Le secret de l’abandon total à Dieu

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Ambon

« Laissant tout, ils le suivirent »

Répondre favorablement à Dieu, c’est s’abandonner à lui, en acceptant de convertir tout ce que nous avons et tout ce que nous sommes à lui. Quel peut être le secret de l’abandon total de soi à Dieu ? Cette méditation veut nous indiquer trois sources.

Ce 5e dimanche ordinaire C nous offre l’occasion de prier et de méditer sur le thème de la vocation. Dans l’évangile de ce jour, les premiers disciples ont tout laissé pour suivre le Christ : « laissant tout, ils le suivirent ». Aujourd’hui comme jadis, ici et ailleurs, des hommes et des femmes, par milliers, continuent d’entendre le Christ les appeler à sa suite : « Suis-moi ». Ils sont nombreux qui répondent favorablement à cet appel. C’est encourageant et formidable. Cependant, on peut se demander la source de cet abandon total à Dieu. Les textes de ce jour, dans leurs différentes spécificités, nous indiquent trois secrets.

Expérience personnelle de Dieu

En premier lieu, il est important de faire l’expérience personnelle de Dieu. Elle consiste à découvrir tout à la fois la grandeur et la proximité de Dieu. Ce dernier manifeste l’homme à lui-même. Il faut être clair sur la vérité que la possibilité d’un abandon total de l’homme à Dieu vient d’une initiative primordiale de Dieu qui se révèle comme le Tout-Autre.

Dans la première lecture, il suffit de lire la théophanie du Seigneur dans le Temple. Dieu révèle un pan de sa sainteté au prophète Isaïe. Dans la deuxième lecture, s’il est aussi question d’apparition, il est davantage opportun d’insister sur la découverte de l’amour incommensurable de Dieu pour l’homme, un amour qui les conduit à la mort sur une croix, un amour naguère méconnu. Dans l’évangile, nous restons dans la thématique de la seigneurie du Christ, manifestée à Pierre et à ses compagnons. Il est le Dieu transcendant, mais aussi le plus-que-proche de l’homme : proche parce qu’il se donne à voir. Les trois textes de ce jour conservent ce « voir » qui est le cœur de l’expérience personnelle de l’homme : « il vit et il crut ».

Cette expérience de Dieu faite par l’homme le situe dans une relation plus ajustée à Dieu : Il est une simple créature peu digne de sa présence à cause de ce qui, en l’homme, est incompatible avec sa sainteté : le péché. Tous les trois personnages (Isaïe, Paul et Pierre) confessent leur péché « Je suis un homme aux lèvres impures », « Je suis un homme pécheur », « J’ai persécuté l’Église de Dieu). Il n’y a pas d’abandon total de soi à Dieu sans ce préalable de reconnaissance de notre indignité à nous tenir devant lui.

 

Découvrir l’amour inconditionnel de Dieu

En deuxième lieu, une découverte de l’amour de Dieu est nécessaire. Cet amour trouve sa fine pointe dans le pardon de Dieu et dans le don de soi sans réserve. Le deuxième secret, après celui de l’expérience personnelle de Dieu, est de se savoir vraiment aimé d’un Dieu qui ne ménage rien pour que nous ayons la vie en plénitude. Selon une telle logique, l’abandon sans condition de Dieu à l’homme précède dans sa réalité celui de l’homme à Dieu.

Les textes de ce dimanche le révèlent avec plus de clarté. La purification des lèvres du prophète Isaïe est le signe du pardon que Dieu accorde à celui qu’il appelle à lui. Les paroles de miséricorde de Jésus à l’endroit de Pierre en sont la marque : « sois sans crainte ». Dans la deuxième lecture, saint Paul, l’avorton à qui Dieu apparaît, se voit complètement par la grâce du Christ.

On peut aussi faire le même exercice à partir de l’amour primordial de Dieu pour l’homme, visible dans les textes de ce jour. Le Christ qui donne sa vie pour nous. La traduction de ce pardon, de cet amour et de cette confiance est l’appel par Dieu du pécheur pardonné à collaborer dans l’amour et la confiance à sa mission.

Le bonheur de servir Dieu

En troisième lieu, il nous faut savoir que servir Dieu est le véritable bonheur de l’homme. Le dernier secret réside justement dans la certitude qu’œuvrer dans la vigne du Seigneur est le meilleur choix vital pour l’homme. De même que la pécheresse repentie et pardonnée fait montre d’un amour à déborder, de même la présence de Dieu et son amour pour l’homme ne peuvent se découvrir sans l’abandon irrésistible et total à lui. Voici comment cette certitude se formule en mots simples : Dieu peut prendre soin de nous en tout sans exception.

Cet abandon prend appui déjà sur le refus résolu d’une vie antérieure de transgression de la loi divine (1ère et 2ème lectures). L’abandon s’appuie aussi sur la confiance et la disponibilité inconditionnelles telles qu’elles transparaissent dans les propos de chaque personne des trois textes de ce dimanche : « Moi, je serai ton messager, envoie-moi » (Isaïe dans la première lecture)  ; « Je me suis donné de la peine plus que tous les autres » (Paul dans la deuxième lecture)  ; « Laissant tout, ils le suivirent » (Pierre et ses compagnons dans l’évangile).

En conclusion, pour tout laisser et suivre le Christ dans un abandon total, il faut une expérience personnelle de Dieu. Cette expérience consiste à découvrir aussi bien sa grandeur que sa proximité et surtout à comprendre combien il nous aime d’un amour qui nous donne la plénitude de la vie. Ce sont les conditions de base pour lâcher prise et se mettre résolument à son service.

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Abbé Jean Oussou-Kicho

Je suis prêtre de l’archidiocèse de Cotonou (Bénin), ordonné en 2008, licencié en théologie morale. Directeur de complexe scolaire, je suis investi dans la pastorale des réseaux sociaux, devenus un nouveau terrain propice pour l’évangélisation et l’éducation des chrétiens