Le charisme du « parler en langues » trouble beaucoup de chrétiens qui se sentent diminués de ne pouvoir y arriver. Il y a aussi que beaucoup d’opinions imprécises prospèrent sur le thème. Ce qui complique davantage la juste compréhension de ce charisme spirituel. Cet article simple et pratiquement schématique veut nous conduire à l’essentiel : qu’en dit la Bible ? Quelles sont les différences entre les « parler en langues » ? Quels sont les critères pour discerner leur provenance spirituelle ?
Le « parler en langues » dans la Bible
Le don des langues est un des nombreux charismes donnés par le Saint-Esprit pour la construction de l’Église. Saint Paul en parle très clairement dans sa lettre aux Corinthiens : « À Chacun est donnée la manifestation de l’Esprit en vue du bien. À celui-ci est donnée, par l’Esprit, une parole de sagesse ; à un autre, une parole de connaissance, selon le même Esprit ; un autre reçoit, dans le même Esprit, un don de foi ; un autre encore, dans l’unique Esprit, des dons de guérison ; à un autre est donné d’opérer des miracles, à un autre de prophétiser, à un autre de discerner les inspirations ; à l’un, de parler diverses langues mystérieuses ; à un autre de les interpréter » (1Co 12, 7-10). Ce verset nous fournit la liste de quelques charismes provenant du Saint-Esprit. Les charismes sont innombrables, en vérité.
Mais les bases scripturales de ce don, avant d’en arriver au texte de saint Paul cité au paragraphe précédent, se trouvent dans le mandat donné par Jésus ressuscité de proclamer l’Évangile : « Voici les signes qui accompagneront ceux qui deviendront croyants : en mon nom, ils expulseront les démons ; ils parleront en langues nouvelles… » (Mc 16, 17). On peut découvrir aussi la réalité du « parler en langues » dans le livre des Actes des Apôtres : « Ils furent tous remplis de l’Esprit-Saint, et commencèrent à parler d’autres langues, selon que l’Esprit leur donnait de s’énoncer » (Ac 2, 1-12) Saint Paul lui aussi a pu parler en langues, selon le témoignage de 1Co 14, 18 : « Je parle en langues plus que vous tous, et j’en rends grâce à Dieu ».
Si le « parler en langues » est bien attesté dans la Parole de Dieu, il convient de mieux cerner les différents sens que la réalité peut englober.
Le lexique autour du « don des langues »
Le don des langues a été l’objet de nombreuses études, et plusieurs termes sont associés au don des langues : glossolalie, xenoglossie et zenolalie. Quelle distinction fait-on entre ces termes ?
Le mot glossolalie est dérivé d’une phrase grecque « glössais lalein », qui signifie littéralement « parler en langues ». Dans la théologie chrétienne, la glossolalie se réfère aux sons ressemblant à un discours, donnés par le Saint-Esprit, pour un usage privé ou une prière publique.
Le terme xenoglossie vient du mot grec xenos : « étranger », et glössa : « langue » et signifie « parler dans une langue étrangère ». De même, xenolalie vient de « xenos » : « étranger », et « lalia » : « parler », et signifie aussi « parler dans une langue étrangère ». Ces termes sont souvent utilisés comme des synonymes, et indiquent une langue que l’on parle ou écrit sans l’avoir acquise de façon traditionnelle.
Le don des langues selon saints Paul et Luc
Dans le Nouveau Testament, Paul et Luc présentent le don des langues de façon différente. Luc décrit les langues comme étant des signes de la venue du Saint-Esprit sur les disciples le jour de la Pentecôte, alors qu’ils « expriment les merveilles de Dieu » en différentes langues et dialectes (Ac 2, 1-13). Il est souvent avancé que le véritable miracle à la Pentecôte était dans la compréhension, et qu’en fait les « langues » étaient une forme d’expression dans l’extase plutôt qu’un langage identifiable. Mais il semble que ce soit une lecture incorrecte des Actes, qui indique « parler en d’autres langues » ainsi qu’entendre dans « la langue maternelle » de ceux qui étaient présents. Ainsi Luc considère le phénomène de la Pentecôte comme une xenolalie, c’est-à-dire parler dans une véritable langue inconnue des locuteurs.
Luc indique d’autres instances de parler en langues dans les Actes 10, 46, au moment où l’Esprit vient sur la maisonnée de Corneille, un païen, et plus loin dans Ac 19, 6, lorsque les Éphésiens, disciples de Jean-Baptiste, reçoivent l’Esprit. Dans ces deux cas, il n’est pas fait mention de reconnaissance de ces langues par aucun des présents. Mais le contenu des parlers en langue dans ces trois textes dit la puissance des merveilles de Dieu. Bien que les termes « merveilles de Dieu » ne soient utilisés que dans Ac 2, 11, le verbe qui leur est lié « magnifier » se retrouve dans 10, 46 et 19, 7, et il suggère que ce qu’ils exprimaient en langue était la louange de Dieu.
