Constantin, fondateur de l’Église catholique ?

Église catholique
Église catholique

On entend souvent dire que le Christ est venu annoncer Dieu et qu’il n’avait nullement l’intention de créer une religion ni de fonder une Église. En conséquence, les chrétiens non catholiques disent que l’Église catholique a pour fondateur l’empéreur Constantin. Que répondre à ceux qui affirment cela ?

L'histoire avant Constantin

À l’origine, les chrétiens n’étaient même pas appelés chrétiens. Ils étaient appelés « disciples » (c’est-à-dire « étudiants ») de Jésus de Nazareth. Plus tard, dans la ville d’Antioche, ils reçurent le nom de « chrétiens » (Ac 11, 26). Ce terme s’est répandu très rapidement, probablement au grand dam des individus juifs qui ne souhaitaient pas reconnaître Jésus comme le Messie, le Christ.

Les protestants affirment très souvent que Jésus a fondé une Église « chrétienne » et que c’est par la suite, beaucoup plus tard dans l’histoire chrétienne, que des hommes, particulièrement l’empereur romain Constantin, ont fondé l’Église « catholique ».

Sans aucun doute, les disciples de l’Église primitive sont connus sous le nom de « chrétiens » comme nous l’avons déjà dit quelques lignes plus haut et comme cela nous est rapporté en Ac 11,26. Mais cela signifie-t-il que leur Église n’était pas l’Église catholique ?

Une petite étude historique de l’église d’Antioche révèle que l’Église de ces premiers chrétiens était bien, en effet,… l’Église catholique.

L’une des choses que Pierre a faites avant d’aller à Rome a été de fonder l’Église d’Antioche, la troisième plus grande ville de l’Empire romain à l’époque. Il y ordonna un disciple nommé Evodius à l’épiscopat et le nomma évêque d’Antioche. Evodius est considéré par beaucoup comme l’un des soixante-dix disciples que Jésus a nommés pour le précéder dans les villes et les lieux où il a enseigné au cours de son deuxième voyage missionnaire (voir Lc 10, 1). C’est sous le règne d’Evodius en tant qu’évêque d’Antioche que les disciples y furent pour la première fois appelés chrétiens. Mais ce n’est pas la fin de l’histoire !

Ignace d'Antioche et la première trace de l'expression "catholique"

Alors que Paul enseignait les chrétiens à Antioche pendant le règne d’Evodius, un autre jeune disciple gravissait les échelons. Son nom était Ignace, et il deviendra plus tard connu sous le nom de saint Ignace d’Antioche, un des premiers martyrs chrétiens. Ignace était un disciple de Jean. La légende (est-ce vrai ? faux ?) raconte que, bien plus tôt dans sa vie, Ignace était l’enfant que Jésus prit dans ses bras dans un passage enregistré par Marc :

« [Jésus] s’assit et appela les Douze ; et il leur dit : Si quelqu’un veut être le premier, il faut qu’il soit le dernier de tous et le serviteur de tous. Et il prit un enfant, et le plaça au milieu d’eux ; et le prenant dans ses bras, il leur dit : « Quiconque reçoit un tel enfant en mon nom me reçoit ; et quiconque me reçoit, ne me reçoit pas, mais celui qui m’a envoyé (Mc 11,35-37). Cette légende toutefois témoigne de la grande estime dont jouissent la mémoire et la réputation d’Ignace depuis les premiers siècles de l’Église.

À Antioche, Ignace est ordonné par Paul, puis, à la fin du règne d’Evodius, il est nommé évêque d’Antioche par Pierre. Il y régna de nombreuses années avant son martyre à Rome. En route vers Rome pour être martyrisé, il écrivit plusieurs lettres à d’autres chrétiens dans divers endroits, exposant la théologie chrétienne. Il a particulièrement mis l’accent sur l’unité entre les chrétiens (cf. Jn 17) et est devenu comme un Père apostolique de l’Église.

Dans une de ses lettres (aux chrétiens de la ville de Smyrne), il a écrit : « Là où il y a le Christ Jésus, là est l’Église catholique. » Il s’agit de la première trace écrite connue du terme « Église catholique » ; cette lettre a été écrite vers l’an 107, mais Ignace a apparemment utilisé ce terme avec la présomption que les chrétiens de son époque la connaissaient bien. En d’autres termes, même s’il s’agit de la première trace écrite connue du terme, le terme était probablement utilisé depuis un certain temps à ce moment-là, remontant à l’époque des apôtres.

