La Palestine
Le plus ancien nom de la Palestine (en hébreu Pelescheth) [NB : Ce mot désignait d’abord le pays habité par les Philistins et se traduirait exactement la Philistine] est Canaan.
Les premiers habitants prétendaient, en effet, descendre de Canaan, fils de Cham. Dépossédés par la conquête des Hébreux, ils disparurent et les vainqueurs firent appeler leur nouveau pays, terre des Hébreux ou terre d’Israël. Après l’exil, elle reçut le nom de terre de Judée, de même que les habitants voyaient changer leur nom d’Israélites en celui de Juifs. Les débris de la tribu de Juda avaient, en effet, presque exclusivement Servi à former la nationalité nouvelle. Aussi les Romains disaient-ils toujours la Judée, la province de Judée, entendant par-là désigner toute la Palestine, tandis qu’en réalité ils n’en désignaient qu’une partie, la province du Sud. Zacharie, le prophète, nomme une fois la Palestine : Terre sainte, et l’auteur de l’épître aux Hébreux l’appelle la Terre promise (He 11, 9). Dans les Talmuds elle est appelée Terre d’Israël ou Terre par excellence [Babyl. Gittin, fol. 8.].
Ses frontières, son étendue
Les limites de la Palestine ont souvent varié dans le cours de l’histoire. L’antique pays de Canaan n’occupait qu’un espace assez restreint. Le Jourdain le bornait à l’Est, la mer à l’Ouest ; sa frontière du Sud partait de l’extrémité méridionale de la Mer Morte et aboutissait à Gaza, sa frontière nord partait de l’Hermon et aboutissait à Sidon. David et Salomon gouvernèrent un royaume beaucoup plus étendu, dont nous n’avons pas à parler ici.

Il est impossible à l’aide des Talmuds de fixer les frontières de la Palestine au temps de Jésus Christ. Les indications que nous trouvons éparses çà et là dans ces vastes recueils sont vagues, confuses et souvent contradictoires, Voici quelles étaient approximativement ces limites : la province d’Idumée la bornait au Midi et la frontière se trouvait être une ligne imaginaire, partant du sud de la Mer Morte et allant jusqu’à la mer Méditerranée ou Grande Mer : celle-ci servait de frontière à l’Ouest, sauf une bande de terrain vers le nord qui formait la Phénicie avec Tyr et Sidon et qui ne dépendait point de Jérusalem. Au Nord, la frontière était marquée par le mont Liban et par la province d’Abilène (la Syrie) ; à l’Est enfin, la province de Pérée, qui était au-delà du Jourdain, se perdait peu à peu dans le désert. Nous ne pouvons préciser davantage ; ces sortes de frontières qui sont toutes religieuses restent naturellement vagues et indéfinies. Jérusalem, centre religieux de la Palestine, était presque exclusivement habitée par des Juifs. Si l’on s’éloignait de la ville, la population se mélangeait de païens et la proportion de ceux-ci était d’autant plus forte qu’on était plus distant de la ville sainte. Là où on ne rencontrait plus de Juifs, là où la population était entièrement païenne, on n’était plus en Palestine.
Quant aux frontières politiques du pays, elles étaient naturellement plus nettes et se trouvaient aussi plus étendues que les frontières religieuses. L’Idumée, par exemple, au Sud, ou l’Abilène au Nord, pouvaient faire partie de tétrarchies, être au pouvoir de tel ou tel des Hérode, et par suite appartenir à la Palestine, sans cependant avoir un seul Juif dans leur population.
Les Talmuds donnent à la Palestine une étendue très exagérée Elle aurait eu 2 250 000 milles romains carrés, chiffre imaginaire créé par les rabbins dans un but apologétique [Babyl. Sotah, 49 b].
Saint Jérôme [Lettre à Dardanus, 129] comptait 160 milles romains du Nord au Sud de la Palestine. Le mille romain valait 1 481,75 mètres ; 160 milles donnent 237 km […]. La largeur du pays était beaucoup moindre, et si nous ne comptons pas la Pérée, nous ne trouvons du Jourdain à la mer que 120 km environ. Du reste saint Jérôme ne nous donne ici aucun chiffre. Après avoir indiqué la longueur du pays du Sud au Nord, il refuse en ces termes d’en donner la largeur : « Pudet dicere latitudinem terrae repromissionis ne ethnicis occassionem blasphemandi dedisse videamur. » (Je suis gêné de dire l’étendue de la Terre promise de peur que nous semblions avoir donné aux païens l’occasion de blasphémer).
Résumons-nous d’un mot : La Palestine avait en surface à peu près l’étendue de la Belgique, du Lesotho ou de la Guinée-Bisau.
Pendant la vie publique de Jésus Christ, nous remarquons trois grandes divisions politiques :
- La Judée et la Samarie avec quelques villes frontières sont administrées par un procurateur romain ;
- La Galilée et la Pérée appartiennent au tétrarque Hérode Antipas ;
- La Balanée, la Trachonite, la Gaulonite, l’Iturée, l’Auranitide, dépendent de son frère le tétrarque Philippe.
