Le témoignage du synode en tant qu’une assemblée solennelle de type décisionnel est bien présente dans le Nouveau Testament. Deux textes complémentaires l’un de l’autre nous le démontre suffisamment. Il s’agit de Ac 6, 1-6 et Ac 15. Il sera très bénéfique d’en faire un étude comparative.
Le synode sur la « Synodalité » est ouvert au début de ce mois par le pape François. Notre premier sondage nous a permis de comprendre que le sens du mot est largement inconnu des chrétiens. « Synode » signifie « marcher ensemble », « franchir un seuil, une étape ensemble ». En définition simple, le synode est une grande assemblée des filles et fils de l’Église à travers leurs représentants pour opérer communautairement un discernement sur les nouveaux problèmes qui se posent à elle et surtout opérer un discernement sur la volonté du Seigneur face à ces préoccupations. Elle permet de faire des propositions au Successeur de saint Pierre qui a la responsabilité de donner l’orientation générale à suivre par toute l’Église.
Le 19 octobre dernier, un sondage a été fait sur la réalité du synode. Nous livrons ici les résultats de l’enquête et nous disons ce qui en est réellement.
Résultats du sondage
Le sondage portait sur le synode dans l’Église. Nous avions à nous prononcer sur trois affirmations.
Première question : le synode est une création de l’Église pour régler ses problèmes.
Deuxième affirmation : On a parlé du synode dans la Bible.
Sur l’ensemble de ceux qui ont répondu à ces questions, 83,5 % ont répondu que le synode est « une création de l’Église pour régler ses problèmes » tandis que 16,5 % ont souscrit pour l’affirmation selon laquelle la réalité du synode se trouvait dans la Bible. Pour ce dernier groupe, il y avait la possibilité de livrer une partie de leur connaissance biblique sur le sujet. Sur l’ensemble des commentaires, trois personnes ont vraiment abordé la question dans la Bible : l’un a évoqué le rassemblement pour le choix de Matthias, en remplacement de Juda ; un autre a parlé du rassemblement de Jérusalem pour examiner la grosse discussion sur l’imposition de la circoncision ; un dernier a donné l’exemple du Christ lui-même qui rassemblait régulièrement ses disciples. À côté de ces trois opinions, les autres se sont livrés à la définition du synode.
Nous voulons remercier tous ceux qui ont participé à ce sondage. Nous observons, à partir de cet échantillon de réponses, que beaucoup de chrétiens ne connaissent pas vraiment l’origine biblique du synode. Nous félicitons les trois personnes qui nous ont fourni des réponses approximatives, la seule juste, ici étant celle du rassemblement pour discerner sur le problème crucial de la circoncision. Pour elles et pour les nombreuses autres, nous entreprenons ici d’éclairer un peu plus sur ce sujet qui fait l’actualité dans l’Église.
Le choix des sept diacres
Texte biblique : Ac 6, 1-6
« En ces jours-là, comme le nombre des disciples augmentait, les frères de langue grecque récriminèrent contre ceux de langue hébraïque, parce que les veuves de leur groupe étaient désavantagées dans le service quotidien. Les Douze convoquèrent alors l’ensemble des disciples et leur dirent : « Il n’est pas bon que nous délaissions la parole de Dieu pour servir aux tables. Cherchez plutôt, frères, sept d’entre vous, des hommes qui soient estimés de tous, remplis d’Esprit Saint et de sagesse, et nous les établirons dans cette charge. En ce qui nous concerne, nous resterons assidus à la prière et au service de la Parole. » Ces propos plurent à tout le monde, et l’on choisit : Étienne, homme rempli de foi et d’Esprit Saint, Philippe, Procore, Nicanor, Timon, Parménas et Nicolas, un converti au judaïsme, originaire d’Antioche. On les présenta aux Apôtres, et après avoir prié, ils leur imposèrent les mains. 07 La parole de Dieu était féconde, le nombre des disciples se multipliait fortement à Jérusalem, et une grande foule de prêtres juifs parvenaient à l’obéissance de la foi. »
Ac 6, 1-6
Commentaire
Nous avons défini que le « synode » est le rassemblement des disciples pour discerner les problèmes qu’ils ont et pour faire des choix inspirer par Dieu pour le bien de l’Église. L’institution du diaconat, tout biblique qu’elle soit, est une solution à un gros problème.
Quel était le problème ?
Les chrétiens d’origine païenne ont commencé par récriminer contre les chrétiens d’origine juive, car il y avait une injustice dans le service quotidien. Voilà une situation qui pouvait diviser la communauté. (Verset 1)
Qu’on fait les Apôtres pour régler le problème ?
