Quelle est la vraie image de Jésus ?

J’ai une préoccupation qui met ma foi chrétienne en doute. Quelle approbation l’Église donne de l’image du Christ que nous avons dans nos maisons et dans nos églises ? Est-ce vrai qu’il s’agit d’un acteur qui a joué dans un film ? Et pourquoi dit-il qu’il n’est pas le Christ ?

Mon frère, cette boutade ne date pas d’aujourd’hui. 

Robert Powell [Robert Powell est l’acteur qui joué le rôle de Jésus dans le feuilleton « Jésus de Nazareth », demandé par le pape Paul VI en 1977] a joué rôle de Jésus dans le feuilleton « Jésus de Nazareth ». Comme il le dit, il n’a été qu’un acteur. Il ne faut pas assimiler l’acteur à la personne qu’il représente. Il n’est qu’une image donnant une idée du Christ. Il n’est pas le Christ. Il est intervenu plus d’une fois pour reprocher aux catholiques de s’agenouiller devant sa photo et de l’adorer en le prenant pour Jésus. C’est vrai que pour certains chrétiens, cela est très dérangeant que d’avoir une image que nous tenons pour celle de Jésus et de voir en même le vrai personnage s’en offusquer.

Il n’y a pourtant pas de quoi paniquer. À propos de cette remarque de Powell, une fidèle catholique, dont la lucidité de la réaction m’avait plutôt rassurée, disait dans un rire presque moqueur : « Powell pense vraiment que c’est lui que nous adorons ! Il se trompe largement. Personne ne s’agenouille devant cette image pour prière en pensant à lui. Moins encore quand nous regardons le Film Jésus de Nazareth, dans lequel il a joué le rôle de Jésus ». Après un rire aussi narquois que les précédents, elle finit en disant : « Nous ne regardons même pas le nom de l’acteur. Pour nous, c’est Jésus qui a enseigné, a délivré les malades, a souffert est mort et est ressuscité ». Cette réponse dit tout de la mentalité des chrétiens quand ils se trouvent devant les images religieuses, mais en même temps pointe du doigt Robert Powell comme s’il était un problème pour lui-même. Le problème est à son niveau, non au niveau des chrétiens. Qu’il me soit permis de remarquer que ce sont chrétiens évangéliques (j’exclus les protestants qui n’abordent presque jamais ces sujets) qui instrumentalisent l’acteur, dans leur méconnaissance du rôle et du sens des images religieuses chez les catholiques.

Nul ne se trompe, s’agenouillant devant une image sacrée, d’adorer la photo ou l’icône. Tous les chrétiens sont formés à ceci que les images religieuses soient des supports pour permettre à notre esprit de rester présent et de savoir qu’il est en présence de Dieu, non d’une image. Je voudrais ajouter, avant d’aborder la question du vrai visage de Jésus, que la polémique est aussi ennuyeuse qu’inutile. La raison est simple. Jésus est Juif, et pourtant, nous avons des images de Jésus africain, américains, juif, européen, asiatique, etc. On peut le reconnaître autant de la Très Sainte Vierge Marie comme de saint Joseph. C’est dire que l’image et sa source ne sont pas les données les plus importantes pour la foi catholique et chrétienne. Ce qu’il faut juste retenir, c’est que cette image nous rappelle Jésus, qui a souffert, est mort et est ressuscité. Et son rôle s’arrête là.

Ce présupposé de relation avec l’image nous éclaire sur la position de l’Église non seulement sur cette image, mais aussi sur toutes celles qui foisonnent dans le monde : les images ne tiennent pas la place de ceux qu’elles représentent, elles permettent à notre esprit volatile de se mettre en présence de la figure réelle qu’elles évoquent. Ce sont des supports.

À côté de cela, il y a un visage authentique du Christ : celui laissé dans le Saint Suaire. Le Saint Suaire est le vêtement blanc qui a servi à couvrir la tête du Christ lors de son ensevelissement. Jésus y a laissé, comme en cliché, son visage. Ce Suaire a été objet de centaines de dizaines d’analyses scientifiques pour confirmer ou infirmer la thèse que c’est le visage du Christ. La majorité des scientifiques, la quasi-totalité a reconnu que l’image laissée dans le voile était le vrai visage du Christ. Si j’y parviens, je pourrai publier la photo dans le groupe.

Avec l’évolution scientifique, on a pu reconstituer, à partir de ce premier cliché, ce que pourrait être le vrai visage de Jésus. Si l’image de Jésus africain, européen, asiatique vous dérange, vous pouvez rechercher cette image et l’avoir chez vous. Mais une fois encore, cela ne devrait nullement poser problème à un chrétien qui connaît sa foi et en quel Dieu il croit.

Le visage du Christ n’est pas d’abord une affaire de photo. Son visage, le vrai, que nous devons porter dans nos cœurs, c’est le pauvre, le miséreux, l’affamé, le prisonnier, les sans-voix et sans droits, les paumées, ceux-là sont le Christ au milieu de nous. Et quand on sait que tout homme possède une pauvreté et une misère en lui-même, qu’il soit riche ou pauvre, il devient le visage incarné du Christ qui a dit : « Chaque fois que vous ferez à l’un de ceux-ci qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait » (Mt 25, 40).