De ces dernières petites principautés, tout à fait insignifiantes, nous ne dirons rien ici. Elles étaient situées au nord-est du lac de Tibériade, dans une contrée ou Jésus-Christ ne pénétra jamais [Il est possible toutefois que Jésus soit allé au N.-E. de la Galilée (cf. Jn 6, 1, 17 et Lc 9, 10 ) si toutefois, comme nous le croyons, ce dernier passage désigne Bethsaïde Julias]. Par contre, nous donnerons quelques détails sur les autres provinces dont il est fréquemment parlé dans le Nouveau Testament. Leur position géographique est aisée à comprendre. Les trois provinces de la Judée, de la Samarie et de la Galilée étaient l’une au-dessus de l’autre, entre le Jourdain et la mer, la Judée au Sud, la Samarie au centre, la Galilée au nord. Quant à la Pérée, elle comprenait tout le pays compris au-delà du Jourdain, au Sud de la tétrarchie de Philippe.
La Galilée
Ce nom lui venait des mots Gelil haggoyim (cercle des Gentils), par lesquels on la désignait souvent parce que sa population était très mêlée et que les païens y étaient nombreux. Cette petite contrée était certainement, au premier siècle le plus ravissant coin de la terre. La description que nous en a laissée l’historien Josèphe, donne l’idée d’une véritable merveille. Tout y était réuni, la douceur du climat, la beauté de la nature, la richesse inépuisable du sol. Ici de gras pâturages plantés d’arbres magnifiques, là des collines boisées descendant jusqu’au lac [Jos. D. B J., III, 3, 2]. Celui-ci, incessamment animé par les barques des pêcheurs, offrait sur ses bords la végétation la plus abondante et y réunissait, au moins sur la rive occidentale, ce qui ne se voit nulle part ailleurs, des arbres de toutes les essences, le noyer, par exemple, à côté du palmier ; sans parler des arbres fruitiers proprement dits l’olivier, le figuier, la vigne, tous d’une fertilité surprenante [Jos. D. B J., III, 10, 8].
« Le pays de Nephthalie est partout couvert de champs féconds et de vignes ; les fruits de cette contrée sont reconnus pour être extrêmement doux [Berakhoth, 44 a]. »
Sa population
Quant à la population, voici comment s’exprime Josèphe [Jos. D. B J., III, 3, 2] :
« Aucune partie du pays n’est déserte, au contraire, tout est parsemé de villes et la population des villages est, à cause de l’abondance et de la facilité des approvisionnements, si nombreuse, que le moindre village (χώμη) a plus de quinze mille habitants. » Josèphe exagère volontiers et en général, les chiffres qu’il donne ne doivent être accueillis qu’avec une grande défiance. Il nous est impossible d’accepter celui qu’il vient de nous indiquer. Même en entendant par χώμη non pas le village, mais le district entier, la commune, nous ne pouvons admettre que la population du moindre district se soit élevée à quinze mille habitants. À ce compte, la Galilée entière aurait eu en tout trois millions d’habitants, et comme elle n’avait que vingt lieues environ du Nord au Sud, et neuf à onze de l’Est à l’Ouest, c’est-à-dire quatre-vingt-dix à cent milles carrés, il y aurait eu trente mille habitants par mille carré, ce qui est tout à fait inadmissible. Contentons-nous donc d’admettre que le pays était très peuplé, sans nous laisser aller à articuler un chiffre.
Josèphe compte en Galilée [Vita, § 45] 204 villages et 15 villes fortifiées. Ces chiffres sont peut-être exacts. Les villes fortifiées pouvaient être fort petites. Quant aux villages ce n’étaient certainement que des bourgades plus ou moins grosses, parfois des hameaux.
On distinguait la haute et la basse Galilée [Jos. D. B J., III, 3, 1 Mischna Schebüth, 9, 2] : celle-là était au nord et couverte de montagnes ; celle-ci au sud et était un pays de plaines. Bornons-nous, sans poursuivre davantage une description topographique et détaillée du pays, à passer rapidement en revue les localités nommées dans le Nouveau Testament et, en particulier, celles habitées par Jésus.
