À Noël, les crèches sont installées partout dans nos chapelles. On ne sait pas toujours leur histoire et leur sens. Le plus difficile est l’attitude que le chrétien doit avoir devant les crèches. Le présent article s’intéresse à ces questions.
Noël est à notre porte. C’est le moment pour les chrétiens de célébrer solennellement la naissance du Fils de Dieu dans l’histoire des hommes. À l’occasion de cette fête, les crèches sont disposées dans les églises. De plus en plus dans les maisons, se développe l’habitude de placer de petites crèches dans un endroit bien visible. Pour le bénéfice de nos lecteurs, nous voulons répondre aux questions suivantes : Qu’est-ce qu’une crèche ? Quelle est son histoire ? Comment dois-je me comporter devant une crèche ? Autant de petites questions dont les réponses nous seront utiles pour une meilleure pratique de notre vie spirituelle pendant le temps de Noël.
Qu’est-ce qu’une crèche ?
Empruntée à l’ancien bas francique « krippia » ou « krippja » ou à l’anglais « crib », la crèche est le dispositif sanitaire ou le lieu pouvant recevoir et héberger un bébé. Néanmoins, quand on parle de crèche, on pense automatiquement à l’endroit où est né le Christ. La crèche de Noël est l’une des plus anciennes traditions chrétiennes. Elle est perçue sous deux formes : Le théâtre (scène) et l’architecture.
Le théâtre retrace dans la mesure du possible, les faits survenus dans la nuit de la nativité. On y retrouve certains personnages illustratifs de l’évènement. En premier, l’enfant Jésus, l’Emanuel qui est le personnage central du théâtre. En deuxième, Marie et Joseph, les deux, avec l’enfant Jésus, formant la Sainte Famille. Comment pourrait-on avoir le Christ sans Marie et Joseph ? Leur présence est signe de plénitude pour la famille. La mangeoire, les animaux, l’architecture de la crèche indiquent l’atmosphère, l’état délabré des lieux ayant reçu le Sauveur.
La crèche, des origines à nos jours
L’évangéliste saint Luc (Lc 2, 8-20) nous informe que Jésus est né dans une étable. Cette étable se trouvait dans une grotte et abritait une crèche (selon l’évangile du Pseudo-Mathieu). Cette présentation des derniers instants avant et après la naissance du Christ est un rappel du dépouillement dans lequel le Sauveur est né. Les mots couramment utilisés (grotte, étable, crèche ou mangeoire) justifient la conception des crèches de nos jours. On comprend aisément que l’on place une crèche dans une ambiance de grotte.
Aux origines, en s’inspirant de ces récits, la crèche avait simplement un caractère symbolique dans sa conception. Elle était une mise en scène associée à la religion chrétienne. Les plus anciennes représentations de la nativité du Christ sont issues de l’art paléochrétien. Elles étaient des fresques et des bas-reliefs aux premiers siècles (IIIe, IVe et Ve siècles). Elles rappelaient les circonstances de la naissance du Sauveur mais aussi la fin d’une civilisation pour une nouvelle, la civilisation de la chrétienté. C’était un moyen d’immortaliser le parcours de Jésus-Christ. C’est pour dire qu’au départ, dans une crèche, on y trouvait que l’essentiel : le Christ, ses parents, la mangeoire et quelques sculptures.
Cette présentation originelle s’est améliorée dans le temps et s’est enrichie. De nouveaux personnages y ont fait leur entrée. Il s’agit des bergers, des anges et des rois mages auxquels s’ajoutent quelques animaux de l’époque (ânes, bœufs, chameaux…).
Vers le 13e siècle, apparurent les crèches vivantes. Le premier à en avoir l’idée fut saint François d’Assise. En ce moment-là, la crèche avait un véritable force d’élévation spirituelle : soulever la foi de la masse populaire. L’expression de cette foi était si perceptible que le pape François disait dans sa lettre apostolique « Admirabile signum » que : « De cette crèche de Noël 1223, “chacun s’en retourna chez lui plein d’une joie ineffable” ». Il ajouta que « la crèche fait partie du processus doux et exigeant de la transmission de la foi ». Le maintien de l’usage de la crèche dans le temps révèle son utilité dans l’affermissement de la foi chrétienne. Ce qui justifie qu’on s’intéresse aux attitudes à adopter en face d’une crèche.
Quelles attitudes avoir en face d’une crèche ?
Le pape François disait : « Dès l’enfance et ensuite à chaque âge de la vie, elle (la crèche) nous apprend à contempler Jésus, à ressentir l’amour de Dieu pour nous, à vivre et à croire que Dieu est avec nous et que nous sommes avec lui ». Comme l’a dit le Saint Père, l’importance que revêt la crèche dépend de chaque âge. En effet, pour un enfant, c’est la vie qu’elle dégage, le petit bébé qui lui donne du plaisir et les parents qu’il contemple avec bonheur dans l’éclat des guirlandes. Il découvre le petit Jésus dont a parlé l’évangile. Pour un plus grand, le sens est tout autre. Et c’est ici que la question de l’attitude se pose le plus souvent.
L’historique de la crèche fait apparait le mémorial de l’initiative, mémorial derrière lequel se cachent beaucoup de vertus : l’humilité liée aux conditions de la naissance, la famille nucléaire appelé sainte Famille, un modèle pour nos familles aujourd’hui, l’amour de Dieu pour les hommes, la relation directe de Dieu avec tous et chacun. En quelques mots, le pape a énoncé les bienfaits et les vertus que transmet la crèche de Noël. En réalité, il n’y a pas une attitude obligatoire autre que ce qui relève des normes humaines en face d’une crèche de Noël que nous nous évertuerons à vous citer.
D’abord, la crèche est un rappel de la nativité du Christ. Ce jour est un grand jour pour l’humanité. Le Seigneur a fait une merveille qui continue de produire des bienfaits jusqu’à ce jour. Ce souvenir nous remet dans le bain de l’amour de Dieu pour les hommes et de sa présence effective avec chacun. Ensuite, le silence est recommandé devant la crèche. C’est le moment le plus juste pour dire merci au Créateur pour cette offrande et pour cette leçon de vie.
D’un autre côté se trouve la contemplation des évènements qui se seraient déroulés cette nuit-là. Cette contemplation s’inspire de la foi. En effet, les conditions de la naissance du Seigneur, la priorité donnée aux bergers, personnes peu considérées à l’époque, montrent la pauvreté intérieure de la condition humaine. De plus, cette incarnation rappelle que Dieu est venu pour tous les hommes. Enfin, se dégage le respect de la mémoire de la naissance du Christ. Le contenu de ce respect exige méditation profonde. Cette dernière fait monter à l’esprit les multiples questions de remise en cause de soi. Les réponses les plus sincères s’opèrent et demandent certainement une prise de décisions.
La liste des attitudes n’empêche nullement d’en citer celles qui ne conviennent guère. La génuflexion que l’on fait ne sera pas une adoration mais un signe de respect à la scène. L’adoration n’est donc pas recommandée devant une crèche. Ce profond respect est désigné par le terme « vénération ». S’il est vrai donc que nous pouvons vénérer la crèche, il convient d’être formel sur le principe que nous ne devons pas l’approcher avec l’esprit d’adorer les éléments qui y sont.
La crèche nous rend visible la description des conditions de naissance du Christ. Chaque élément contenu dans ce décor a une leçon fondamentale à nous donner. Ces leçons ont pour point de pertinence le Christ sans la présence duquel la crèche n’a aucun sens pour le chrétien. En allant à la crèche, laissons-nous émerveiller et interpeller par la présence discrète, humble et dépouillée de celui par qui tout est créé.