Depuis l’avènement des groupes de prière du « renouveau charismatique », il s’est développé un appétit, gourmand du reste, pour le diable. Certains sont devenus des professionnels d’exorcisme, des spécialistes dont les imprécations démasquent l’esprit mauvais. Quelqu’un a-t-il un comportement étrange ? il faut appelé tel frère. Un autre fait-il des cauchemars la nuit ? il faut recourir à un tel autre. Cet attrait pour le diable est tant et si bien prisé que les vrais charismatiques semblent se distinguer par leur capacité à chasser le démon. La question se pose donc aujourd’hui. Un fidèle laïc a-t-il le droit de pratiquer l’exorcisme ? Si la réponse est négative, il va falloir en expliquer la raison. En revanche, si elle est positive, il faut circonscrire les limites du permis. C’est à ces questions que nous voulons répondre dans ce court extrait en nous interrogeant déjà sur la pratique de l’exorcisme et ses différences.
Qu’est-ce que l’exorcisme ?
L’expression vient du latin « exorcismus » et signifie mot à mot « ex » = hors et « orcismus » = serment. Pour rendre dans un langage plus digeste, l’exorcisme consiste à chasser l’esprit mauvais par des serments d’une personne, d’un objet ou d’un lieu. On comprend donc la raison pour laquelle ce genre de prière est remplie d’ordres solennels (imprécations). On a vu Jésus qui, avec une autorité de la forme d’un serment, donne des injonctions aux esprits mauvais : « Jésus, voyant accourir la foule, menaça l’esprit impur, et lui dit : « Esprit muet et sourd, je te l’ordonne, sors de cet enfant, et n’y rentre plus jamais. » (Mc 9, 25). Il s’agit là d’un vrai exorcisme : l’esprit est interpelé : « esprit qui rend sourd et muet » ; le serment prononcé : « je te l’ordonne » et l’action qui doit suivre : « sors de cet enfant et n’y rentre plus jamais ». Le démon est effectivement sorti.
L’exorcisme s’achève-là.
Jésus a donné à ses disciples le pouvoir de chasser les démons, dans le contexte de leur ministère (cf. Lc 9, 1) mais dans un cadre plus global, il a déclaré que tous ceux qui croient en lui feront des miracles comme, par exemple, chasser des démons en son nom (cf. Mc 16, 17). Il faut par ce texte comprendre qu’il y a un pouvoir ministériel que Jésus confie à ses apôtres de chasser les démons et une manifestation miraculeuse de la foi par le fait que les démons ( !) soient chassés par les croyants en Jésus.
Que dispose l’Église au sujet de l’exorcisme solennel ?
Le pouvoir d’exorciser est confié uniquement aux apôtres dans le cadre de l’exercice de leur fonction, comme nous l’avons vu dans le paragraphe précédent : « Ayant réuni les Douze, il leur donna pouvoir et autorité sur tous les démons et il leur donna de guérir les malades » (Lc 9,1). Le pouvoir de chasser les démons et de guérir les malades est donc lié à la mission des Douze.
Aujourd’hui, ces Douze sont, dans la succession, les évêques que nous avons. Ce sont eux qui ont le pouvoir ordinaire de chasser les démons et de guérir les malades. C’est à eux, et à eux-seuls, de le transmettre à qui ils veulent, dans le cadre strict du ministère.
En vertu de cela, l’Église dispose que, dans le cadre de l’exorcisme comme ministère public, seul l’évêque diocésain peut accorder la permission à un prêtre, exclusivement, qui se distingue « par sa piété, sa science, sa prudence et l’intégrité de sa vie ». Cela signifie qu’aucun évêque dans le monde entier ne peut permettre à un laïc de faire de l’exorcisme public. Ce dernier, en effet, a ses dispositions rituelles spécifiques. Il permet au prêtre exorciste d’agir au nom de l’Église et de manière publique. Dans un tel schéma, un laïc ne peut pas faire de l’exorcisme, car il n’en a pas reçu le pouvoir. Il ne peut exercer un ministère d’exorciste et passer pour le spécialiste qui chasse le démon. Ceci dit, il y a une légère inflexion qu’il me faut exposer tout de suite, à propos du « petit exorcisme ».