Nazareth
Nommons avant tout le village où il fut élevé, Nazareth (aujourd’hui en hébreu : נצרת, Natzrat ; en arabe : النَّاصِرَة, an-Nāṣira) ; c’est presque le seul endroit de tout le pays qui ait conservé sa physionomie primitive [Rappel : ce texte a été écrit il y a plus d’un siècle !] : sauf deux ou trois constructions modernes qui le déparent, il est tel qu’il était lorsque Jésus l’a habité. Ailleurs, à Jérusalem, par exemple, tout est changé ; on ne peut s’y recueillir […] ; à Nazareth, c’est tout le contraire. On y voit la fontaine où Marie venait, deux fois au moins par jour, la cruche sur l’épaule, puiser l’eau nécessaire à la maison ; on y monte sur la colline qui domine le village et le pays tout entier et du haut de laquelle les habitants voulurent précipiter Jésus. On y visite des rues qui n’ont pas dû changer d’aspect depuis que Jésus y jouait enfant et où, jeune homme, il travaillait de son état de charpentier. Il n’est pas un sentier des environs qu’il n’ait plusieurs fois parcouru, pas un sommet qu’il n’ait gravi et sur lequel il n’ait prié ! Malgré les dires de Josèphe, sur le chiffre de la population du moindre bourg, de Galilée, Nazareth n’avait certainement pas plus de trois ou quatre mille âmes au premier siècle. Ce village n’est pas même nommé par lui. Les Talmuds le passent aussi sous silence et nous savons que les bourgeois de Jérusalem, qui estimaient peu les Galiléens, disaient en particulier de Nazareth : « Peut-il en sortir rien de bon ? » (Jn 1, 47) Il n’y avait certainement pas de garnison romaine à Nazareth. Perdu dans les montagnes, à 100 km de Jérusalem, à huit ou neuf heures de marche de Capharnaüm, loin des grandes routes, ce charmant village restait presque ignoré.
Naïm
Rappelons, en passant, Naïm, mentionnée une fois dans l’Évangile (Lc 7, 11) et qui était dans la plaine d’Esdrelon et Kana (Jn 2, 1ss) (aujourd’hui Kefer Kana), au nord de Nazareth, et donnons quelques détails sur Tibériade.
Tibériade
Tibériade (aujourd’hui en hébreu טבריה Tverya, en arabe طبرية Tabarīya) était bâtie à la mode romaine. Résidence d’Hérode Antipas, elle avait été entièrement reconstruite par lui, peuplée d’étrangers et consacrée à Tibère ; de là son nom [Jos., Ant. Jud., XVIII, 2, 3; Vital § 12,13, 64; Pline, H. N., V, 15]. Aussi les habitants étaient-ils tous païens. Les Juifs, surtout les Rabbis et les hommes Pieux évitaient d’y venir même en passant [Jérus., Schebiith, IX, 1], et il est probable que Jésus n’y est jamais allé. Les splendeurs païennes dont Antipas affectait de s’entourer froissaient le sentiment national et religieux. Cette ville, située à 13 km de Capharnaüm et capitale de la Galilée est nommée trois fois dans l’Évangile de Jean (Jn 6, 1, 23 ; 21, 1). C’est à Tibériade que furent écrites plus lard la Mischna et le Talmud de Jérusalem et plus tard encore la Masora ou l’appareil critique du texte biblique.
Tibériade est au bord du lac qui porte son nom et non loin de l’endroit (8 km environ) où le Jourdain en sort pour se diriger vers la Mer Morte ; on pouvait passer ce fleuve sur un pont construit à cet endroit même. Il n’y en avait qu’un seul autre [Il est possible toutefois, à en juger par les ruines, qu’il y en eût plusieurs autres. Il semble qu’il y en eût un sur la route de Néapolis à Scythopolis], le pont de Jacob entre le lac Samochonite et le lac de Tibériade. Ce pont de Jacob faisait partie de la route de Jérusalem à Damas. Partout ailleurs on traversait en bateau. Si maintenant nous remontons la rive occidentale du lac en nous dirigeant vers le Nord, nous traversons d’abord une ligne de rochers escarpés qui aboutit à une large plaine presque au niveau de l’eau, c’est le pays de Génézareth, à l’entrée se trouve aujourd’hui un misérable village (Al Medjdal, village détruit en 1948 et remplacé par la localité de Migdal) et on se demande s’il ne serait pas construit sur l’emplacement de Magdala, le bourg de Marie Magdeleine. La plaine traversée, nous arrivons, toujours en suivant la rive, à un joli chemin étroit taillé dans le roc, chemin qui a toujours existé et que certainement Jésus a souvent suivi. C’est un des rares endroits de la Palestine dont on peut dire avec assurance, rien n’y a été changé depuis le premier siècle, Jésus a vu ces rochers, il a marché sur ces pierres, il a suivi celle route.
Capharnaüm
Si nous continuons à remonter le lac et à suivre ses bords nous parvenons à son extrémité septentrionale. C’est là, non loin des rives du Jourdain, que se trouve Capharnaüm (aujourd’hui en hébreu כְּפַר נַחוּם Kəfar Nāḥūm ou Kfar Naḥūm, ou Tell Naḥūm, en arabe كفر ناحوم ou تل ناحوم, à 3 km du Jourdain) et nous voici au foyer même de la prédication galiléenne de Jésus. C’est à Capharnaüm qu’il a demeuré, c’est de là qu’il partait pour parcourir la contrée et là qu’il revenait après avoir été « de lieu en lieu en faisant le bien. » Entre Magdala et Capharnaüm il faut placer Dalmanutha dont il ne reste aucun vestige ; quant à Bethsaïda et à Chorazin leur emplacement est plus impossible encore à déterminer. On cherche Chorazin tantôt au Nord à l’endroit appelé aujourd’hui Khorazi, tantôt à une heure et demie de Tibériade, là où est aujourd’hui Bir-Kherezoum. Bethsaïda est-il le Et-Tabyhah arabe ? On n’en sait rien. Une seule chose est certaine, c’est que ce petit canton de trois à quatre lieues à peine a été le théâtre principal de l’activité de Jésus.
