Cette question semble préoccuper beaucoup de personnes dans le groupe, de sorte qu’elle revient sous plusieurs formes. La majorité des questions touche à l’appel au sacerdoce et à la vie religieuse et consacrée. Je choisis cependant d’ajouter le mariage, car il s’agit d’une réelle vocation qui nécessite elle aussi des lumières pour ne pas se tromper. De manière parabolique, elle peut embrasser toute préoccupation nécessitant le discernement.
Comment savoir que le Seigneur m’appelle à la vie sacerdotale, à la vie religieuse, au mariage, à une profession spécifique, à m’engager dans telle voie ou dans telle autre ? C’est le problème fondamental du discernement. Pour répondre à cette question, je vais proposer une réponse en deux temps : la foi et le processus de discernement.
La foi éclairée par la Parole de Dieu et le Saint-Esprit
Le jeune homme riche s’en va pour le discernement. Jésus lui laisse le guide des commandements de Dieu. C’est le guide, si l’on peut dire de la Parole de Dieu. Il n’y pas en effet un discernement chrétien qui puisse se faire sans la méditation de la volonté de Dieu exprimée dans sa Parole et sans son Esprit qu’il nous promet pour nous conduire à la vérité entière. Sa Parole est vérité. Son Esprit est vérité. La vérité du sens de notre vie découle de notre capacité à nous mettre à l’écoute de cette Vérité-là. Pour ce faire, je vous propose un chemin à trois étapes, à faire en tenant tout à la fois la Parole de Dieu et le Saint-Esprit.
Trois niveaux pour voir clair dans sa vie
Le discernement est l’ensemble des procédés qui permettent finalement à la personne de prendre une décision plus juste parmi plusieurs choix contradictoires. Ce discernement s’intéresse à l’histoire de notre vie. Cette histoire ne peut se conter sans les événements plus ou moins marquants qui l’ont faite. Ces événements par eux-mêmes ne sont pas explicables. Ils sont muets. Raison pour laquelle beaucoup de personnes ne savent pas quelle orientation donner à leur vie. Tout est flou pour elles.
Il faut donc, grâce à l’écoute à la fois de la Parole de Dieu et de l’Esprit Saint, une initiation qui permette aux événements de devenir « parole compréhensible » en sorte que l’histoire de notre vie s’éclaire à travers ceux-ci. En vérité, dans chaque événement de notre vie, l’Esprit parle. Reste à savoir l’écouter et le comprendre. Pour que la voix de l’Esprit s’entende au travers de ces événements, en nous donnant de comprendre notre vie, il faut prendre un chemin à trois étapes : la reconnaissance, l’interprétation et le choix, ce que l’Église résume en trois verbes : reconnaître, interpréter et choisir.
Reconnaître
Il s’agit ici de répertorier les effets finaux que les événements de notre vie impriment dans notre être. On peut s’aider des questions suivantes : quelle est l’incidence au plan émotionnel que les événements qui arrivent dans ma vie ont sur moi ? Me donnent-ils la joie, la peur, la paix, la déception, l’espérance ? Créent-ils un vide dans ma vie ou, au contraire, me comblent-ils ? Me plongent-ils dans la colère ou me donnent-ils la joie ? Par exemple, quand je lis un livre sur la vie du couple, suis-je heureux de poursuivre la lecture ou suis-je tenté d’abandonner ? Est-ce que je me sens mieux à lire ou non ? Ou plutôt, quand je lis un document ou que je suive un documentaire sur la vie religieuse, quelles sont mes émotions ? Qu’est-ce que je ressens ? L’ennui ou un grand intérêt ? Quelle marque ces lectures impriment dans ma vie ? Il faut le faire événement après événement.
Cela nécessite un long examen de soi. Il est important de noter ses états émotionnels de variation intérieure sur le moyen terme, à défaut de le faire sur le long terme. Plus on observe dans la durée, plus on saisit, dans leur globalité, les marques que les événements contraires laissent dans notre vie. La Parole de Dieu nous offre un puissant secours en ceci qu’elle nous éclaire, à travers les différentes situations de la vie qui s’y trouvent, sur notre propre vie. On arrive au terme de la reconnaissance quand on est capable de catégoriser les événements en deux groupes selon qu’ils laissent un goût heureux ou amer dans notre cœur.
Interpréter
Il est intéressant de reconnaître, mais nécessaire d’interpréter. Que sert-il finalement de reconnaître si on ne peut leur donner un sens ? Où se trouve l’utilité quand je suis capable de dire qu’un événement m’a frappé mais que je n’arrive pas à le comprendre. C’est tout l’intérêt de l’interprétation. Cette dernière consiste à découvrir le sens que l’Esprit de Dieu donne à ses variations émotionnelles dans notre vie et les nouveaux espaces auxquels l’Esprit nous invite.
L’interprétation exige le temps, la patience dans la durée pour ne pas se tromper de sens. Une fausse interprétation peut nous plonger dans la souffrance intérieure. Elle exige pareillement la prise en compte du contexte social et psychologique, culturel et économique, intellectuel et factuel, de la personne. Elle implique la connaissance intellectuelle pour ne pas se tromper de sens mais en même temps, elle requiert que l’on soit réaliste. L’interprétation appelle à prendre en compte, avec l’aide de la Parole de Dieu, les exigences de la morale chrétienne dans le contexte de notre vie. Pour une interprétation correcte, il faut l’expérience avérée d’un accompagnateur qui guide et aide à comprendre.
L’interprétation fait donc recours, tour à tour, à l’écoute de la Parole et de l’Esprit, à la prise en compte de l’enseignement de l’Église dans le monde d’aujourd’hui et la situation personnelle et concrète dans laquelle vit la personne. Il faut aussi considérer, conseille l’Église, l’aide d’une personne exercée en la matière. C’est d’ailleurs un risque à éviter que de se passer de telles personnes. Dans une société individualiste et indifférente à l’autre, dans un monde où chacun a son jardin secret, aller à une personne ressource pour recourir à son assistance dans l’interprétation des événements de sa vie exige une marque d’humilité, d’ouverture d’esprit et de confiance.
Choisir
C’est au terme des deux premiers moments (reconnaissance et interprétation) qu’on peut choisir, librement de manière responsable, un chemin vocationnel, en se libérant des multiples sollicitations passionnelles désormais comprises. Le choix doit lui aussi est vérifié par la pratique. Il ne suffira pas seulement d’opter pour la vie sacerdotale, religieuse ou matrimoniale. Il faut se jeter à l’eau pour voir si l’on ressent effectivement la joie et la paix, l’enthousiasme et le bonheur d’avoir pris cette décision. Il faut se jeter à l’eau. Entrer par exemple dans un groupe vocationnel pour celui qui est attiré par le don de soi au Seigneur, entrer dans les groupes de vie pratique pour celui qui veut se marier, faire des stages professionnels pour celui qui embrasser un métier… Dans le fond, l’expérience nous permet de voir si nous pouvons supporter les croix et renoncements, les joies et consolations que notre choix implique. L’expérience est donc l’instance de vérification de notre interprétation et de notre choix.
Merci infiniment pour cet éclaircissement, cela va vraiment aider tous les chrétiens à se retrouver, on ne sait pas comment faire le discernement pour enfin réponde à l’appel de Dieu, et je préfère vous parlez aussi en privé.
Mon père, puis je vous voir en privé pour des éclaircissements personnel ???
Merci mon père pour la lumière éclairer au sujet de la vocation.