Que dit l’Église du petit exorcisme ?
Le « petit exorcisme » est composé d’une prière à l’archange Michel, de la récitation du psaume 67 et d’une oraison conclusive, suivie de l’aspersion du lieu où l’on se trouve avec de l’eau bénite. Tout chrétien peut faire le petit exorcisme. Il s’apparente à une prière de délivrance que l’on adresse au Seigneur dans la confiance pour qu’il délivre de l’emprise du mal. Cette prière du petit exorcisme n’est pas injonctive. Elle est fondamentalement suppliante, déprécative, et s’adresse, non pas au démon en présence, mais à Dieu seul.
C’est justement à ce niveau que se trouvent tous les amalgames. Personne, hormis l’évêque ou le prêtre mandaté, ne peut donner des ordres directement à Satan (prières imprécatoires) tels que nous le voyons souvent dans plusieurs communautés ou dans les prières dites de « Jéricho » ou « prière de combat », où on enjoint aux démons de sortir immédiatement, en invoquant tour à tour, à tort et à travers bien sûr, la présence de Jésus au tabernacle ou exposé sur le Saint Autel, le pouvoir sacerdotal des prêtres de la paroisse et du père célébrant, la puissance de l’Église, la victoire de Marie, le Sang de Jésus, etc. Dans la vérité, ceux, qui s’y adonnent, abusent de leur autorité en dépassant le cadre de leur intercession. Celle-ci ne devrait jamais consister à donner un ordre aux esprits mauvais mais à se focaliser sur la personne de Jésus pour que sa présence emplisse les cœurs, les objets et les lieux. On comprend alors qu’à l’occasion de ces prières publiques de combat, le diable se joue de tous par la distraction et la diversion, au point où l’attention n’est plus portée sur le Christ mais sur la distraction. Fort heureusement qu’il y a des animateurs de groupes de prières lucides, humbles et obéissants.
Ce qui est recommandé aux fidèles laïcs, c’est de faire des prières de délivrances ou de libération et non des prières de combat et d’altercations avec le diable. Quand Jésus dit : « voici les miracles qui accompagneront ceux qui croiront : … en mon nom, ils chasseront les esprits mauvais… », il ne nous demande pas de nous transformer en faiseurs de miracles. Le miracle est de tous les jours : c’est d’éclairer par toute notre vie ceux qui sont enchaînés par le mal et les esprits mauvais pour les aider à découvrir leur pleine liberté en Jésus. Il ne s’agit pas d’un ministère, mais des signes d’attestation de sa foi en Jésus-Christ.
L’exorcisme est un ministère public et doit s’exercer dans le cadre ecclésial par un ministre mandaté selon le droit par l’évêque diocésain. Cependant, tout fidèle peut et doit prier le Seigneur de « délivrer du mal », du diable, ou lui-même ou une autre personne. C’est ce que nous pouvons appeler la prière de libération, contenue dans le Pater et que le petit exorcisme de Léon XIII ne veut que développer sommairement. De toute façon, aucun laïc ne peut faire des prières imprécatoires, d’injonction aux démons, à moins de prétention et d’orgueil. La foi opère certes des miracles, mais il ne faut pas, au nom de cette même foi, se transformer en exorciste privé.
Vraiment Cher Père je suis ravie de vos messages que vous nous donner chaque jour pour nourrir nos âmes que l’Éternel vous rendre au centuple.
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Merci beaucoup mon père pour ce conseil sur un sujet qui sème trop de débats à la cité et dans nos paroisses et groupe de formation…
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Pour devenir un médecin de l’âme, seule une discipline en théologie est indispensable, pour devenir exorciste Laic…