Capharnaüm (Képhar signifie village) (village de Nahum) était formé de constructions juives toutes grossières ; Josèphe l’appelle Κεφαρνώμη. Ce bourg était à égale distance de Césarée de Philippe au N.-E., de Naïm au S.-0., de Tyr et de Sidon au N.- 0., et de Gadara au S.-E. ; à une demi-heure de marche on trouvait l’embouchure du Jourdain et il tirait une certaine importance de sa position géographique. Situé sur la grande route d’Égypte en Syrie (section de Jérusalem à Damas), il avait un important bureau de publicains (Mt 9, 9) et une garnison romaine commandée par un centurion (Lc 7, 2). Saul de Tarse y passa quand il se rendit de Jérusalem à Damas et on aime à croire qu’il ne put traverser ce bourg sans songer à Jésus et que les pensées qui se pressèrent alors dans son âme hâtèrent la crise qui se préparait, qui allait éclater quelques heures plus tard, et faire de lui le plus grand des apôtres.
À Capharnaüm, on visite les restes d’une synagogue, mais les ruines assez bien conservées de son portique sont évidemment postérieures au premier siècle. Ce n’est pas la synagogue que Jésus a fréquentée [Il y a d’ailleurs plusieurs ruines de diverses synagogues à Capharnaüm].
Le lac
Nous avons plusieurs fois nommé le lac. Il a une vingtaine de kilomètres de long et trois à quatre lieues de large ; la barque des apôtres mettait deux heures pour le traverser à la rame dans sa plus grande largeur. Ses bords, aujourd’hui déserts, étaient au premier siècle les plus ravissants du monde ; mais si les arbres ont disparu, la grève est toujours la même, nette et propre, couverte de petits galets incessamment battus par le léger mouvement des flots. Le lac de Tibériade n’est pas un étang, mais une petite mer. Il a ses colères subites, ses tempêtes aussi vite apaisées que rapidement déchaînées. Il était autrefois et est encore aujourd’hui très poissonneux. L’une des espèces de poissons que l’on y pêche appelée par les arabes El-Ialtry n’existe ailleurs que dans le Nil, en Égypte. Ce poisson est de forme ronde, bon à manger et d’une chair un peu rouge. Nous mentionnerons aussi au nombre des poissons du lac, le Chromis Niloticus, appelé par les Égyptiens Bolti, car il se trouve aussi dans le Nil. Les pêcheurs de Tibériade l’appellent aujourd’hui Moucht.
Des poissons, les uns étaient considérés comme purs, les autres comme impurs, et ceux-ci, lorsque les pêcheurs les trouvaient dans leurs filets, étaient immédiatement rejetés par eux dans la mer (Mischna, Chullin, III, 7) Cette traduction : « impurs » est la plus plausible à donner du mot σαπρά (Mt 13, 48). On considérait comme impurs les poissons sans nageoires ni écailles.
La pêche était libre. Les Talmuds abondent en détails sur la manière de prendre les poissons, sur celle de les apprêter, etc.
La mer de Galilée n’a pas la couleur bleu foncé de la Méditerranée […] ; elle est d’un bleu grisâtre […]. Le lac de Tibériade est placé à 212 mètres au-dessous du niveau de la Méditerranée et les chaleurs en avril et en juillet y sont affreuses. Les nuits y sont assez douces, tandis qu’elles sont fraîches dans le reste du pays, mais on y souffre beaucoup des moustiques et les voyageurs qui y passent une nuit comprennent aisément que dans ce pays-là le diable ait été appelé dieu des mouches (Beelzébuth). Josèphe affirme qu’au premier siècle, le climat des bords du lac était très agréable [Jos., D. B. J., III, 10; 7 et 8]. Cela est fort possible, car le pays étant très boisé, il y pleuvait plus souvent qu’aujourd’hui, et de plus, la végétation entretient toujours une certaine fraîcheur.

La Pérée
La Pérée n’est pas nommée dans les Évangiles, nous n’avons donc presque rien à en dire. Elle faisait partie de la tétrarchie d’Antipas. C’était une province insoumise occupant tout le territoire de la rive orientale du Jourdain, stérile et fort peu peuplée [Il est possible que cette assertion de la plupart des voyageurs soit trouvée un jour inexacte. La Pérée est encore peu connue. Le nombre des ruines y est considérable. Porter a découvert 80 villes désertes Basçan, qui était moins fertile que celui de Galaad]. Josèphe nous indique ses limites : « Elle s’étend en longueur de Machoerous à Pella et en largeur de Philadelphie au Jourdain [D. B. J., III,3,3.] », mais on ne sait où placer Pella [Robinson croit cependant avoir retrouvé Pella à Fahil, en face de Scythopolis], qui était une forteresse.
