L’Épiphanie et l’existence des mages

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Les rois mages

L’Épiphanie est le deuxième sommet des festivités du temps de Noël. Cet article veut d’abord montrer sa réalité dans la Bible, ensuite indiquer les trois Épiphanies du Seigneur et, enfin, aborder la question de l’existence des « visiteurs de l’Orient ».

L’Épiphanie est une fête qui a pris différentes couleurs selon les cultures et traditions dans le temps et dans l’espace. Elle se célèbre avec plein d’enthousiasme et de rayonnement dans certains pays jusqu’à une mise en scène des « rois mages ». Beaucoup de chrétiens se demandent alors ce qui constitue la particularité de cette fête ? Que célébrons-nous concrètement ? Est-ce la Noël célébrée doublement ? Ces personnages ont-ils réellement existé ? Autant de questions pour connaitre non seulement le vrai sens de cette fête, mais plus particulièrement sa portée biblique et liturgique.

Sens biblique du mot « Épiphanie »

Du grec « epiphaneia » (manifestation), « Épiphanie » désigne les manifestations de Dieu aux hommes (théophanies). Emprunté au latin chrétien « ephinaia », « faire voir, montrer », le mot « épiphanie » – autrefois orthographié « epifaine »  – désigne littéralement ce « qui apparaît ». Il indique par extension, « la manifestation d’une réalité cachée ». Cela suppose que c’est la révélation de ce qui était autrefois caché qui se faire voir aujourd’hui à tout le monde.

Déjà dans l’Ancien Testament, on trouve un certain nombre de manifestations de Dieu. Dieu en effet était autrefois le plus grand Inconnu. Dès la Genèse, par exemple (18, 1-15), « le Seigneur apparaît » à Abraham sous les traits de trois mystérieux visiteurs. Dans le livre de l’Exode, Moïse, connaîtra deux épiphanies de Yahvé : premièrement au buisson ardent (Ex 3) au moment où Dieu voulait l’envoyer en mission, puis sur le mont Sinaï (Ex 32-34), lorsqu’il lui confie les tables de la Loi. Élie, à son tour, entend Dieu lui parler sur le mont Horeb dans « le murmure d’une brise légère » (1R 19) tandis que c’est « du sein de la tempête » qu’il s’adresse à Job (chap. 38). Plusieurs prophètes, eux aussi, ont eu des visions divines, notamment Isaïe qui, dans le temple de Jérusalem, voit « le Seigneur qui siégeait sur un trône très élevé » (6, 1-2).

Depuis l’Ancien Testament donc, Dieu veut se révéler aux hommes, mais c’est en Jésus, son Fils, qu’il se donne à voir : non plus par l’intermédiaire des anges ou de signes, mais en prenant la condition humaine. C’est ce mystère que célèbre originellement la fête de l’Épiphanie, qui a vu le jour en Orient au VIe siècle. Elle veut célébrer Dieu qui, par son Fils, se donne à voir à toute l’humanité, représentée par les Mages venus des bouts du monde.

Que célèbre-t-on à l’Épiphanie ?

Aux premiers siècles, les chrétiens célébraient le 6 janvier, date approximative du solstice d’hiver (la fête du soleil, une fête païenne), l’ensemble des premières « manifestations » de la divinité de Jésus : la Nativité, l’adoration des Mages, le baptême dans le Jourdain et les noces de Cana.

Ces célébrations ont été dissociées avec le temps pour faire ressortir la portée de chacune d’elles. Elle s’est opérée entre le 6 janvier et le 25 décembre, date plus précise du solstice. Ainsi, les catholiques fêtent la nativité le 25 décembre, l’adoration des Mages, le 6 janvier au plus tard, le baptême du Christ, le dimanche suivant, et les noces de Cana le dimanche après celui du baptême. Il y a donc plusieurs épiphanies du Seigneur.

Bien que ces événements soient dissociés, la liturgie occidentale a conservé la mémoire de leur unité dans l’antienne des vêpres de l’Épiphanie.

 

Nous célébrons trois mystères en ce jour. Aujourd’hui l’étoile a conduit les Mages vers la crèche ; aujourd’hui l’eau fut changée en vin aux noces de Cana ; aujourd’hui le Christ a été baptisé par Jean dans le Jourdain pour nous sauver, alléluia.

Si l’Évangile donne très peu de détails sur eux, les apocryphes et la Tradition ont comblé ces silences ( cf. La Croix du Bénin du 6 janvier 2018).

En Orient par contre, les Églises insistent toujours sur le baptême de Jésus et la manifestation du Dieu Trinité, lors de l’Épiphanie. L’adoration de Jésus par des mages « venus de l’Orient » souligne fondamentalement l’universalité du message du Christ et du salut qu’il apporte.

Les « rois mages » ont-ils réellement existé ?

L’évangéliste Matthieu, qui a évoqué ces personnages, ne donne pas d’informations précises sur leur statut pas plus que sur leur nom, leur nombre ni leur origine. Comment donc a pu s’installer dans l’Église la tradition « des trois rois mages » appelés souvent : Gaspard, Melchior et Balthazar ? Les Églises orientales ont retenu douze mages, la tradition latine, quant à elle, n’en a gardé que trois, depuis les Ve et VIe siècles.

Ce chiffre « trois » concorde naturellement avec les trois présents évoqués dans l’Évangile ; l’or pour signifier sa royauté, l’encens pour signifier sa divinité et la myrrhe pour signifier sa sépulture. L’existence des mages est bien authentique sauf que leur nombre et leur statut sont très peu confirmés par la tradition. La présence des mages au pied de la crèche a, au fil des siècles, pris l’ampleur d’une légende. Cette remarque tient à la fois à la richesse iconographique qu’elle suggère et à la portée symbolique de cette présence au pied de l’enfant-Jésus. La venue des mages s’ajoute à celle des bergers. De cette manière, c’est toute l’humanité, venant de tous les horizons avec leur condition particulière, qui se réunit au pied de Jésus.

L’Épiphanie du Seigneur est donc la manifestation publique de Dieu à l’humanité entière. Elle est héritée de la tradition orientale et se célèbre sensiblement le deuxième dimanche après Noël. On la célèbre pour mettre en emphase la volonté de Dieu de rassembler tous les peuples et toutes les nations autour de lui. Les « mages » en sont un exemple palpable pour signifier l’allégeance de toutes les nations à l’Emmanuel. Daigne le Seigneur se manifester à chacun de nos cœurs.

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Fidèle Dossou

Je suis Fidèle. Je me passionne pour la connaissance religieuse. Aussi ai-je fait une formation à l'Institut pontifical Jean-Paul II, consacré à la famille et au mariage.

Cet article a 3 commentaires

  1. Ignace

    Merci beaucoup pour ces informations pertinentes qui nous permettent de savoir et comprendre ce que nous célébrons.

    Cependant les termes mages ont la même racine que magie, magiciens. Est-ce que les mages étaient croyants ou plutôt occultistes ?

    1. Abbé Jean Oussou-Kicho

      Quelles que soient leurs spécialités, mages, magiciens, etc., le plus important ici est le chemin de foi de ces personnages. La leçons est que, partout où l’homme se trouve, Dieu peut lui envoyer les signes de sa présence. Même dans les ténèbres les plus épaisses de l’occultisme, l’étoile de Dieu peut poindre à l’horizon pour indiquer une nouvelle direction, celle qui mène vers Dieu. Il faut avoir l’humilité de la suivre. C’est tout le mérite des Mages de l’évangile.

  2. Fabrice

    Merci cher Fidèle pour cet article.

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