Il est très heureux, puisqu’aussi bien la vie éternelle est la fin et le terme de tous nos désirs, que le Symbole des vérités que nous devons croire se termine par ces mots : Je crois à la vie éternelle. Amen. Dans la vie éternelle, la réalité première est l’union de l’homme avec Dieu. Car c’est Dieu lui-même qui est la récompense et le terme de tous nos labeurs : Moi, le Seigneur, je suis moi-même ton défenseur, et ta récompense infiniment grande. Cette union de l’homme avec Dieu consiste dans la vision parfaite : Nous voyons actuellement une image imprécise dans un miroir; mais alors nous verrons face à face. Elle consiste également dans la louange la plus haute, selon la parole du prophète: On trouvera dans Sion l’allégresse et la joie, l’action de grâces et les chants de louange.
La vie éternelle consiste également dans le parfait rassasiement du désir. Chacun des bienheureux, en effet, possédera au ciel bien au-delà de ce qu’il aura désiré ou espéré ici-bas. La raison en est que nul ne peut, en cette vie, satisfaire pleinement son désir ; jamais rien de créé ne comble le désir de l’homme. Dieu seul, en effet, le comble totalement et le dépasse infiniment. C’est pourquoi l’homme ne trouve de repos qu’en Dieu. Et puisque les saints dans la patrie entreront dans une possession parfaite de Dieu, il est évident que leur désir sera comblé totalement et dépassé bien au-delà par la gloire. C’est pourquoi il est dit : Je serai rassasié par la vision de ta gloire.
Absolument tout ce qui est délectable se trouve surabondamment dans la vie éternelle. Recherche-t-on, en effet, les jouissances ? Là, on goûtera la plus haute et la plus parfaite jouissance, parce qu’elle aura pour objet le bien suprême, c’est-à-dire Dieu : À ta droite, éternité de délices! La vie éternelle consiste encore dans la communion pleine de charmes avec tous les bienheureux. Les délices de cette communion seront extrêmes. Chacun, en effet, possédera tous les biens en commun avec les autres bienheureux ; car il aimera l’autre comme lui-même, et c’est pourquoi il se réjouira du bien de l’autre comme du sien propre. Aussi l’allégresse et la joie d’un seul s’augmentera-t-elle de de la joie de tous: Demeurer en toi, c’est communier à la joie de tous.
Conférence de saint Thomas d’Aquin sur le Credo Coll. super Credo : Op. theol. 2, Taurini 1954, 216-218