Machéronte
Machoerous ou Macheronte est mieux connu ; c’était un énorme château-fort situé à soixante stades du Jourdain sur des rochers de basalte d’une effrayante hauteur. Cette forteresse avait été bâtie par Alexandre Jannée, puis rasée par Gabinius et relevée par Hérode. Elle avait des murailles de cent vingt coudées, des créneaux et des tours ; dans l’intérieur, des appartements royaux qu’Antipas venait quelquefois habiter et, au-dessous, des souterrains qui servaient de prison. La vue que l’on avait du sommet des tours était merveilleuse ; au Sud, les contours de la mer Morte, avec Engaddi et Hébron, puis, en remontant à l’Ouest, les monts de la Judée au milieu desquels se détachait Jérusalem dont on apercevait le palais d’Hérode, et le Temple dominé par l’énorme tour Antonia ; à droite Jéricho et sa forêt de palmiers toujours verts, puis le Jourdain dont le ruban d’un bleu grisâtre se déroulait sur la plaine. Lorsque Antipas revint de Rome emmenant Hérodiade, la femme de Philippe son frère, il répudia, pour l’épouser, la fille d’Arétas, roi des Arabes. Celui-ci lui déclara la guerre et, pour la soutenir, Antipas dut venir habiter son palais de Machoerous. C’est alors que se passa le drame horrible de la mort de Jean-Baptiste.
Les murs de Machoerous ont été découverts en 1807 par Seetzen [Aug. Parent, Macherous. Paris 1868].
La Décapole
Il ne nous reste plus à nommer que la Décapole (Mc 5, 1 ; Mt 8, 28 ; Lc 8, 26). C’était une confédération de dix villes, dont voici les noms d’après Pline [H. N., V, 18] : Damas, Philadelphie, Raphana, Skhytopolis, Gadara, Hippos, Dion, Pella, Gelasa (pour Gerasa) et Camatha. Du reste Pline lui-même n’est pas certain de les citer exactement. La seule de ces villes qui soit nommée dans les Évangiles, Gadara, était, dit Josèphe, la plus forte métropole de la Pérée.
Le mot Pérée (traduction grecque de l’hébreu Eber, au-delà) avait souvent une signification plus large encore que celle que nous lui avons donnée ; on s’en servait pour désigner tout le pays situé à l’est du Jourdain et alors il comprenait aussi les provinces de la tétrarchie de Philippe : la Trachonitide, la Gaulanitide, l’Auranitide, la Batanée. Nous avons dit que nous ne décririons pas ces provinces qui n’ont joué aucun rôle dans l’histoire évangélique.
Césarée de Philippe
Nous mentionnerons seulement Césarée de Philippe, appelée d’abord Panaeas (en l’honneur du dieu Pan). Un bois et une grotte, la grotte de Panium, lui étaient consacrés. Hérode avait bâti auprès un temple, en l’honneur d’Auguste, et c’est Philippe, son fils, qui, en agrandissant la ville, changea son nom en celui de Césarée. On y ajoutait ordinairement les mots « de Philippe » (Mt 16, 13 ; Mc 8, 27) pour la distinguer de la grande ville de Césarée en Judée, résidence du procurateur.
Bethsaïde Julias
Il en est de même d’une certaine ville de Bethsaïde que Philippe avait surnommée Julias, en l’honneur de Julie, fille d’Auguste, et qu’il ne faut pas confondre avec le petit village de Bethsaïde, dont l’emplacement est inconnu (Lc 9, 10 désigne vraisemblablement Bethsaïde Julias).
[NDLR : Depuis la rédaction de cet ouvrage, Bethsaïde Julias a été retrouvée avec certitude au nord du lac de Tibériade]
La Samarie
Les Samaritains sont souvent nommés dans l’Évangile. Nous parlerons de leur origine et de leurs costumes dans un chapitre spécial sur la population de la Palestine au premier siècle. Ici nous nous bornerons à quelques détails géographiques indispensables à l’intelligence des livres saints.
