Un chrétien peut-il perdre le salut ?

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Mon frère Arsène, tu poses une question dont l’importance n’est plus à démontrer. Est-il vraiment possible de perdre le salut en tant que chrétien ? Je voudrais te répondre en trois petits points : définir l’identité du chrétien, clarifier l’expression « salut » et donner ma position brièvement.

1. Qu’est-ce qu’un chrétien ?

Parler du chrétien nécessite une distinction. Il y a de vrais chrétiens et de faux. Il ne suffit nullement de recevoir le baptême pour être vraiment chrétien. Il ne sera pas aussi suffisant de prier et de prêcher, de prophétiser, de chasser les démons pour être un vrai chrétien. L’expression de charismes n’est pas un signe de vie chrétienne authentique. Le Seigneur le dit clairement à la fin de son sermon sur la montagne : « Ce n’est pas en me disant Seigneur, Seigneur, que vous rentrerez dans le Royaume des Cieux, mais en faisant la volonté de mon Père qui est aux Cieux » (Mt 7, 21). À partir de cette seule déclaration, Jésus trace la ligne de démarcation entre le vrai et le faux chrétien.
 
Le chrétien, le vrai, c’est celui qui accepte de vivre de Jésus, c’est-à-dire celui qui se modèle sur Jésus en obéissant à Dieu comme lui Jésus, en vivant de foi, d’espérance et d’amour. Le chrétien, en peu de mots, c’est celui qui fait de sa vie une ressemblance à celle de Dieu. La vie de Dieu, c’est l’amour. Au soir de notre vie, nous serons jugés sur cet amour. À l’heure du jugement final, le Roi dira : « Venez les bénis de mon Père, entrez dans le Royaume préparé pour vous depuis la création du monde » (Mt 25, 34), car vous avez vécu de l’amour concret. Et les autres : « Allez-vous-en loin de moi » (Mt 25, 41), car vous vous êtes fermés à l’amour compatissant. Saint Paul synthétisera ces propos en disant : « Quand j’aurai le don de prophétie, la science de tous les mystères et de toute la connaissance, quand j’aurai la foi la plus totale, celle qui transporte les montagnes, s’il manque l’amour, je ne suis rien » (1 Co 13, 2). Il conclut son hymne à l’amour en ces termes solennels : « demeurent la foi, l’espérance et la charité : la plus grande des trois, c’est la charité » (1 Co 13, 13).
 
Le chrétien est donc celui qui vit d’amour obéissant au Père comme le Christ.

2. Qu’est-ce que le salut ?

Depuis que nos premiers parents ont perdu leur résidence dans le jardin d’Eden à cause de la violation du commandement divin (symbole de la perte du salut), Dieu a entrepris de les sauver. Le désir de Dieu, c’est de sauver tous les hommes. C’est ce que saint Jean exprime en disant : « Dieu a tant aimé les hommes qu’il leur a envoyé son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse pas mais qu’il obtienne la vie éternelle » (Jn 3, 16). Le salut, c’est l’entrée dans la vie éternelle par l’acceptation du Christ. Dieu ne veut pas que l’homme soit perdu, à tel enseigne que l’apôtre Paul dit que « rien ne peut nous séparer de l’amour de Dieu qui s’est exprimé dans le Seigneur Jésus-Christ » (Rm 8, 35-39). Le salut, pour Dieu, c’est la libération de l’homme du mal, de l’esprit de désobéissance à Dieu (donc du péché) et le rétablissement de la communion totale avec Dieu. Ce salut s’exprime par la mort et la résurrection de Jésus sur la croix. C’est en lui que l’homme retrouve le pardon plénier de ses péchés et est réintroduit dans la communion à Dieu. Le salut, c’est croire en l’amour rédempteur de Dieu qui pardonne en son Fils Jésus.

3. Le chrétien et le salut

Je ferai simplement des déductions logiques. En me situant du côté de Dieu, l’homme, et pas seulement le chrétien, ne peut être exclu du salut. Son désir est que tous soient sauvés : « Je ne désire pas la mort du pécheur ? N’est-ce pas qu’il se convertisse et qu’il vive ? » (Ez 18, 23).
 
Mais quand nous nous situons du côté du chrétien, la réponse est double. Celui qui n’est chrétien que de nom, mais qui se comporte en véritable païen, celui-là peut perdre le salut de Dieu. Ce n’est pas Dieu qui l’exclut du salut, mais lui-même. Refuser de croire en Dieu, rejeter son amour et son pardon, mener une vie persistance de contre-témoignage et de péché jusqu’au dernier souffle de la vie, peut mettre le chrétien sur la pente dangereuse de la perte du salut.
 
Mais le vrai chrétien ne peut perdre son salut. En effet, même s’il vient à pécher, il se repent, s’amende et continue la route en poursuivant l’effort de conversion à la suite du Christ. Il accueille en lui l’amour de Dieu, se nourrit de la Parole de Dieu en esprit et en vérité, et mène une vie dans la droite conscience. Il ne peut perdre son salut.

Néanmoins, la question du salut relève du domaine de Dieu. C’est Dieu qui sauve par sa miséricorde. Nous ne pouvons pas déclarer ici que untel est sauvé ou qu’un autre est condamné. Seul Dieu sait le chemin que son Esprit fait avec chacun en sorte que le jugement dernier lui revient comme un droit qu’il ne partage pas avec les hommes.
 
Pour ce qui nous concerne, attachons-nous au Christ et tâchons de l’imiter et d’obéir à sa Parole. Si nous marchons sur ses traces, il nous conduira immanquablement dans le salut de Dieu.
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Abbé Jean Oussou-Kicho

Je suis prêtre de l’archidiocèse de Cotonou (Bénin), ordonné en 2008, licencié en théologie morale. Directeur de complexe scolaire, je suis investi dans la pastorale des réseaux sociaux, devenus un nouveau terrain propice pour l’évangélisation et l’éducation des chrétiens