Vendredi après Épiphanie : L’humilité de Dieu

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Ambon

De plus en plus, on parlait de Jésus. De grandes foules accouraient pour l’entendre et se faire guérir de leurs maladies. Mais lui se retirait dans les endroits déserts, et il priait.

Ce vendredi, nous contemplons un autre aspect de l’épiphanie du Christ au monde. Tandis que le Père rend témoignage au Fils comme son Envoyé en qui se trouve la vie éternelle, l’évangile de Luc, de son côté, nous présente cet Envoyé comme plein d’humilité et de discrétion.

« Jésus ordonna de ne rien dire à personne »

Un lépreux, une personne d’interdiction, vient de s’approcher de Jésus, en le suppliant de le guérir de sa lèpre. Jésus répond favorablement à sa demande, le guérit et lui enjoint de n’en rien dire à personne : « Va plutôt te montrer au prêtre et donne pour ta purification ce que Moïse a prescrit ». Jésus veut rester dans le secret et dans le silence. Il détourne l’attention de lui-même, comme si rien ne s’était passé. Le lépreux devrait être surpris par cet homme qui n’attend pas une reconnaissance et qui ne court pas derrière les célébrations.

Jésus manifeste ainsi que Dieu est « humilité ». On se rappelle bien ses paroles quand il dit : « Je suis doux et humble de cœur » (Mt 11, 29). L’humilité de Dieu réside dans sa capacité à être discret et à s’effacer. Nous contemplons déjà cette humilité la nuit de Noël à travers les conditions exécrables de la naissance, dans un taudis, du roi du paradis. Cette humilité, nous la trouvons dans cet enfant fragile que les mages sont venus adorés. Cette humilité, nous la distinguons dans la soumission de Dieu à l’ombre de la famille de Nazareth. Dieu se soumet aux hommes. Quel renversement de rôle ! Nous serons désarmés par cette humilité quand il sera suspendu sur le bois de la croix. Dieu est humble. Jésus nous le manifeste.

« Mais lui se retirait dans le désert et il priait »

Deux mouvements opposés s’observent dans la conclusion du passage évangélique proposé à notre méditation. Les foules accouraient à Jésus, certainement sur le témoignage du lépreux. Pendant que tout le monde accourt à lui, Jésus lui se retire dans les endroits déserts pour prier. Jésus ne fuit pas la foule ; il ne refuse pas de porter sur lui le fardeau de cette immense foule. Ce qu’il reprouve, c’est le populisme, le désir de paraître. Il préfère agir dans la discrétion, sans tambour ni trompette. De l’humilité de sa rencontre avec le lépreux à l’humilité de son retrait de la sollicitation de la foule, nous découvrons une constance divine : la discrétion est la servante de l’humilité.

La discrétion de Dieu n’expose pas le pécheur. La discrétion de Dieu est une ressource que Jésus puise dans la communication avec son père. Plutôt que d’écouter le bruit assourdissant de cette foule en quête de guérison, Jésus préfère parler avec son Père dans le secret d’un lieu silencieux. Humilité et discrétion sont aujourd’hui des denrées rares du point de vue des vertus.

Dieu se manifeste aux humbles

La manifestation de l’humilité de Dieu aux hommes dans la personne de Jésus nous rappelle que Dieu est toujours du côté des humbles. Il dédaigne l’orgueilleux regard des hautains. Dans le Magnificat, Marie dit : « Il s’est penché sur son humble servante » (Lc 1, 48). Dieu a une prédilection pour les personnes humbles, car elles ont en elles un reflet de Dieu. C’est eux « les pauvres de cœur », les pauvres petits de Yahvé, ceux à qui appartient le Royaume de Dieu : « Heureux les pauvres de cœur, le Royaume des cieux est à eux » (Mt 5,3). L’humilité ouvre la porte du ciel et le cœur de Dieu.

Par son humilité, Jésus nous indique la voie royale pour entrer dans une relation féconde d’amour avec Dieu. Il suffit pour cela d’adopter la spiritualité du serviteur quelconque : Je n’ai fait qu’accomplir mon devoir. Point besoin de reconnaissance. Dieu nous en donne la grâce.

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Abbé Jean Oussou-Kicho

Je suis prêtre de l’archidiocèse de Cotonou (Bénin), ordonné en 2008, licencié en théologie morale. Directeur de complexe scolaire, je suis investi dans la pastorale des réseaux sociaux, devenus un nouveau terrain propice pour l’évangélisation et l’éducation des chrétiens