Est-ce qu’au temps de nos vieux pères, il y avait l’Église ? Qu’adoraient-ils ?
Bonjour Germain. La question que tu poses n’est pas du passé. Elle est plus que jamais actuelle. En effet, tu as l’impression que tout le monde connaît Jésus. Laisse-moi te dire que ce n’est pas vrai. Il y a encore des hommes qui n’ont jamais entendu parler de Jésus. Il ne faut pas aller loin pour les trouver. Ce que je dis de Jésus, je l’affirme autant de l’Église. La présence de l’Église dans le monde te donne à penser que tout le monde connaît l’Église ; là aussi, c’est une illusion. À preuve, l’Évangile est venu au Bénin il y a environ 160 ans. Mon village, au sud du Bénin, a reçu les premiers missionnaires il y a environ 50 ans. Mon père est le premier chrétien de son village. C’est dire que ta remarque n’est pas dépassée. Nous avons tous eu des arrière-grands-parents qui, pour la plupart, ne connaissaient pas le Christ et l’Église. Qu’adoraient-ils alors ?
Je ne dirai pas tout de go qu’ils adoraient les fétiches et les idoles, même si c’est en vérité cela. Ce sera aller trop en besogne. Je préfère dire qu’ils étaient à la recherche du vrai Dieu, le père de Jésus. Ce qu’ils adoraient, c’est ce qu’ils ont connu et qu’on leur a présenté comme rempli de puissance et devant être adoré. Pour nous aujourd’hui, grâce à la lumière de la foi, nous savons que ce sont les idoles et les mauvais esprits. Eux ne le savaient pas. Ils avaient leur culte et leur rituel, leurs fêtes périodiques, leurs couvents, leurs prêtres, etc. Ils obéissent avec scrupule aux prescriptions de ces divinités. Leur univers était régi par les dieux. Je me plais à regarder parfois la partie traditionnelle de Nollywood, la chaîne de télévision nigériane, et je constate que tout est régi par les dieux et les ancêtres divinisés : il ne se passe pas cinq minutes sans qu’on ne parle des dieux et de la manne des ancêtres.
Il faut reconnaître que quelques-uns se servent de ces divinités pour faire du mal à leurs frères, leur jeter un sortilège, les envoûter, etc. Il faut confesser pareillement que nos ancêtres, et ils sont parmi les plus nombreux, n’adoraient pas des fétiches pour détruire leur communauté, mais plutôt pour implorer leur protection et leur bénédiction pour une vie paisible et prospère. Dans la vérité, leur cosmogonie est bien organisée. Ils savent qu’il y a un Dieu au-dessus de tout et créateur de tout. Celui-ci est si transcendant qu’il faut passer par ces intermédiaires, les divinités, pour recourir à lui. Ces intermédiaires sont ses serviteurs. Voilà ce qu’ils savent du monde des dieux et leur rapport à eux.
Sont-ils tous en enfer ? Non. Cela ne signifie pas qu’ils sont tous en enfer. C’est Dieu qui juge. Ce que je sais, c’est que, même dans leur condition d’adorateurs des idoles, il y en a qui se retrouveront au paradis. Le Seigneur ne dit-il pas que celui qui ignore sa volonté et se comporte mal recevra un petit nombre de coup en comparaison à celui qui connaît sa volonté et qui pourtant ne lui obéit pas ? Dieu ne juge pas comme les hommes. Lui voit le fond du cœur.
Celui qui, même en adorant les fétiches, ne connaît pas du tout le Christ, s’ils adorent les fétiches avec une conscience droite et respectent les lois de la nature, le Seigneur le jugera en raison de cette loi naturelle inscrite dans le cœur de tout homme. Cette loi consiste à faire le bien et à éviter le mal. C’est aussi de ceux-là que parle le Christ quand il dit : « J’ai encore d’autres brebis hors du bercail » (Jn 10, 16). Autrement dit, ils sont de mon Église, sans le savoir, comme d’autres sont dans le bercail, mais hors de l’Église. Adorer les idoles, dans l’ignorance du Christ, ne signifie pas que l’on est malfaiteur.
Le Christ vient nous illuminer et nous montrer le vrai chemin. Sans le Christ, l’homme est comme une brebis errante. Dieu continue d’aller à leur recherche grâce au ministère de l’Église qui annoncer la bonne nouvelle du salut accompli en Jésus-Christ. Ne cessons pas de l’annoncer et d’en vivre ici et partout, aujourd’hui et en tout temps. Prions pour nos ancêtres défunts, eux qui sont morts sans avoir jamais entendu le nom de Jésus. Que sa face leur soit miséricorde.
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