Ils ont convoqué l’ensemble des disciples. C’est précisément ici qu’on doit parler du synode. Un synode se convoque par le responsable de l’Église. C’est un appel à se rassembler. (Verset 2)
Quelle est la solution au problème : L’institution des diacres (versets 3 et 4)
Quelle est la réaction des personnes convoquées ?
Ils ont donné leur approbation. La décision leur a plu. Tous l’ont validée. C’est l’interprétation de « ce propos plurent à tous » (Verset 5).
La décision est-elle appliquée ?
Oui. On choisit les sept premiers diacres dans l’Église. Les apôtres leur imposent les mains. Et il commence leur ministère. C’est la mise en application des décisions du synode (versets 5 et 6).
Quelle est l’incidence sur la vie de l’Église ?
la vie de l’Église rayonne. Tout va pour le mieux pour l’Église : « La parole de Dieu était féconde, le nombre des disciples se multipliait fortement à Jérusalem, et une grande foule de prêtres juifs parvenaient à l’obéissance de la foi » (Verset 7).
Voilà en étude appliquée, un texte qui nous parle du synode. Un synode qui se trouve dans la Bible. Il y a un autre texte qu’il est important de lire, car il y a des données nouvelles qui n’ont pas été explicitement livrées dans ce texte. Il s’agit de Ac 15 : le synode de Jérusalem.
Le synode de Jérusalem
Ce texte est certes long. Mais il est très intéressant à lire, au moins dans le cadre de cette étude.
Des gens, venus de Judée à Antioche, enseignaient les frères en disant : « Si vous n’acceptez pas la circoncision selon la coutume qui vient de Moïse, vous ne pouvez pas être sauvés. » Cela provoqua un affrontement ainsi qu’une vive discussion engagée par Paul et Barnabé contre ces gens-là. Alors on décida que Paul et Barnabé, avec quelques autres frères, monteraient à Jérusalem auprès des Apôtres et des Anciens pour discuter de cette question. L’Église d’Antioche facilita leur voyage. Ils traversèrent la Phénicie et la Samarie en racontant la conversion des nations, ce qui remplissait de joie tous les frères. À leur arrivée à Jérusalem, ils furent accueillis par l’Église, les Apôtres et les Anciens, et ils rapportèrent tout ce que Dieu avait fait avec eux.
Alors quelques membres du groupe des pharisiens qui étaient devenus croyants intervinrent pour dire qu’il fallait circoncire les païens et leur ordonner d’observer la loi de Moïse. Les Apôtres et les Anciens se réunirent pour examiner cette affaire. Comme cela provoquait une intense discussion, Pierre se leva et leur dit : « Frères, vous savez bien comment Dieu, dans les premiers temps, a manifesté son choix parmi vous : c’est par ma bouche que les païens ont entendu la parole de l’Évangile et sont venus à la foi. Dieu, qui connaît les cœurs, leur a rendu témoignage en leur donnant l’Esprit Saint tout comme à nous ; sans faire aucune distinction entre eux et nous, il a purifié leurs cœurs par la foi.
Maintenant, pourquoi donc mettez-vous Dieu à l’épreuve en plaçant sur la nuque des disciples un joug que nos pères et nous-mêmes n’avons pas eu la force de porter ? Oui, nous le croyons, c’est par la grâce du Seigneur Jésus que nous sommes sauvés, de la même manière qu’eux. » Toute la multitude garda le silence, puis on écouta Barnabé et Paul exposer tous les signes et les prodiges que Dieu avait accomplis grâce à eux parmi les nations.
