Que dit réellement l’Église sur l’homosexualité ?

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On nous interroge régulièrement pour savoir quelle est la position de l’Église catholique sur l’homosexualité. Cet article veut essayer de faire le point sur l’enseignement de l’Église et démentir ainsi certaines rumeurs infondées : si l’Église accueille tout homme et toute femme, elle n’a jamais cessé de condamner les pratiques homosexuelles et elle réserve exclusivement le sacrement du mariage aux couples formés par un homme et une femme.

Qu’est-ce que l’homosexualité ?

Définition

Le Catéchisme de l’Église catholique nous en donne une définition dans son article 2357 : « L’homosexualité désigne les relations entre des hommes ou des femmes qui éprouvent une attirance sexuelle, exclusive ou prédominante, envers des personnes du même sexe. »

Quelles sont les causes de l’homosexualité ?

Il va être très difficile de répondre à une question sur les causes et la genèse de l’homosexualité tant les scientifiques, médecins, psychiatres, psychologues… ne sont pas d’accord entre eux.

Certains disent que la cause peut être génétique… mais aucun chercheur n’a, semble-t-il, été encore capable d’identifier le ou les gènes qui seraient responsables de cette attirance. Ceci-dit la génétique est une science très récente qui est loin d’avoir tout découvert.

D’autres disent que c’est une tendance qui est acquise au cours de l’enfance : père absent, mère trop possessive se retrouvent en effet souvent. C’est sans doute parfois vrai mais pas suffisant car on connaît des fratries qui ont reçu strictement la même présence de leurs parents et la même éducation et où un enfant est homosexuel et l’autre non. Donc il y a bien autre chose mais quoi ?

Il est sans doute honnête de répondre aujourd’hui que la cause en est grandement inconnue. Une chose semble toutefois certaine, l’homosexualité n’est pas un choix volontaire de la personne mais elle est état de la psychologie de la personne, une attirance, qui s’impose plus ou moins à elle.

Est-il possible de guérir de l’homosexualité ?

Le terme « guérir » semble désormais peu approprié ; il le serait si on considérait cette orientation psychoaffective comme étant une maladie mentale comme elle a longtemps été considérée. Des essais thérapeutiques ont été menés mais ces « thérapies de conversion » aboutissent rarement aux résultats escomptés ; ces thérapies sont de plus difficilement vécues par ceux qui y ont recours.

Il peut y avoir des formes d’homosexualité transitoires, particulièrement à l’âge de l’adolescence mais, hormis ces cas, il semble qu’il soit très difficile à une personne dont les tendances homosexuelles sont profondément ancrées de changer d’orientation et d’attirance.

Est-il possible d’être catholique et homosexuel ?

La réponse est oui, à certaines conditions.

Voyons ce que la Bible et l’Église en disent.

L’homosexualité dans la Bible

Les passages de l’Écriture évoquant l’homosexualité sont assez peu nombreux toutefois les propos en sont très durs. Dans la Bible, les actes homosexuels constituent des dépravations graves ; ils sont condamnés sans équivoque.

Pour bien comprendre cela, il faut se souvenir que la Création a été voulue comme comportant une différenciation et une complémentarité sexuelles : « Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu il le créa, il les créa homme et femme » Gn 1, 27.

La fécondité naît de cette complémentarité. « Soyez féconds et multipliez-vous, remplissez la terre et soumettez-la. » Gn 1, 28

L’homosexualité est ainsi contraire à la loi naturelle ; elle n’offre pas d’altérité affective et sexuelle. Elle n’est pas féconde car fermée par nature au don de la vie.

Lv 18, 22 : Tu ne coucheras pas avec un homme comme on couche avec une femme. C’est une abomination.

Rm 1, 27 : De même, les hommes ont abandonné les rapports naturels avec les femmes pour brûler de désir les uns pour les autres ; les hommes font avec les hommes des choses infâmes, et ils reçoivent en retour dans leur propre personne le salaire dû à leur égarement.

L’homosexualité et l’Église

L’Église condamne la pratique homosexuelle mais pas les personnes homosexuelles. L’Église se refuse en effet de réduire une personne à ses actes ; la personne vaut toujours plus que ses actes et un progrès moral peut toujours être espéré d’une personne.