Paul inclut le don des langues sur la liste des dons de l’Esprit dans ses instructions aux Corinthiens sur les dons charismatiques (1 Co 12, 10; 14, 2-5). Paul semble avoir à l’esprit deux formes différentes de ce don : les langues utilisées dans un message public pour une assemblée, et les langues comme forme de prière.
Les langues dans le premier sens sont un don prophétique qui nécessite un interprète pour être comprises (1Co 14, 26-28). L’interprète ne traduit pas le message, mais il est amené à rendre son sens général. Paul voit dans ce don une variété de fonctions, dont la louange de Dieu et une révélation prophétique pour la congrégation.
Dans le second sens, Paul voit les langues comme dirigées vers Dieu et non vers le prochain, car il s’agit d’un don de prière plutôt qu’une prédication (1 Co 14, 2). C’est un don pour une louange charismatique inspirée, et peut-être les gémissements et désirs que la personne ne peut traduire en mots (Rm 8, 26- 27). Car on nous dit dans 1Co 14, 14-17 qu’il s’agit d’un don de prière, de louange et de remerciements. Sa fonction première n’est donc pas d’être une communication intelligible. Une telle prière implique des mots et des sons qui n’appartiennent pas à une langue existante.
Même si la personne qui parle en langues ne connaît pas le contenu, elle est consciente que c’est elle qui parle. Mais il est à noter que la personne est consciente et capable de décider quand commencer et quand s’arrêter, et n’est pas entraînée par le don. La valeur de ce genre de prière de louange réside précisément dans son caractère non rationnel, qui permet à l’Esprit Saint de contourner notre esprit, et c’est « l’Esprit lui-même qui intercède pour nous » (Rm 8, 26-27). Dans le Renouveau charismatique actuel, la deuxième catégorie de parler en langues est la plus commune, bien que nous ayons aussi de nombreux cas de la première.
Discerner l’esprit qui parle en langues
Il faut noter que glossolalie et xénoglossie ne sont pas une garantie que le locuteur est mu par le Saint- Esprit, car Satan tente de copier tous les dons de l’Esprit. Paul met donc en garde les Corinthiens pour qu’ils discernent chaque don spirituel sur la base d’une part de la vérité : « Frères, au sujet des dons spirituels, je ne veux pas vous laisser dans l’ignorance. Vous le savez bien : quand vous étiez païens, vous étiez entraînés sans contrôle vers les idoles muettes. C’est pourquoi je vous le rappelle : Si quelqu’un parle sous l’action de l’Esprit de Dieu, il ne dira jamais : « Jésus est anathème » et personne n’est capable de dire : « Jésus est Seigneur », sinon dans l’Esprit-Saint (1Co 12, 1-3), et de la charité (1Co 13, 1-3). Il leur rappelle en outre que les dons n’ont de valeur que s’ils sont exercés pour la construction du corps du Christ (1Co 14, 39-40). Ces critères doivent servir à discerner la provenance de l’Esprit qui agit à travers le « parler en langues ».
Merci beaucoup pour cet article si édifiant.
Merci beaucoup frère pour l’article. Dieu vous inspire davantage
Merci mon Père pour cet enseignement.
Bonjour cher Père. J’aimerais avoir une explication propre sur le don de parler en langue de Renouveau Charismatique. Tous ceux qui ont reçu l’effusion ont-ils reçu de l’Esprit Saint le don de parler en langue ?
Pour ma petite compréhension, dans le Renouveau Charismatique, on utilise plus le “chant en langue” et le “prier en langue”.
Ailleurs St Paul disait aussi aux corinthiens que si dans une assemblée quelqu’un “parle en langue”, il doit y avoir un autre pour l’expliquer. Sinon que ce dernier se taise. Merci Père pour ce riche enseignement.
Merci beaucoup pour l’éclairage.
Un petit témoignage : une fois, lors de l’adoration eucharistique un certain jeudi saint, une femme avait parlé en une langue inconnue pendant deux minutes environ et dans l’assemblée, simultanément, une personne interpréta en français un peu plus loin de la personne qui parlait en langues.
Le message était, si je peux encore m’en souvenir bien le sens : “Ne crains pas, ta prière m’est parvenue”.
C’était la première fois que j’entendais ça en pleine messe. Tout le monde était un peu sidéré mais aucune personne n’en avait fait un commentaire, ni les prêtres, ni les fidèles.