« Quiconque s’élève sera abaissé ; quiconque s’abaisse sera élevé »
Frères et sœurs, nous sommes toujours dans le même contexte du repas. Jésus accepte l’invitation d’un chef des pharisiens. Hier, il a attiré notre attention sur la nécessité de rendre la loi plus humaine. Aujourd’hui, il nous conduit sur un autre terrain : celui de la conduite à tenir quand nous sommes invités. Derrière cette leçon toute de sagesse, se trouve la dynamique du rapport que nous devons entretenir les uns avec les autres.
Observer pour instruire
Nous sommes dans un milieu purement juif. Jésus entre dans la maison d’un chef des pharisiens où Il avait été invité pour y prendre son repas. Beaucoup d’autres avaient été invités avec lui à ce même repas. Nous sommes visiblement dans un milieu de grande observation. Tandis que les pharisiens observent Jésus, lui aussi observe les pharisiens dans leur comportement.
Voyant comment ces convives se ruaient sur les premières places, Jésus, indigné, n’a pas manqué de fustiger leur orgueil, leur mégalomanie et leur inclination pour les places d’honneur dans les assemblées. Cette tendance à se montrer, à se mettre à la première place est très pharisienne : « Ils aiment à se tenir dans les places publiques » pour bien montrer aux hommes qu’ils prient. Un autre se trouve à la première place au Temple et prie fièrement, tandis qu’il a du mépris pour le publicain repentant. Jésus attire donc leur attention sur cette attitude en leur indiquant ce que, par sagesse, ils devraient faire.
Choisir la dernière place
Jésus raconte à l’assistance une parabole dont nous n’avons pas le contenu, mais la leçon qui s’en suit nous éclaire à suffisance sur l’esprit de cette parabole : « quand quelqu’un t’invite à des noces, ne va pas t’installer à la première place, de peur qu’il ait invité un autre plus considéré que toi. Alors celui qui vous a invités, toi et lui, viendra te dire : “cède-lui ta place” ; et, à ce moment, tu iras plein de honte prendre la dernière place ». Par cette leçon de sagesse, Jésus voudrait nous convie tous à la vertu de l’humilité.
Celle-ci est une extrême modestie qui porte l’homme à s’abaisser volontiers, à donner le sentiment de faiblesse qui réprime en nous les mouvements de l’orgueil. Caricature pour caricature, l’humilité est cette vertu qui nous conduit à ne pas nous élever de la terre, mais à rester aussi proche que possible de la terre (humus) qui est la racine de l’humilité. Celui qui veut être humble ne doit jamais oublier qu’il n’est que poussière au milieu des hommes.
Paradoxalement, plus nous avons conscience de notre condition de pauvres mortels plus le Seigneur nous relève. La suite de la parabole le montre clairement : « quand tu es invité, vas te mettre à la dernière place. Alors, quand viendra celui qui t’a invité, il te dira : “mon ami avance plus haut”, et ce sera pour toi un honneur aux yeux de tous ceux qui seront attablés avec toi ».
On ne peut pas ne pas voir la condition même du Fils de Dieu au milieu de nous : tout Dieu qu’il est, il s’est fait en tout semblable aux hommes, prenant la condition de serviteur.
S'abaisser et être élevé
Cette phrase de Jésus renvoie au cantique de Marie qui exalte la bonté, la bienveillance et la bienfaisance divine, qui disperse les superbes, renverse les puissant de leur trône, renvoie les riches les mains vides et élève les humbles, comble de bien les affamés et relève Israël son serviteur. Celui qui reconnait sa propre faiblesse est accueillant et reconnaissant de ce que le seigneur lui offre gracieusement le don du salut.
Dans le Christ, ce texte évoque le mystère pascal de la mort et de la résurrection de Jésus. Il s’est abaissé, Dieu l’a élevé. Il est mort et enfoui au plus profond de la terre, Dieu l’a ressuscité et élevé au plus haut des cieux. C’est toute la mystique de l’humilité qui dans la vérité, au plan social que spirituel, dans nos rapports les uns aux autres, le plus humble est le plus grand aux yeux de Dieu.
Chrétiens, mes frères et sœurs, à travers ce passage de l’évangile de saint Luc, le seigneur nous appelle à nous faire petit. Comme le dit le dicton, « l’humilité est la vertu des grands ». Cultivons-la afin de pouvoir dire avec Saint Paul, « lorsque je suis faible, c’est alors que je suis fort ».
Demandons au Seigneur de nous accorder la grâce de l’humilité pour qu’en rabaissant notre ego, nous ayons la grâce de prendre part un jour à la gloire du Seigneur.
Merci mon père pour votre commentaire de l’évangile du jour. Puisse le Christ dans son amour nous accorder la grâce de l’humilité car nous en avons vraiment besoin.