Comme toujours en morale, l’Église distingue donc entre les actes et les personnes : « Dieu ne veut pas la mort du pécheur mais qu’il se convertisse et qu’il vive » (Ez 18, 32). L’Église différencie ainsi la personne, son orientation psychoaffective et les actes que la personne peut poser : la personne homosexuelle n’est pas responsable de son orientation sexuelle ; seul l’acte homosexuel est foncièrement désordonné (ou pour être plus exact, on devrait utiliser le terme latin de l’exhortation apostolique Familiaris consotio : “inordinatos”…  littéralement « non ordonnés » plutôt que « désordonnés »). Ces actes ne sont pas conformes avec le dessein créateur de Dieu. Redisons-le : l’Église désapprouve donc les actes mais pas les personnes. Ce n’est donc pas un péché d’être homosexuel mais c’est un péché d’entretenir des relations homosexuelles.

 Aussi, la personne homosexuelle doit-elle être accueillie avec « respect, compassion et délicatesse » continue le Catéchisme (n°2358).

Comment un homosexuel catholique doit-il vivre sa foi ?

La personne homosexuelle est invitée à s’unir au sacrifice de la Croix

S’unir au sacrifice rédempteur du Christ est la vocation de tout chrétien (Mt 16, 24 ; Mc 8, 34 ; Lc 9, 23 ; Jn 12, 26) ; tous les baptisés sont invités à offrir ce qui manque à la Passion du Christ (Col 1, 24). Aussi, les personnes homosexuelles sont aussi invitées à s’associer à la Passion et à offrir par exemple cette situation qu’elles n’ont pas choisie, qu’elles subissent parfois, pour l’offrir en don joyeux au Seigneur Jésus. Ce don participera à la gloire de Dieu et au le salut du monde, comme l’affirme la Prière eucharistique n°4 « Afin que leur vie, que notre vie, ne soit plus à elles-mêmes, à nous-mêmes, mais à Lui ».

La personne homosexuelle est appelée à la chasteté

Il est intéressant de voir que les trois articles du Catéchisme de l’Église catholique traitant de l’homosexualité (n°2357 à 2359) figurent dans une partie intitulée « La vocation à la chasteté ».

La chasteté concerne en fait chaque personne comme une dynamique de vie. Être chaste concerne tout homme, toute femme. Être chaste est être à la bonne distance de l’autre, avoir une conduite ajustée. Être chaste, c’est accepter que l’autre ne soit pas ma chose, mon jouet, mon instrument de plaisir ou de domination. Être chaste, c’est vouloir pour l’autre ce qu’il y a de meilleur.

L’homme n’est pas un animal prisonnier de ses glandes, de ses humeurs et de ses instincts. Il est raisonnable et, comme tel, il est capable de résister à ses désirs, à ses pulsions et plus largement à la tentation.

L’homme est fait pour le don complet et les personnes homosexuelles n’y échappent pas. Elles sont particulièrement appelées à une relation chaste et continente. À aucun moment, il n’est dit que cela sera facile. À aucun moment, il n’est dit qu’il n’y aura pas de chute : il faut qu’elles en aient le le désir et qu’elles prennent résolument les moyens naturels (saines fréquentations, saines lectures, saines distractions…) et surnaturels (prière, mortification, confession, communion…) pour y parvenir. C’est dans ce don chaste et continent que la personne homosexuelles trouvera la fécondité surnaturelle de sa vie, associée au vrai bonheur que représente l’union dès ici bas avec la volonté du Seigneur.

La personne homosexuelle est appelée à la sainteté

Comme tout baptisé, la personne homosexuelle est appelée à la sainteté ou, comme le dit le Catéchisme « à se rapprocher … de la perfection chrétienne ». Le Catéchisme emploie pour décrire ce chemin de perfection deux adverbes : graduellement et résolument.

Graduellement car, hélas, souvent, il peut y avoir des accidents de parcours, des avancées significatives mais aussi des reculs ; des moments de stagnation et des moments d’avancées foudroyantes (une conversion instantanée, une libération immédiate…).

Résolument parce qu’emprunter ce chemin de perfection demande de la volonté et un engagement complet de la personne homosexuelle. Il faut que la personne le désire ardemment ; il faut qu’elle sache qu’elle peut y parvenir en comptant sur la grâce plus que sur ses propres forces.

Et les propos du pape dans tout cela ?

Beaucoup de chrétiens d’autres confessions sont régulièrement choquées par les propos du pape, souvent sortis de leur contexte et interprétés de mauvaise foi par des pasteurs dont on peut douter de l’honnêteté.

 En acceptant ce que dit le catéchisme, il n’y a pas lieu de condamner les propos qu’il a tenus à propos de l’homosexualité : « Le problème n’est pas d’avoir cette tendance, c’est de faire du lobbying. C’est le problème le plus grave selon moi. Si une personne est gay et cherche le Seigneur avec bonne volonté, qui suis-je pour la juger ? ».

