Comment jeûner?

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Comment jeûner dans l’Église catholique car les musulmans mangent à 5h et ça fait à 19h. Comment doit-on le faire chez les catholiques ?

  Nous sommes dans le temps fort de carême. Parmi les exercices spirituels proposés, se trouve le jeûne. Tu veux bien savoir la manière de jeûner chez les catholiques. Comme tu le dis, les musulmans commencent leur jeûne après le repas de 5h et le rompent uniquement à 19h au dîner. Il s’agit là du jeûne du repas.
 
Par rapport à ce genre de jeûne, l’Église nous invite à le pratiquer les vendredis de l’année et pendant tout le temps du carême, les dimanches exclus. Le mercredi des cendres et le vendredi saint, il est prescrit le jeûne total, qui couvre toute la journée. Une journée chrétienne commence la veille au soir, à partir de 18h pour finir le lendemain à 18h. Alors, si nous devons faire le jeûne total, nous devons nous abstenir de manger à partir de 18 la veille et rompre le jeûne le lendemain à 18 avec le dîner.
 
Toujours dans le domaine du repas, il y a plusieurs formes de jeûne. On peut se priver du repas et ne prendre que des fruits comme aussi on peut se priver de quelques éléments dans le repas, comme la viande ou un aliment que nous aimons particulièrement. La conférence des évêques de chaque région ou de chaque pays peut apporter des précisions aux privations.
 
Il faut noter que les personnes âgées, les femmes enceintes, les petits enfants, les malades ne sont pas concernés. La raison est qu’on ne doit pas mettre leur vie en danger par l’obligation du jeûne. Mais pour les personnes bien portantes, le jeûne est obligatoire. Dans cette perspective, le jeûne n’est pas une punition imposée à notre corps ni un mépris du repas. Le jeûne imposé au corps nous permet de refreiner notre avidité et notre incapacité à relativiser ces éléments de la nature. En profondeur, c’est un chemin de libération et de maturation de notre vie par une guérison de la dépendance absolue vis-à-vis des biens du monde.
 
Il faut se libérer, en tant que chrétien, de l’idée d’avoir accompli l’exploit du jeûne : « moi je jeûne pendant 3, ou 9 ou 21 jours ». Il ne s’agit pas d’un exploit spirituel empreint d’orgueil, mais d’un chemin de retour à prendre pour revenir à Dieu de tout son cœur.
 
D’une manière générale, le jeûne est une privation. Alors que les disciples des pharisiens et ceux de Jean le Baptiste demandaient à Jésus ce qui explique que ses disciples ne jeûnaient pas, Jésus répond : « les invités de la noce peuvent-ils jeûner pendant que l’époux est avec eux ? Non. Mais un temps viendra où l’époux leur sera enlevé, en ce moment-là, ils jeûneront » (Mt 9, 14-15). Ce qui motive le jeûne chrétien, c’est quand l’époux n’est plus avec nous, c’est-à-dire quand nous perdons l’amitié de Dieu. C’est la désobéissance de l’homme à Dieu, le péché, qui nous fait perdre l’amitié de Dieu. Pour retrouver cette amitié, il faut jeûner, le jeûne du péché.
 
Le vrai jeûne qui plaît au Seigneur, c’est le jeûne du péché, la privation du péché. Le vrai jeûne implique la conversion. Jeûner vraiment, c’est tout à la fois éviter le péché et pratiquer les actes de justice et d’amour. Ce jeûne est plus essentiel que le jeûne du repas. Car il est bien inutile de s’affamer et de continuer à végéter dans nos mauvais comportements. Le Seigneur le réprouve complètement : « Vous jeûnez tout en cherchant querelle et dispute et en frappant du poing méchamment ! Doit-il être comme cela, le jeûne que je préfère, le jour où l’homme s’humilie ? (…) Le jeûne que je préfère, n’est-ce pas ceci : dénouer les liens provenant de la méchanceté, détacher les courroies du joug, renvoyer libres ceux qui ployaient ! N’est-ce pas partager ton pain avec l’affamé ? et encore : les pauvres sans abri, tu les hébergeras, si tu vois quelqu’un nu, tu le couvriras… » (Is 58, 4-7).
 
L’esprit du jeûne, c’est d’engager l’homme sur le chemin de la justice et de l’amour. Chaque fois que nous jeûnons en abandonnant nos mauvais comportements pour vivre d’amour, alors nous jeûnons comme il convient au Seigneur. Le jeûne englobe pour ainsi dire toutes les dimensions de l’homme : jeûne de pensées impures, de réflexions malveillantes, de paroles inutiles et blessantes, d’actes de division et de haine, jeûne de portables, de télévisions et d’ordinateurs, jeûne de promenades, etc. Il faut limiter tout ce qui nous emprisonne et nous éloigne tant de Dieu que des hommes. Voilà la finalité du jeûne.
 
Je vous souhaite un bon temps de carême, dans le jeûne, la charité et la prière.
 
Fructueux carême.
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Abbé Jean Oussou-Kicho

Je suis prêtre de l’archidiocèse de Cotonou (Bénin), ordonné en 2008, licencié en théologie morale. Directeur de complexe scolaire, je suis investi dans la pastorale des réseaux sociaux, devenus un nouveau terrain propice pour l’évangélisation et l’éducation des chrétiens

Cet article a 2 commentaires

  1. KPADONOU Aimé

    Merci
    Bien reçu dans mes veines comme du sérum.

  2. Benjamin

    Merci beaucoup mon Père.
    C’est édifiant

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