Critères pour comprendre les versets bibliques

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Une Bible ouverte

Il est arrivé plusieurs fois que certaines personnes demandent le sens réel d’un verset biblique. D’autres perçoivent des contradictions entre les versets d’un livre biblique à l’autre. Les derniers font simplement une interprétation totalement erronée de la Bible, pensant qu’il suffit de procéder à une interprétation rationnelle des versets pour en avoir la juste compréhension. 

Pour faire une bonne interprétation des textes bibliques, quel est le chemin qu’il faut parcourir ? Quelles sont les règles basiques à respecter pour ne pas se tromper dans la vraie compréhension d’un verset biblique ? L’enjeu du sujet n’est pas à démontrer : il permettra, finalement, d’abandonner des méthodes d’interprétation susceptibles d’induire en erreur pour en adopter une autre plus sure et plus crédible. Ici nous traçons un chemin à suivre. Il faut l’emprunter rigoureusement pour bien comprendre le texte.

Première balise : Jésus-Christ, la clé des Écritures

Si l’on considère toute la Bible comme une salle avec une porte verrouillée à clé, il importe de dire tout de suite que la clé pour ouvrir la porte des Écritures est une et unique : Jésus-Christ. En effet, « à travers toutes les paroles de l’Écriture Sainte, Dieu ne dit qu’une seule Parole, son Verbe unique en qui il se dit tout en entier » (Catéchisme de l’Eglise Catholique, 102). Il s’agit de Jésus. On ne peut donc pas ouvrir la porte de la richesse de la Parole de Dieu si l’on ne possède pas la clé qu’est le Christ.

En conséquence, quelqu’un qui n’a pas une foi totale au Christ et qui est incapable de lire le Christ à travers la parole de Dieu ne peut pas comprendre dans sa profondeur les textes de la Bible. On peut même dire que plus on est en communion avec le Christ, mieux on comprend le message que son Père nous délivre. Plus on s’en éloigne, moins on perçoit le sens de cette parole. Une chose est de faire un discours sur la Parole de Dieu (théologie), une autre est de découvrir le cœur de cette Parole par le chemin de la communion intime au Christ.

Dans l’interprétation correcte des versets biblique, il faut se poser une question : En quoi cette parole, ce texte, cette expression m’éclaire sur la Parole que Dieu m’envoie, c’est-à-dire en quoi le texte en présence m’éclaire sur le Christ ? Une fois que l’on possède cette clé, on peut passer à la deuxième balise.

Deuxième balise : L’Esprit Saint, le premier interprète

Avant de partir de ce monde à son Père, Jésus a enseigné ses disciples sur la venue de l’Esprit Saint et sur ses rôles auprès des disciples. De lui, Jésus dit : « Quand il viendra, lui l’Esprit de vérité, il vous conduira à la vérité entière. » (Jn 16, 13). Le soir de la résurrection, Jésus apparaît à ses disciples et souffle sur eux et ouvre leur esprit à l’intelligence des Écritures (cf. Lc 24, 45). Le souffle répandu sur les disciples est le souffle de l’Esprit.

Pourquoi l’Esprit Saint est-il nécessaire et indispensable pour découvrir le sens des Écritures ? La raison est que la Parole de Dieu s’exprime en paroles d’homme, en langage humain. Or il se fait que toute la parole de Dieu est inspirée en sorte qu’il n’y a ni erreur ni mensonge dans la Bible. Cette parole de Dieu est une vérité révélée par Dieu et consignée dans les Écritures sous l’inspiration de l’Esprit Saint. Donc les textes que nous avons là, sont voulus par l’Esprit Saint.

S’il en est ainsi, on ne peut pas comprendre les Écritures si on ne se laisse pas conduire par celui qui les a inspirées. Nul ne peut interpréter l’Écriture avec justesse s’il n’a l’assistance du Saint-Esprit. C’est donc le Saint-Esprit qui est l’interprète de la Bible (CEC, 109-119). C’est lui qui explique ce que veut dire le Père à travers les mots qu’il a permis aux Écrivains sacrés de transcrire.

Troisième balise : Le Magistère de l’Église

L’Église dans son Magistère joue un rôle clé dans l’interprétation des Écritures. Le Magistère est l’ensemble de deux mille ans d’enseignement de l’Église sur la Parole de Dieu. La Bible est née dans l’Église. L’Église porte donc dans sa Tradition tout l’enseignement de Dieu. Le Magistère, mémoire vivante de cette Parole de Dieu, exprime dans ses variantes sa compréhension de la Parole de Dieu, sous l’assistance de l’Esprit Saint.