Nous voyons que le pape ne condamne pas la personne homosexuelle mais il condamne ce qu’on appelle le lobby gay qui cherche à faire admettre l’homosexualité comme normale partout dans la société quitte à surmédiatiser ce qui ne concerne qu’une petite minorité de la population.

Rome a d’ailleurs rappelé récemment encore, pas plus tard qu’en mars 2021, l’impossibilité d’accorder une bénédiction aux unions homosexuelles :  Saint Siège: les unions homosexuelles ne peuvent pas être bénies – Vatican News

En guise de conclusion

La condamnation biblique des pratiques homosexuelles est rappelée dans l’Église. Toutefois, si l’Église condamne les actes homosexuels, elle accueille avec « avec respect, compassion et délicatesse » les personnes homosexuelles en évitant « toute marque de discrimination injuste ». L’Église accompagnera volontiers les personnes homosexuelles, auxquelles elle propose des chemins de croissance dans la foi.

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Frère Hervé

Je suis un religieux ermite, consacré dans cette forme de vie par mon évêque. Je réside en France et suis passionné par la recherche de la Vérité dans l’Écriture sainte, dans la philosophie et la théologie.

Cet article a 8 commentaires

  1. KUEGAH-TOYO À. PASCAL

    Formidable ! Dieu est miséricordieux et il veut que tous ses enfants le soient aussi

  2. Mahugnon Innocent

    Je suis en accord avec mes conclusions..qui condamnent l’homosexualité .Dieu ne veut pas la mort du pécheur.En aucun cas une église qui obéit aux Saintes écritures ne peut accepter un homosexuel pratiquant….non repentant..quelle abomination….

  3. Rogatial

    C’est quoi vous appelez “non répentant” ? Si Dieu refuse les”non repentant”qui vivrait encore ? Tous les jours, nous faisons tous des efforts pour la repentance dans tel ou tel domaine. Eux, leur domaine de faiblesse, c’est l’homosexualité. Avec la prière, Dieu agira en leur faveur.

  4. KPADONOU Aimé

    Bonsoir mon cher.
    Je veux comprendre, un homosexuel pratiquant ne doit pas venir à l’Église❓
    N’a-t-il pas dire que les unions homosexuelles ne peuvent pas être bénies❓
    Ou bien vous voulez qu’on les chasse de l’Eglise❓
    Et les gaymanes, que fera l’Église d’eux ❓

    1. Frère Hervé

      Avez-vous pris le temps de lire attentivement l’article ? J’en doute à la vue de votre commentaire !
      Une personne homosexuelle est la bienvenue à l’Église comme l’est d’ailleurs toute personne : le pape dit souvent que l’Église est un hôpital de campagne fait pour les boiteux et les estropiés. Il dit aussi que nul n’est de trop dans l’Église. Et le Seigneur nous a prévenu : les prostituées nous précèderont dans le Royaume.
      Mais ce n’est pas parce que les personnes sont accueillies avec bienveillance que l’Eglise accepte d’elles tout et n’importe quoi. La bienveillance vise à faire grandir la personne jusqu’à la sainteté.
      L’Église, à l’image de son Seigneur, est donc miséricordieuse mais exigeante ; elle n’admet donc ni les pratiques homosexuelles ni les unions entre personnes de même sexe. Les unions homosexuelles, quelque soit le nom qu’on leur donne dans différents pays, ne peuvent pas être bénies.
      On ne peut comparer la personne homosexuelle avec les gaymans ou brouteurs. Je ne vois absolument pas le rapport !
      Autant une personne peut rester homosexuelle toute sa vie et cela aura un impact sur son quotidien, autant brouteur est une activité que la personne peut décider d’arrêter du jour au lendemain pour se livrer à une autre activité que j’espère plus honnête. La personne n’est donc pas foncièrement au plus profond de sa psychologie un brouteur ou un gayman. C’est juste une activité… malhonnête à laquelle elle se livre. Il faut donc éviter les amalgames douteux.

  5. Dezzou

    Ces clés de compréhension permettent de connaître clairement la position de l’église vis à vis de nos frères homosexuels . Merci Frère Hervé.

  6. TIOLÉ Sami Dénis

    J’avoue que je n’ai pas bien compris. J’espère qu’avec les réponses aux questions suivantes, ma lanterne sera éclairée. Qui est une personne homosexuelle ? La personne homosexuelle peut elle recevoir la communion ?

    1. Abbé Jean Oussou-Kicho

      La personne homosexuelle est celle-là qui pratique l’homosexualité. Cette personne vit donc sa tendance en pratiquant l’homosexualité. Dans ce cas, elle ne peut communier au Corps du Christ.

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