« De même, vous aussi, lorsque vous verrez arriver cela, sachez que le royaume de Dieu est proche »
Lc 21, 31
Nous continuons d’écouter l’enseignement du Christ sur les fins dernières. Le Seigneur met devant nous le signe du figuier qui bourgeonne, en comparaison à l’avènement de la proximité du royaume. Trois points bien liés se dégagent de ce bref passage évangélique.
Voyez le figuier et les autres plantes.
Jésus nous invite à l’observation. Les plantes ont quelque chose d’inédit à nous enseigner sur le règne de Dieu. A vrai dire, on peut prendre n’importe quel exemple pour rendre le même enseignement. Le point d’insistance ne se trouve pas dans le bourgeonnement des figuiers et des autres plantes. La signification de cette image est traditionnellement connue. Cette image traduit le renouvellement, une nouvelle vie, un commencement nouveau. De la même manière que la plante, après les moments difficiles de perte de feuilles et de manque de ressource, se renouvelle dans le bourgeonnement, de la même manière, les annonces calamiteuses qui surviendront avant la venue du Fils de Dieu cèderont la place à une nouvelle renaissance.
Pour cela, il s’agit de savoir observer. Cela consiste à découvrir dans toute chose et surtout dans la vie ultime de l’homme, la perspective d’un commencement. Comme on le dit bien souvent, c’est parfois à la fin d’une série de péripéties que tout commence. Jésus nous annonce donc que la renaissance discrète de la plante est le signe aussi de la venue discrète et certaine du Royaume de Dieu au milieu des hommes. L’homme doit donc s’exercer à l’observation et, plus spécifiquement, au discernement des évènements de sa vie. Sans observation attentive, sans lecture d’homme dans la foi, notre histoire peut être muette sans explication. Et pourtant, cette histoire porte le sens du message du Christ.
Le Royaume de Dieu est tout proche.
La proximité du Royaume est moins liée à tout le chamboulement cosmique qu’aux violences intérieures dont l’homme est victimes au moment où sa foi est mise à dures épreuves. Il arrive des moments de notre vie chrétienne où l’on se demande si nous n’allons pas tout perdre. La mort relationnelle, financière, sociale et même l’aridité spirituelle semblent se donner la main au point où nous nous posons des questions. On ne voit plus suffisamment dans sa vie. Nous perdons pratiquement tous nos acquis et toutes nos ressources, exactement comme les plantes, pendant la saison sèche, entrent dans une phase critique de menace de disparition.
Mais alors, Jésus y trouve le signe du renouvellement de notre vie et de l’avènement du Royaume. Le royaume de Dieu ne surgit que dans la ruine de nos certitudes et de nos acquis. Elle n’advient que lorsque nos appuis humains sont ébranlés et balayés. C’est l’ébranlement de nos appuis qui donne naissance à la confiance en Dieu. C’est comme celui-là qui, dépourvu de tout, finit par découvrir que le Seigneur est le seul ami fidèle qui n’abandonne pas. Dieu est toujours proche de nous quand nous savons faire le deuil de ce qui fait nos sécurités humaines. Sans la mort, il n’y a pas de vie.
Cette génération ne passera pas.
Voilà une parole bien énigmatique. On est vraiment tenté de dire que le Christ a menti. Cette génération ne passera pas, et pourtant, bien de générations sont passées depuis que cette parole a été prononcée par le Christ. C’est se méprendre du sens de la Parole de Dieu que de l’interpréter à la lettre de cette manière. La Parole est plus vivante et féconde dans l’esprit que dans la lettre.
En disant que cette génération ne passera pas, il faut comprendre que le Christ parle de l’actualité de sa parole. Sa parole s’adresse à l’homme d’aujourd’hui et non à celui d’hier ni de demain. Chaque génération expérimente la vérité des déclarations du Christ. Chacun vit dans son histoire ces temps de désert et d’aridité. Chacun connaît son hiver et son été. C’est donc important de savoir que cette parole se réalise pour chacun de nous, comme elle s’est réalisée pour toutes les autres générations. En même temps, le Christ montre la solidité de sa parole comme unique vérité qui subsistera quand toutes les constructions idéologiques des hommes glisseront : le ciel et la terre passeront, mes paroles ne passeront pas. Aussi solide que paraissent le monde et ses merveilles, ils n’ont pas de consistance en eux-mêmes. Seule la Parole demeure. Cette parole, c’est le Christ.
Merci beaucoup prêtre