L’aumône, l’observance la plus importante du carême

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Une main tendue au pauvre

Nous savons que pendant le carême, il faut prier, jeûner et faire l’aumône. Mais savons-nous que l’un peut passer avant l’autre ? Il y a une échelle d’importance variable entre les trois exercices traditionnels du carême. Cet article va changer complètement vos convictions de carême.

Que dit la Parole de Dieu ?

« Ce que vous faites pour devenir des justes, évitez de l’accomplir devant les hommes pour vous faire remarquer. Sinon, il n’y a pas de récompense pour vous auprès de votre Père qui est aux cieux.

Ainsi, quand tu fais l’aumône, ne fais pas sonner la trompette devant toi, comme les hypocrites qui se donnent en spectacle dans les synagogues et dans les rues, pour obtenir la gloire qui vient des hommes. Amen, je vous le déclare : ceux-là ont reçu leur récompense. Mais toi, quand tu fais l’aumône, que ta main gauche ignore ce que fait ta main droite, afin que ton aumône reste dans le secret ; ton Père qui voit dans le secret te le rendra.

Et quand vous priez, ne soyez pas comme les hypocrites : ils aiment à se tenir debout dans les synagogues et aux carrefours pour bien se montrer aux hommes quand ils prient. Amen, je vous le déclare : ceux-là ont reçu leur récompense. Mais toi, quand tu pries, retire-toi dans ta pièce la plus retirée, ferme la porte, et prie ton Père qui est présent dans le secret ; ton Père qui voit dans le secret te le rendra. […]

Et quand vous jeûnez, ne prenez pas un air abattu, comme les hypocrites : ils prennent une mine défaite pour bien montrer aux hommes qu’ils jeûnent. Amen, je vous le déclare : ceux-là ont reçu leur récompense. Mais toi, quand tu jeûnes, parfume-toi la tête et lave-toi le visage ; ainsi, ton jeûne ne sera pas connu des hommes, mais seulement de ton Père qui est présent au plus secret ; ton Père qui voit au plus secret te le rendra. » Mt 6;1-6,16-18

Comment classer les trois exercices ?

L’aumône, la prière et le jeûne sont les observances traditionnelles du carême. Dans la conception populaire, le carême est principalement un temps de privation, d’abnégation, de jeûne et d’abstinence et les deux autres actes – la prière et l’aumône – sont souvent un peu oubliés voire délaissés. Nous entendons généralement les gens parler de leurs privations de carême et moins souvent des deux autres axes d’effort qu’ils ont mis en place.

Pourtant, le Seigneur énumère ces œuvres dans un ordre théologique strict en fonction de leur valeur intrinsèque. Quelle est donc l’œuvre la plus parfaite ? C’est celle qui vient de la primauté de la charité, de la primauté du bien commun sur le bien individuel : c’est-à-dire celle qui ouvre et élargit nos actes à un amour plus universel.

Ainsi, saint Thomas d’Aquin expose que, selon l’ordre donné par le Seigneur, l’aumône est supérieure à la prière privée, et toutes les deux sont supérieures au jeûne. Se priver de nourriture et d’autres plaisirs en Carême est bien mais être attentif à la détresse et aux besoins de notre entourage est mieux.

Encore une fois, le principe de l’évaluation de nos actions est l’amour que nous avons pour Dieu et pour nos frères.

L’aumône – c’est-à-dire les œuvres de miséricorde que nous accomplissons pour les autres – nous pousse à être attentifs aux autres et généreux envers eux pour leur propre bonheur et leur propre perfection.

La prière nous tourne vers Dieu. Elle est pour Dieu seul (louange), pour soi ou pour nos frères. Quand nous intercédons auprès de Dieu pour nos frères, nous réalisons une œuvre de miséricorde et faisons une aumône d’amour.

En revanche, le jeûne et les autres pénitences corporelles sont davantage orientés vers notre propre mortification et pour la libération de nos passions indisciplinées. Bien que nous puissions jeûner à certaines intentions, telles que la conversion des pécheurs ou la paix dans le monde, l’acte de jeûne lui-même est intrinsèquement ordonné à la correction et à la perfection de celui qui jeûne.

Le partage : première station du carême

Il est clair dans toute l’Écriture Sainte que la générosité envers les pauvres est toujours agréable à Dieu. Aussi, l’aumône est même plus puissante que la pénitence corporelle pour annuler la dette de nos péchés. Bien sûr, un croyant doit s’engager dans chacun de ces actes de dévotion (aumône, prière et jeûne) mais il est bon de savoir que si échouons par faiblesse dans la pénitence corporelle, le fait d’avoir accompli des actes de charité envers ceux qui en ont besoin sera toujours la marque d’un carême « réussi ».

Bien sûr, c’est l’amour de Dieu et du prochain qui garantissent l’efficacité de nos actes. Ainsi la prière, la pénitence corporelle (qui est, on pourrait le dire, une manière de prier du corps) et les œuvres de miséricorde sont toutes des œuvres d’amour et, à ce titre, sont méritoires et méritantes. Pourtant, c’est l’aumône, ce sont les œuvres de miséricorde, qui illustrent le plus directement et sans ambiguïté la charité. « Si quelqu’un dit : « J’aime Dieu », alors qu’il a de la haine contre son frère, c’est un menteur. En effet, celui qui n’aime pas son frère, qu’il voit, est incapable d’aimer Dieu, qu’il ne voit pas. » 1 Jn 4, 20

Alors durant ce carême, jeûnons et prions mais surtout mettons notre temps et nos moyens au service de ceux qui réclament notre miséricorde : les pauvres, les inconsolables, les ignorants, les malades, les solitaires, les veuves, les indigents. Et d’une manière spéciale, nous pouvons inclure dans ces œuvres les âmes des fidèles défunts, car ils aspirent à voir Dieu et à célébrer la Pâque céleste ! Soyons convaincus que chaque fois que nous faisons du bien aux plus petits de nos frères, c’est Dieu que nous servons. cf. Mt 25, 40

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Frère Hervé

Je suis un religieux ermite, consacré dans cette forme de vie par mon évêque. Je réside en France et suis passionné par la recherche de la Vérité dans l’Écriture sainte, dans la philosophie et la théologie.

Cette publication a un commentaire

  1. OROUBE Celestin

    Merci beaucoup frère Hervé
    Que Dieu vous bénis

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