Examinons ce qui est prêché à l’avènement du Christ. Entre autres, pour commencer, il est écrit au sujet de Jean : Voix de celui qui crie dans le désert: Préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers. La suite concerne uniquement le Seigneur notre Sauveur. Car ce n’est pas Jean qui a comblé toute vallée, mais le Seigneur notre Sauveur. Que chacun considère ce qu’il était avant d’avoir la foi : il constatera qu’il était une vallée basse, une vallée en pente, plongeant dans les abîmes. Mais le Seigneur Jésus est venu et a envoyé l’Esprit Saint à sa place ; alors toute vallée a été comblée. Elle a été comblée avec les bonnes œuvres et les fruits du Saint-Esprit. La charité ne laisse pas subsister en toi de vallée et, si tu possèdes la paix, la patience et la bonté, non seulement tu cesseras d’être vallée, mais tu commenceras à devenir montagne de Dieu.
Ces mots : Toute vallée sera comblée, nous constatons qu’ils se réalisent et s’accomplissent autant pour les païens que pour le peuple d’Israël, renversé de ses privilèges: Toute montagne et toute colline seront abaissées. Sa faute a procuré le salut aux païens pour provoquer leur émulation. D’ailleurs, si on le veut, dans ces montagnes et ces collines abaissées, on peut voir, sans se tromper, les puissances ennemies qui se dressaient contre les hommes. En effet, pour que les vallées dont nous parlons soient comblées, les puissances ennemies, montagnes et collines, devront être abaissées.
Mais voyons si la prophétie suivante concernant l’avènement du Christ s’est accomplie. De fait, le texte poursuit : Et tout ce qui était tortueux deviendra droit. Chacun de nous était tortueux — si du moins il l’était sans le rester encore aujourd’hui — et la venue du Christ qui s’accomplit jusqu’en notre âme a redressé tout ce qui était tortueux. À quoi peut te servir, en effet, que le Christ soit jadis venu dans la chair, s’il n’est pas venu jusqu’en ton âme ? Prions pour que chaque jour son avènement s’accomplisse en nous et que nous puissions dire: Je vis, mais ce n’est plus moi, c’est le Christ qui vit en moi. Car si le Christ vit en Paul et s’il ne vit pas en moi, quel avantage y a-t-il pour moi ? Mais lorsqu’il sera également venu à moi et que j’en aurai joui comme Paul en a joui, moi aussi je pourrai dire comme Paul: Je vis, ce n’est plus moi qui vis, c’est le Christ qui vit en moi.
Homélie d’Origène sur l’Évangile de Luc.
Hom. 22, 1-3: SC 87, 300-302
Origène est le père de l’exégèse biblique. Théologien de la période patristique, il est né à Alexandrie v. 185 et mort à Tyr v. 253. Il est aussi l’un des Pères de l’Église et « le plus grand génie du christianisme antique avec saint Augustin » selon la formule du cardinal Jean Daniélou.
Hymne
À toi Dieu, notre louange !
Nous t’acclamons, tu es Seigneur !
À toi Père éternel,
L’hymne de l’univers.
Devant toi se prosternent les archanges,
les anges et les esprits des cieux ;
ils te rendent grâce ;
ils adorent et ils chantent :
Saint, Saint, Saint, le Seigneur,
Dieu de l’univers ;
le ciel et la terre sont remplis de ta gloire.
C’est toi que les Apôtres glorifient,
toi que proclament les prophètes,
toi dont témoignent les martyrs ;
c’est toi que par le monde entier
l’Église annonce et reconnaît.
Dieu, nous t’adorons :
Père infiniment saint,
Fils éternel et bien-aimé,
Esprit de puissance et de paix.
Christ, le Fils du Dieu vivant,
le Seigneur de la gloire,
tu n’as pas craint de prendre chair
dans le corps d’une vierge
pour libérer l’humanité captive.
Par ta victoire sur la mort,
tu as ouvert à tout croyant
les portes du Royaume ;
tu règnes à la droite du Père ;
tu viendras pour le jugement.
Montre-toi le défenseur et l’ami
des hommes sauvés par ton sang :
prends-les avec tous les saints
dans ta joie et dans ta lumière.
Oraison
Seigneur tout-puissant et miséricordieux, ne laisse pas le souci de nos tâches présentes entraver notre marche à la rencontre de ton Fils ; mais éveille en nous cette intelligence du cœur qui nous prépare à l’accueillir et nous fait entrer dans sa propre vie. Lui qui règne.