon frère Donald, tu poses ici une question très discutée entre les conceptions religieuses. Pour nous chrétiens, ta question se situe dans la partie de notre « Je crois en Dieu » où nous disons : « Je crois en la résurrection de la chair et la vie du monde à venir ». C’est le dernier article, le 12e de notre foi catholique. Pour reformuler ta préoccupation, il s’agit de la mise en question de l’au-delà dans la foi catholique.

Je remercie mes prédécesseurs qui ont donné des réponses synthétiques qui vont à l’essentiel. J’avais promis revenir sur la question pour en faire un bref exposé. J’espère éviter le risque d’ennuyer.

Nous savons tous que chaque religion a sa conception de la vie après la mort. Pour les uns, l’homme se réincarne menant une vie moins humaine ou plus humaine selon la manière dont il a conduit sa vie terrestre précédente. D’autres croient en la métempsychose, cette croyance qui stipule que ceux qui meurent ici reprennent une autre vie humaine ailleurs loin du regard de leurs connaissances antérieures. D’autres affirment même qu’il n’y a pas de vie après cette vie et que tout finit à la tombe. En Afrique, généralement, nous pensons que ceux qui meurent vont voir les ancêtres et continuent de vivre dans un autre village invisible où la famille des défunts se retrouve. Évidemment, toutes ces conceptions dépendent de la vision du monde et de la représentation de Dieu qui les sous-tendent.

Les chrétiens (toutes tendances confondues) professent la résurrection, une vie après la vie terrestre. Nous affirmons que la destinée finale de l’homme, après sa vie sur cette terre, est de voir Dieu et de vivre avec lui, dans un milieu parfait d’amour. Mais attention, il me faut tout de suite avertir que les grandes religions non chrétiennes, en croyant à l’au-delà, considèrent que c’est la finalité de l’au-delà qui oriente notre vie ici-bas. Ce qui n’est pas vraiment exact pour nous chrétiens, catholiques pour être moins englobant. Pour nous, la vie éternelle commence déjà par notre vie terrestre. Nous vivons déjà dans le Royaume de Dieu déjà sur la terre, une vie qui sera pleine quand nous serons dans la vision béatifique de Dieu. Ce qui nous permet d’avoir une conception différente du temps et de l’éternité. L’éternité commence dans le temps (Chronos : la durée et Kaïros : l’instant surgissant). Le ciel commence par la terre.

Pour revenir plus concrètement à ta question, pour nous chrétiens, ceux qui meurent vont actuellement, selon les données de la foi basée sur les Écritures, et après le jugement de Dieu, en trois lieux ou mieux selon trois états : les uns au ciel, les autres en enfer et les derniers au purgatoire.

La question semble insinuer une localisation (où vont-ils ?), mais en vérité, il s’agit plus d’un état, le ciel, le purgatoire et l’enfer n’indiquant une idée de lieu que par symbolisme. Ce sont des images symboliques. En mot simple, il ne faut imaginer le ciel comme étant au-dessus des nuages, ni l’enfer dans les profondeurs de la mer et le purgatoire comme un lieu équidistant des deux précédents. Pour mieux élucider ma pensée, je m’autorise quelques explications sommaires en choisissant volontiers de considérer ces trois états comme des feux consumant selon des modes différents.

Le ciel

« Venez les bénis de mon Père, recevez en héritage le royaume préparé pour vous depuis la création du monde ». Le ciel est un brasier d’amour, plus simplement dit, c’est le milieu d’un feu d’amour où ne vivent que ceux qui ont mené une vie de charité sur la terre : « Car j’avais faim, et vous m’avez donné à manger… ». Cet amour dernier vient de Dieu comme la couronne de ceux-là qui sur la terre auront fait l’effort d’aimer jusqu’au bout. C’est l’état de ceux qui sont comblés de bonheur.

L’enfer

« Allez-vous-en loin de moi, maudits, dans le feu éternel qui a été préparé pour le diable et ses anges, car j’avais faim et vous ne m’avez pas donné à manger ». C’est un brasier de regrets à cause de l’absence de l’amour du prochain. Le feu d’amour qui donne plus d’éclat à ceux qui vivent d’amour est le même qui brûle et demeure insupportable pour ceux qui sont en enfer. Les uns (enfer) sont si vides d’amour qu’il ne supporte pas la présence de l’amour, les autres (ciel) sont si pleins d’amour que le feu de l’amour les porte à des joies indescriptibles humainement.

Le purgatoire

Les données bibliques sont avares sur le purgatoire. Cependant, on peut définir le purgatoire comme un brasier de justice où l’homme reste pour purger les peines non satisfaites dues au péché. Les premières racines bibliques du purgatoire apparaissent dans l’Ancien Testament avec la prière pour les soldats morts comme on le lit dans le deuxième livre des Martyrs d’Israël (2 Maccabées 12, 43-46).

Pour dissuader toute discussion vaine, je vais laisser le texte biblique ici :

Juda Maccabée fit alors parmi ses hommes une collecte qui rapporta environ 2000 pièces ; il les envoya au temple de Jérusalem pour qu’on y offre un sacrifice le pour le péché. C’était là un geste très beau et très noble, inspiré par la pensée de la résurrection. En effet, s’il n’avait pas cru que ceux qui étaient tombés ressusciteraient, il aurait été inutile et ridicule de prier pour des morts. Mais il pensait qu’une belle récompense était réservée à ceux qui se sont couchés dans la mort ayant la foi. C’était là une pensée sainte et en accord avec la foi. Il fit donc offrir ce sacrifice d’expiation pour les morts, afin qu’ils soient délivrés de leurs péchés

NB : il ne s’agit pas d’un commentaire de la Bible, mais de la Parole de Dieu elle-même. Entre les bénis qui n’ont pas besoin de prière et les maudits qui n’ont pas également besoin de prière, se trouvent ceux qui, selon leur état que nous appelons le « purgatoire » qui ont besoin de prière de purification.

Le purgatoire est un état de l’homme qui après sa mort est indemne de péché mortel et capital mais qui doit nécessairement patienter le temps de la purification totale. C’est le temps du long désir, de la marche vers la pâque, comme on dirait du temps de l’Avent pour Noël et du temps de carême pour Pâques. Étant donné que Dieu est perçu comme tout amour, le purgatoire et l’enfer sont difficiles à comprendre par les hommes. Au sujet du purgatoire précisément, les versets bibliques sont en pourcentage inférieurs par rapport à ceux ayant trait à l’enfer et surtout au paradis.

Pour résumer, l’enfer, c’est l’envers du paradis. Le premier provient du regret éternel d’avoir manqué irrémédiablement le rendez-vous de l’amour, le second est la plénitude d’un amour commencé sur la terre, et le purgatoire, c’est le ciel à démasquer par les poussières des péchés qui ne condamnent pas de soi et qui pourtant ne sont pas les signes d’un refus fondamental d’amour.

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Abbé Jean Oussou-Kicho

Je suis prêtre de l’archidiocèse de Cotonou (Bénin), ordonné en 2008, licencié en théologie morale. Directeur de complexe scolaire, je suis investi dans la pastorale des réseaux sociaux, devenus un nouveau terrain propice pour l’évangélisation et l’éducation des chrétiens