La Samarie, enclavée entre la Judée et la Galilée, était plus petite qu’elles. Son territoire ne s’étendait même pas jusqu’à la mer, car toute la côte à partir du Carmel appartenait à la Judée. Aussi les Galiléens qui se rendaient à Jérusalem prenaient-ils volontiers soit le chemin qui longeait la mer, soit la rive opposée du Jourdain. Ils évitaient ainsi de traverser un territoire où ils étaient exposés aux insultes des habitants. La Samarie tirait son nom de sa capitale : Samarie [De même aujourd’hui on l’appelle le pays de Nablous, du nom de Nablous, sa ville principale]. Cette ville avait été bâtie par Omri, roi d’Israël, sur une Colline (Is 28, 1) qu’il avait achetée d’un certain Schemer dont elle a conservé le nom ; Salmanasar l’avait détruite. Elle fut reconstruite ; mais Jean Hyrcan la détruisit encore. Enfin, Gabinius, légat impérial de Syrie, la fit rebâtir, et, sous Hérode le Grand, elle était florissante. Ce prince y fit bâtir un temple en l’honneur d’Auguste et changea son nom en celui de Sébaste (mot grec, en latin Augusta) qu’elle porte encore (Sebustieh).
Sichem
Sichem (aujourd’hui Nablous) a pour nous plus d’intérêt que Samarie. C’était une fort ancienne ville construite dans une vallée. Le mont Ebal est au Nord et le fameux Garizim au Sud. L’Évangile de Jean l’appelle Sychar (14) c’est un terme ironique qui signifie ivresse ; on ne le trouve que là ; il nous parait être un de ces sobriquets inventés par les Juifs qui défiguraient les noms samaritains et, par mépris, les tournaient en ridicule. La ville moderne, Naplouse (Néapolis, ville nouvelle) n’est pas bâtie exactement sur l’emplacement de Sichem, mais à côté. Il en était déjà ainsi du temps de saint Jérôme.
Le puits de Jacob
Près de là est le puits de Jacob, presque entièrement comblé aujourd’hui. Si à Nazareth, à Jéricho, à Bethléem, les souvenirs du premier siècle sont encore vivants, il n’en est pas de même au puits de Jacob. Cette fontaine, immortalisée par l’entretien de Jésus avec la Samaritaine, n’est plus qu’un trou sans profondeur au milieu d’un champ ; l’emplacement en parait bien authentique, mais l’authenticité n’est pas tout. Il faut des ruines, des pierres au moins, quelque chose qui rappelle le passé, qui permette à l’imagination de le reconstruire. Au puits de Jacob, il n’y a rien [Rien sauf une grande dalle d’un mètre carré de superficie et de 0,45 cm d’épaisseur, avec deux trous ronds pour passer les cordes et les cruches], et pour y retrouver Jésus et l’y entendre, il faut se rappeler que d’après les paroles mêmes qu’il y a prononcées, on ne doit pas plus adorer près du puits qu’ailleurs, il faut se rappeler que le culte qu’il a fondé au bord de cette fontaine, est un culte « en esprit et en vérité ».
[NDLR : Depuis la rédaction de cet ouvrage, une église orthodoxe a été construite au-dessus du puits de Jacob : l’église Sainte-Photine]

La Judée – Jérusalem
L’aspect général de la Judée est celui d’un pays de montagnes.
Le sol est rocailleux, la terre aride et desséchée, et si le contraste de la Judée et de la Galilée est encore frappant aujourd’hui, il devait certainement l’être plus encore au premier siècle. En Galilée la nature était tour à tour riante ou grandiose, partout riche et luxuriante, la terre d’une admirable fertilité, l’eau abondante, les champs bien cultivés, le pays tout entier très boisé. En Judée les montagnes dominaient, abruptes, arides, incultes et l’impression générale était celle de la sécheresse et de la désolation.
Jérusalem
La capitale était Jérusalem, la plus grande cité de la Palestine, le siège des autorités religieuses, le centre du culte et de la vie publique, la ville qui attirait immédiatement les regards. Elle est située à douze heures de la Méditerranée et à huit heures du Jourdain.