Quand ils eurent terminé, Jacques prit la parole et dit : « Frères, écoutez-moi. Simon-Pierre vous a exposé comment, dès le début, Dieu est intervenu pour prendre parmi les nations un peuple qui soit à son nom. Les paroles des prophètes s’accordent avec cela, puisqu’il est écrit : Après cela, je reviendrai pour reconstruire la demeure de David, qui s’est écroulée ; j’en reconstruirai les parties effondrées, je la redresserai ; alors le reste des hommes cherchera le Seigneur, oui, toutes les nations sur lesquelles mon nom a été invoqué, – déclare le Seigneur, qui fait ces choses connues depuis toujours. Dès lors, moi, j’estime qu’il ne faut pas tracasser ceux qui, venant des nations, se tournent vers Dieu, mais écrivons-leur de s’abstenir des souillures des idoles, des unions illégitimes, de la viande non saignée et du sang. Car, depuis les temps les plus anciens, Moïse a, dans chaque ville, des gens qui proclament sa Loi, puisque, dans les synagogues, on en fait la lecture chaque sabbat. »
Alors les Apôtres et les Anciens décidèrent avec toute l’Église de choisir parmi eux des hommes qu’ils enverraient à Antioche avec Paul et Barnabé. C’étaient des hommes qui avaient de l’autorité parmi les frères : Jude, appelé aussi Barsabbas, et Silas. Voici ce qu’ils écrivirent de leur main : « Les Apôtres et les Anciens, vos frères, aux frères issus des nations, qui résident à Antioche, en Syrie et en Cilicie, salut ! Attendu que certains des nôtres, comme nous l’avons appris, sont allés, sans aucun mandat de notre part, tenir des propos qui ont jeté chez vous le trouble et le désarroi, nous avons pris la décision, à l’unanimité, de choisir des hommes que nous envoyons chez vous, avec nos frères bien-aimés Barnabé et Paul, eux qui ont fait don de leur vie pour le nom de notre Seigneur Jésus Christ. Nous vous envoyons donc Jude et Silas, qui vous confirmeront de vive voix ce qui suit : L’Esprit Saint et nous-mêmes avons décidé de ne pas faire peser sur vous d’autres obligations que celles-ci, qui s’imposent : vous abstenir des viandes offertes en sacrifice aux idoles, du sang, des viandes non saignées et des unions illégitimes. Vous agirez bien, si vous vous gardez de tout cela. Bon courage ! » On laissa donc partir les délégués, et ceux-ci descendirent alors à Antioche. Ayant réuni la multitude des disciples, ils remirent la lettre. À sa lecture, tous se réjouirent du réconfort qu’elle apportait.Ac 15
Commentaire
Je ne reviendrai pas sur tout le contenu de ce texte. À sa lecture, vous remarquerez certainement les points soulignés dans le premier texte.
Le problème : affrontement et discussion entre les chrétiens (verset 2). Cause du problème : circoncision (verset 1). Synode : les Apôtres et les Anciens se réunirent pour examiner cette affaire. La décision (verset 28 et29). Approbation de la communauté : « Tous se réjouirent » (verset 31).
Ce que je voudrais relever dans ce texte, c’est d’abord le déplacement des délégations de responsables de communautés ecclésiales vers Jérusalem. Jérusalem était le siège de l’Église primitive. Les Apôtres y étaient encore. Il convenait que pour un problème aussi important, on écoute leur avis. Il y a donc la nécessité de se déplacer pour aller à la source. Lire le verset 2 dans cet esprit.
Il faut ensuite noter l’importance du débat. On n’a mentionné que Pierre, Jacques, Paul et Barnabé ont pris la parole. Mais le texte nous apprend qu’il eut une violente discussion avant que Pierre n’intervienne. La leçon : le synode n’est pas une assemblée où les responsables de l’Église imposent leur position à tout le reste. C’est une assemblée où l’on échange. Chacun partage son analyse et ses réflexions. Lire à ce sujet tous les versets 7 à 21 pour mieux comprendre.
L’envoi d’un message sous forme de lettre. On peut parler de l’« acte du synodal ». Il y a toujours un message post-synodale. C’est le message du synode, envoyé par le chef de l’Église. Ici, c’est le pape.
Les différents décideurs : l’Esprit Saint et les autorités. Lisons ce passage pour son importance :
« L’Esprit Saint et nous-mêmes avons décidé de ne pas faire peser sur vous d’autres obligations que celles-ci, qui s’imposent : vous abstenir des viandes offertes en sacrifice aux idoles, du sang, des viandes non saignées et des unions illégitimes. Vous agirez bien, si vous vous gardez de tout cela. Bon courage ! »
Ac 15, 28-29
Les conclusions d’un synode ne sont jamais les décisions des hommes. C’est en tout premier lieu une décision de l’Esprit Saint qui anime et inspire l’Église. Les hommes sont ses instruments, par qui il passe pour communiquer la volonté divine. Ce passage évacue les arguments qui consistent à dire que les décisions prises au niveau de l’Église ne sont que des doctrines qui n’ont rien à voir avec Dieu.
La diffusion du message : le message est rendu public et les responsables des communautés ont le devoir moral et pastoral de le faire connaître et de s’y conformer. Il n’y a pas de dérogation aux conclusions d’un synode.
Ce petit parcours nous a permis de découvrir que l’organisation d’un synode ou d’un concile (les deux mots sont synonymes) est bien enracinée dans l’Église. On peut bien donner d’autres exemples et oser faire des lectures comparatives comme pour les deux que nous venons de faire. Il n’y a rien que l’Église fasse qui ne trouve pas son ancrage dans la Bible ou que la Parole de Dieu ne vient pas éclairer. Nous vivons un grand moment avec le synode sur la synodalité et nous continuons de prier pour les pères synodaux.
Bonne publication
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Pourtant c’est ce que nous voulons tous, que le maximum soit touché