La foi de l’Église, et non pas la foi individuelle, est donc le lieu propice pour comprendre la Parole de Dieu. Sans la foi de l’Église, il n’y a pas d’interprétation juste de la Bible, car la Bible est le fruit mûr de cette foi. Ainsi perçu, quelqu’un qui ne partage pas préalablement la foi de l’Église en Dieu Trinité et Unité, ne peut faire une interprétation correcte de la Parole de Dieu. Alors, pour commencer à interpréter la Bible, on doit se poser cette autre question : est-on en parfait accord avec la foi de l’Église ou est-on en porte à faux avec cette foi qui est un don de Dieu fait à son Église et qu’il communique à chaque fidèle à son baptême ? Selon que la réponse est négative ou positive, on peut apprécier à priori la justesse ou la fausseté de l’interprétation d’un passage biblique.

L’expression de la foi de l’Église dans sa manière de vivre est donc d’une importance incontournable dans l’explication des textes. Un chemin de discernement est ainsi ouvert : si une explication de la Parole de Dieu va contre une dimension de la foi de l’Église, si elle ne concorde pas avec cette foi, c’est que cette interprétation est sinon fausse, du moins non catholique. Et si elle n’est pas catholique, elle est erronée car la Bible est un trésor de la foi catholique.

Quatrième balise : l’unité des deux Testaments

La Parole de Dieu, comme je le disais dans les paragraphes précédents, est une et unique : c’est Jésus. L’Ancien Testament ne s’oppose pas au Nouveau pas plus que le Nouveau ne s’oppose à l’Ancien. Tous les deux testaments nous parlent du Christ, qui est la Parole de Dieu. Le principe de l’unité permet de découvrir, dans les pages de l’Ancien Testament, les préfigurations de l’œuvre que Dieu apporte à sa plénitude dans le Nouveau Testament.

Dans ce sens, on ne comprend vraiment bien l’Ancien Testament que lorsqu’on le lit à lumière de la passion, de la mort et de la résurrection de Jésus ou plus largement à la lumière de la mission de Jésus. C’est ce que Jésus a fait avec les disciples d’Emmaüs ; c’est ce que fait Pierre dans sa première prédication le jour de la pentecôte. C’est à partir des mystères du Christ que l’Ancien Testament se comprend. Celui qui veut entrer dans le cœur de l’Ancien Testament, doit bien découvrir le sens du « Verbe fait chair ».

Mais le Nouveau Testament se lit aussi à la lumière de l’Ancien Testament. Ainsi, les évènements du Nouveau Testament révèlent mieux leur sens dans les écrits de l’Ancien Testament. On peut bien le dire : « le Nouveau Testament se cache dans l’Ancien Testament et l’Ancien Testament se révèle dans le Nouveau ». Il y a toujours une rupture qui n’est pas opposition et une progression vers l’accomplissement de l’Ancien Testament au Nouveau.

Cinquième balise : la cohésion des vérités de la foi

C’est la balise de l’analogie de la foi. Cette expression peut paraître rébarbative. Elle consiste simplement à garder à l’esprit que, dans la Bible, il n’y a aucune vérité qui soit contradictoire à l’autre. Toutes les vérités de la foi se retrouvent dans une cohésion harmonieuse, en sorte que l’interprétation des textes bibliques doive se faire en accord avec la foi (Rm 12, 6). Lorsque par exemple nous faisons l’étude d’un passage de la Bible, que ce soit un verset, un texte, un chapitre ou un ensemble plus consistant, il est judicieux de voir les harmoniques du sujet traité déjà dans le contexte qui le porte et aussi dans les autres passages de la Bible. L’avantage de la méthode est de nous fournir plus de clarté dans la compréhension de l’élément que nous étudions.

Un exemple peut nous édifier. Si nous étudions le thème de la « joie » dans un passage précis, il faut l’étudier dans ce seul passage, dans un premier temps. Cela consiste à ne pas sortir le mot ou le verset ou le texte de son contexte. Sortir un texte de son contexte porte toujours le risque d’une interprétation erronée ; Le contexte est en effet le premier lieu de sa compréhension. Après cette étude du texte dans son contexte, et seulement après, on peut voir le thème de la « joie » dans les autres parties du livre dans lequel se trouve le texte. Ensuite, on pourra l’élargir à l’exemple des livres du même genre et à toute la Bible. Ce travail s’appelle « l’analogie de la foi ».

Son but est de révéler les autres dimensions de la joie non perçue dans le texte étudier. En même temps qu’elle élargit notre éventail de connaissances, elle permet pareillement de voir l’harmonie qui règne entre les textes. La méthode ici consiste à éclairer les textes moins clairs par ceux plus clairs, les textes de l’Ancien Testament par ceux du Nouveau Testament, et non pas l’inverse.

Il me faudrait avertir tout de suite qu’il n’y a aucune contradiction dans la Bible, en ce qui concerne la profondeur de la vérité que Dieu veut nous transmettre de lui à l’homme. On ne peut donc pas prendre un texte de la Bible pour battre en brèche un autre texte. Si l’explication d’un texte de la Bible nous conduit à ce niveau, c’est certainement que nous faisons fausse route, car Dieu ne peut enseigner deux vérités contradictoires, lui qui est une seule et unique vérité.