Son nom
Dans la Genèse elle est appelée Salem (2), et voici comment la tradition juive expliquait le changement de son nom (3) :
« Abraham a appelé cet endroit Jireh et Sem l’a appelé Salem. Et Dieu dit : Si je l’appelle Jireh, cela déplaira au juste Sem, et si je l’appelle Salem, cela déplaira au juste Abraham. Je lui donnerai donc à la fois les noms que chacun lui a donnés. »
Vue générale
Nous commencerons par chercher une vue d’ensemble de la ville au premier siècle et, pour cela, nous monterons sur la colline des Oliviers, nous prendrons le chemin qui mène à Béthanie et nous regarderons Jérusalem telle qu’elle nous apparaît à l’endroit précis où Jésus la vit le jour des Rameaux et pleura sur elle. La première impression est celle d’une ville forte presque imprenable. Une épaisse et haute muraille se dresse au delà du torrent de Cédron, elle est garnie de tours et s’éloigne à droite et à gauche en remontant vers l’Est et l’Ouest pour entourer toute la ville. Quelques-unes des tours dépassent les autres en hauteur. Il y en a surtout trois énormes que l’on aperçoit de l’autre côté de la ville dans l’éloignement. Dans l’enceinte apparaît la masse des maisons groupées, serrées les unes contre les autres ; elles n’ont point de toits mais des terrasses et forment autant de petits cubes de pierres blanches qui se détachent sur le ciel bleu. Elles apparaissent à inégales hauteurs, suivant qu’elles sont ou non sur des collines. Enfin deux édifices gigantesques dominent la cité : le Temple et le palais d’Hérode. Le Temple apparaît comme une forteresse ou plutôt comme une ville fortifiée dans la ville. On distingue à peine au-delà des formidables murailles qui l’entourent plusieurs enceintes successives entourées de portiques et à l’extrémité nord, à droite du spectateur, le sanctuaire lui-même, dont le toit très élevé est tout entier garni d’aiguilles dorées. Enfin, derrière le sanctuaire, séparé du Temple mais, à cette distance, paraissant faire corps avec lui, se dresse un cube monstrueux dont la plate-forme supérieure domine toutes les cours intérieures de l’édifice sacré. C’est la tour Antonia. « Celui qui n’a pas vu Jérusalem, disent les Talmudistes, n’a jamais vu une belle ville [Babyl. Soukah, 51 b]. »
Les murs d’enceinte
Descendons maintenant le mont des Oliviers, approchons-nous de la ville, et, avant d’y entrer, examinons-en l’enceinte. Un mur énorme percé de portes en fait tout le tour ; il environne la colline sur laquelle le Temple est bâti, ferme Jérusalem au Midi entoure aussi la colline de Sion qui est au Sud-Ouest, remonte vers le Nord, et faisant un angle droit au sommet duquel est bâtie la tour Hippicus, il semble entrer en ville et va en ligne droite rejoindre le mur occidental du Temple. C’est une ancienne enceinte, dont la dernière partie est maintenant inutile, car la cité s’est étendue au Nord dans un quartier appelé Acra ou la ville basse. Ce quartier est lui-même environné d’un mur qui l’enferme et, avec lui, le palais du procurateur et la tour Antonia ; enfin, au-delà, toujours au Nord, la ville s’étend encore; des maisons éparses et déjà nombreuses couvrent une colline appelée Bézétha, et, dans quelques années, Hérode Agrippa bâtira une troisième muraille qui, continuant la première enceinte à partir de la tour Hippicus, enfermera un grand espace de terrain, entre autres celui où se trouve le Calvaire, et rejoindra la première enceinte non loin de la piscine de Béthesda et tout près du Temple.
Pendant la vie du Christ, cette enceinte n’est pas faite et l’emplacement du Calvaire est encore hors des portes. Nous empruntons à Josèphe cette distinction très nette des trois murailles. La troisième n’existait pas au temps de Jésus, la première seule servait à la seconde là où la première était devenue inutile.
Les enceintes sont admirablement construites. Les murs sont « pleins de saillies et d’enfoncements [Tacite, Hist., V, 11: « Muri per artem obliqui aut introrsus sinuati » : mur oblique ou courbe] ». Le premier est garni de créneaux et fortifié par soixante tours qui sont séparées les unes des autres par un espace de deux cents coudées (90 mètres). Le deuxième mur a quatorze de ces tours et plus tard le mur d’Agrippa en aura quatre-vingt-dix. La ville, dit Josèphe, a trente-trois stades de circonférence, ce qui fait sept kilomètres environ, mais il ne faut pas oublier qu’il comprend dans cette mesure la muraille d’Agrippa qui ne fut élevée qu’au milieu du premier siècle.
Le chiffre de la population
Quel pouvait être le nombre des habitants de la ville pendant la vie de Jésus ? Il est très difficile de le dire. Les recensements de population sont presque impossibles en Orient, même aujourd’hui. Pour la population actuelle du Caire, par exemple, on hésite entre un minimum de deux cent mille et un maximum de six à sept cent mille. Les témoignages antiques font, pour Jérusalem, presque entièrement défaut. Cicéron, dans une de ses lettres, appelle Jérusalem « une bicoque » [Ad Atticum, II, 9]. Par contre, Hécathée d’Abdère, cité par Josèphe [Contre Appion, I, 22] évaluait le nombre des habitants sous Alexandre le Grand à cent vingt mille. Nous sommes disposés à croire ce chiffre très peu exagéré. Il nous donne un maximum ; quant au minimum on petit le trouver ainsi : la ville actuelle a à peine quinze mille habitants ; si l’on tient compte de ce chiffre et de la place qu’occupaient les anciennes enceintes, on peut donner à la ville antique un minimum de quatre fois quinze mille habitants, c’est-à-dire de soixante mille environ. Jérusalem avait donc au moins soixante mille habitant et au plus cent vingt mille. M. Renan parle de cinquante mille seulement ; ce chiffre est bien faible. Cet auteur ne tient pas compte de l’extrême facilité des orientaux à s’entasser sur un étroit espace. M. Chauvet [Encycl. des Sciences relig. Art. Jérusalem et Collect. les Guides Joanne : l’Orient] suppose quatre-vingt à cent mille âmes, ce qui nous semble beaucoup plus près de la vérité.