Sixième balise : Les sens de l’Écriture

Le catéchisme de l’Église catholique dit :

« Selon une ancienne tradition, on peut distinguer deux sens de l’Écriture : le sens littéral et le sens spirituel, ce dernier subdivisé en sens allégorique, moral et anagogique. La concordance profonde des quatre sens assure toute sa richesse à la lecture vivante de l’Écriture dans l’Église »

Le sens littéral est le sens premier, le sens historique, que l’écrivain a voulu donner à son texte, considération faite du temps et de l’espace d’une part et des circonstances de l’écriture du texte d’autre part. Les exégètes ont pour rôle, par les méthodes appropriées, de découvrir avec précision ce sens-là. Sans ce premier sens, on ne peut discerner le sens spirituel du texte. Ce dernier se subdivise en trois sous-sens : le sens christologique, le sens moral et le sens eschatologique.

Le sens christologique, encore appelé le sens « allégorique », est l’autre sens qu’un texte peut revêtir. L’allégorie est la figure de style qui permet de dire une chose pour en exprimer une autre. Ainsi compris, le sens allégorique ou christologique est celui qui permet de lire le texte en perspective du Christ pour découvrir ce qu’il nous révèle du Christ ou dans le Christ, au-delà de son sens littéral. Il s’agit précisément de faire la lecture du texte (de l’Ancien Testament en particulier) dans la perspective de la foi chrétienne.

Le sens moral est encore appelé le sens tropologique. En effet, le texte peut induire un comportement et un agir ajusté au dessein de Dieu sur l’homme. Les textes de la Bible sont écrits pour nous instruire (1 Co 10, 11). Plus clairement, dans le sens moral, nous recherchons les vices à éviter, les vertus à imiter, les passions à contrôler dans notre effort de sainteté. Ce sens influe donc sur notre vie présente.

Enfin, il y a le sens eschatologique, encore appelé « anagogique ». L’eschatologie est ce qui concerne les fins dernières. Ainsi donc, dans le sens eschatologique, les événements racontés peuvent être perçus dans leur signification éternelle. Par exemple, on découvrira dans l’Église établie sur la terre le signe de la Jérusalem nouvelle et éternelle.

Conclusion

L’interprétation d’un mot, d’un verset ou d’un texte biblique, exige un chemin long et ardu qu’il faut suivre absolument pour ne pas faire dire au texte exactement le contraire de ce qu’il signifie. C’est pour cela qu’il est indispensable de recevoir une formation biblique. Quand les fidèles demandent l’interprétation d’un verset biblique, l’interprète est obligé de faire ce chemin pour parvenir à la juste explication.

Ce qu’il faut souhaiter, c’est que les fidèles se fassent former, non seulement en Saintes Écritures, mais aussi dans les autres disciplines de la théologie. Car, plus on en connaît sur le Magistère de l’Église, mieux on peut comprendre les textes de la Bible avec plus de justesse ; en même temps, mieux on étudie les textes bibliques, mieux on comprend la profondeur de l’enseignement bimillénaire de l’Église sur ces textes.

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Abbé Jean Oussou-Kicho

Je suis prêtre de l’archidiocèse de Cotonou (Bénin), ordonné en 2008, licencié en théologie morale. Directeur de complexe scolaire, je suis investi dans la pastorale des réseaux sociaux, devenus un nouveau terrain propice pour l’évangélisation et l’éducation des chrétiens

Cet article a 8 commentaires

  1. TIOLÉ Sami Dénis

    Merci pour cet enseignement enrichissant.Puisses Dieu vous donner davantage la force et la joie d’instruire son peuple

  2. Rufin LANDABI

    Cet article, pour moi, est considéré comme la clé de la foi et de l’engagement réel.
    Tous peuvent lire. Mais lire sans pouvoir déchiffrer, percevoir le sens réel de la parole de Dieu laisse le chrétien inactif.

  3. NOUNAGNONHOU José

    Ceci est constructif. Merci beaucoup mon père.

  4. Natacha djiguimde

    Très instructif et riche. Merci Père !

  5. Luc AYIVI

    Merci mon Père pour cet enseignement !

  6. Pierre-Claver GNASSOUNOU

    Merci beaucoup pour ce riche enseignement !
    Ça m’aidera beaucoup

    Dieu vous bénisse

  7. Célestine

    Merci mon Père, je dévore vos enseignements tellement instructifs. Que l’Éternel vous accompagne à nous supporter.

  8. Charles TCHIKITI

    Très instructif cet enseignement.
    Comprendre et interpréter les versets bibliques, nécessitent assez d’efforts. Que Dieu nous en donne la grâce.
    Merci beaucoup Père.

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