Au moment des grandes fêtes, le chiffre de la population augmentait dans une proportion énorme. M. Hausrath [Dans son ouvrage Die Zeit Christi.] va jusqu’à parler de trois millions pour la fête de Pâque. Il est certain que la foule affluait, à ce moment, de tous les points du territoire. On dressait des tentes dans les rues, dans la campagne, les environs immédiats étaient encombrés. Ce détail nous explique pourquoi Jésus, dans les derniers temps de sa vie, sortait de la ville tous les soirs et allait passer la nuit à Béthanie ou dans une ferme du mont des Oliviers. Il ne trouvait pas à se loger à Jérusalem. Nous comprenons aussi qu’autour de la croix, dressée aux portes mêmes, il y eut une véritable foule. Pendant le siège, la population de l’intérieur de Jérusalem fut au moins d’un million.
Les portes
Nous n’avons encore parlé que de l’enceinte ; avant d’entrer dans la ville, examinons les portes. Chacune d’elles forme dans l’épaisseur de la muraille une allée voûtées d’une certaine profondeur et fermée par des battants à ses deux extrémités. C’est ainsi qu’étaient faites aussi toutes les portes du Temple. Au-dessus de la voûte était une chambre spacieuse où pouvaient se tenir ceux qui défendaient l’entrée. Nous ne savons rien de positif sur le nombre des portes et sur l’ordre dans lequel elles étaient placées. Reland, dans son fameux ouvrage sur la Palestine (11), en nomme plusieurs, mais se borne à une simple nomenclature :
1° la porte Ancienne au N.-E. ;
2° la porte d’Éphraïm ou de Benjamin ;au Nord ;
3° la. porte de l’Angle au N.-O. ;
4° la porte de la Vallée,
5° la porte du Fumier;
6° la porte de la Source au S.-E.
Nous ne reconnaissons qu’une seule de ces portes, celle du Fumier ou des Égouts ; elle est indiquée par Néhémie (12) et était près de l’emplacement actuel de la porte. Elle fut appelée aussi porte des Esséniens. Mais il y en avait d’autres que Reland ne nomme pas ; par exemple la porte des Jardins, à l’Est près de laquelle était le Calvaire (13). Le deuxième mur destiné à entourer l’Acra ou la ville basse commençait à cette porte. Elle tirait son nom de plantations d’arbres fruitiers, nombreuses de ce côté de Jérusalem. Au premier siècle ces jardins tendaient à disparaître et étaient remplacés par des maisons. Quelques années plus tard Agrippa fera entrer ces maisons dans la ville en bâtissant le troisième mur. Ces jardins se trouvaient placés sur des terrains très accidentés ; les grottes et les rochers y étaient nombreux ; quelques-uns appartenaient à de riches personnages. Joseph d’Arimathée, membre du Sanhédrin, en possédait un et y avait fait creuser dans le roc un tombeau pour lui et les siens ; le Calvaire était précisément là, dans l’angle formé par le premier et le second mur d’enceinte, au carrefour des routes de la vieille et de la nouvelle ville et à quelque pas de cette porte des Jardins qui fut certainement celle par laquelle Jésus sortit accompagné de Simon, de Cyrène portant la croix.
Nous savons aussi l’existence d’une certaine porte des Poissons (14), mais sans pouvoir en indiquer l’emplacement (15) ; à côté d’elle se trouvait le marché aux poissons tenu par des Tyriens et alimenté par les pêcheurs du lac Tibériade (16).
À l’Est, derrière le Temple, une porte appelée aujourd’hui porte Saint-Etienne (17) était nommée autrefois porte des Brebis ; le réservoir de Béthesda était tout auprès, et c’est par elle que passaient les brebis destinées aux sacrifices. On aime à se représenter que la scène du chapitre X de l’évangile de saint Jean s’est passée près de cette porte. Jésus voyait entrer et sortir les brebis et, suivant sa méthode constante, faisait simplement allusion à ce qui se passait sous ses yeux en disant : « Je suis, moi, la porte des brebis. » Elle était la principale sortie de la ville à l’Est, elle touchait le Temple. Jésus dut sans cesse entrer dans la ville et en sortir par cette porte. C’est par elle qu’il passa le jeudi soir 6 avril 30 (18), quand il sortit de Jérusalem pour aller au jardin des Oliviers où il fut arrêté. Plus loin que l’emplacement de la porte des Brebis et du même côté on voit aujourd’hui un reste de temple d’Hérode (19), une entrée aujourd’hui murée appelée porte d’or (20). Par elle on pénétrait dans les cours intérieures du Temple, et comme elle s’ouvrait sur la vallée de Cédron et le mont des Oliviers, c’est probablement par elle que Jésus passa le dimanche des Rameaux. Nous ne pouvons parler avec précision d’aucune des autres portes de Jérusalem dont Néhémie et d’autres écrivains de l’Ancien Testament nous donnent les noms. Au midi, du reste, il n’y en avait pas (21), le mont Sion était par-là inaccessible.