En effet, il y a de fortes chances pour qu’Ignace n’ait pas inventé lui-même le terme mais qu’il l’ait simplement repris. Cette expression a sans doute été utilisée dans d’autres écrits chrétiens avant cela, mais nous n’en avons aucune trace. On voit qu’Ignace écrit de telle manière qu’il s’attend à ce que ses lecteurs connaissent déjà ce terme et ce qu’il signifie. Il utilise également le terme dans plus d’une de ses lettres, ce qui montre que l’emploi en était déjà très courant et largement diffusé.

Pour qu’il soit déjà diffusé d’une manière aussi large au tout début du 2e siècle, le terme a probablement été inventé dans la seconde moitié du premier siècle. Nous ne savons pas qui l’a utilisé le premier, mais c’était une description appropriée de l’Église fondée par le Christ et il était donc déjà d’usage général au moment où Ignace a écrit.

Comprendre "Chrétien" et "catholique"

Le terme « Église catholique » (en grec katholike ekklesia) signifie au sens large « assemblée universelle », et Ignace l’a utilisé lorsqu’il écrivait aux chrétiens de Smyrne comme un terme d’unité. Il a exhorté ces chrétiens à suivre leur évêque tout comme l’assemblée universelle plus large (c’est-à-dire l’Église catholique) des chrétiens suit le Christ. Il utilise clairement et distinctement les termes « chrétien » et « Église catholique » : les disciples du Christ sont chrétiens ; l’assemblée universelle des chrétiens est l’Église catholique. L’idée était apparemment qu’il s’agissait de chrétiens qui croyaient et pratiquaient selon ce que le corps des chrétiens dans son ensemble faisait, contrairement à ce qu’un groupe particulier pensait ou faisait.

En effet, à l’époque, différents groupes avaient déjà commencé à se détacher de la communauté chrétienne originale, tombant soit dans l’hérésie (c’est-à-dire professant des erreurs), soit dans le schisme (c’est-à-dire se coupant de l’autorité et de la communion). Ces groupes souhaitaient toujours se présenter comme « chrétiens ».

Par conséquent, l’emploi d’un nouveau mot était nécessaire pour distinguer les chrétiens appartenant à l’Église que le Christ a fondée de ceux appartenant aux Églises qui s’en étaient séparées.

Certains pourraient prétendre qu’Ignace avait l’intention d’utiliser le terme « Église catholique » non pas comme un nom propre pour l’Église, mais seulement comme une référence générale à l’ensemble plus large des chrétiens. Or, il est manifeste dans ses écrits, qu’il désigne par l’expression « catholiques » les chrétiens qui conservent une foi droite. L’assemblée universelle qu’il décrit n’avait peut-être pas encore de nom propre officiel, mais le terme « Église catholique » a continué à être utilisée jusqu’à ce qu’il devienne le nom propre de l’unique église que Christ a bâtie sur Pierre et ses successeurs.

Ainsi, nous voyons que les chrétiens d’Antioche faisaient partie, vers l’an 107, de ce qu’on appelait déjà à l’époque l’Église catholique. C’étaient bien des disciples chrétiens qui étaient aussi catholiques. Étant donnée la chaîne de succession ininterrompue à Antioche – de Pierre (envoyé par le Christ lui-même) à Evodius (choisi par Pierre) puis à Ignace – si un chrétien aujourd’hui souhaite s’identifier aux chrétiens bibliques du premier siècle mentionnés dans Ac 11, il s’ensuit assez logiquement qu’il doit également s’identifier avec cette même assemblée universelle de chrétiens qui est l’« Église catholique ».

Constantin fondateur de l'Église catholique : vérité contre-historique

Cela n’a donc rien à voir avec l’empereur Constantin comme le soutiennent des protestants ignorants de l’histoire de l’Église ou soucieux de camoufler ce qui ne va pas dans leur sens. Il s’agit ni plus ni moins d’une vérité contre historique.

Constantin a vécu de 272 à 337 et a régné de 306 à sa mort, soit plus de 200 ans après le premier emploi du mot catholique qui nous a été rapporté. Le terme était alors déjà très largement employé.

L’Église catholique a été fondée par Jésus-Christ lui-même. C’est la SEULE Église (avec l’Église orthodoxe qui partage la même racine historique) à pouvoir se prévaloir de cette paternité divine. TOUTES les autres « Églises » ont été fondées par des hommes qui n’en avaient pas le droit et ces assemblées de fidèles ne devraient même pas utiliser le terme « Église ». Quant au brave Constantin, il n’est vraiment pour rien dans la fondation de l’Église. Son seul mérite a été de permettre librement l’exercice du culte catholique dans l’Empire romain et de faire cesser les persécutions.

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Frère Hervé

Je suis un religieux ermite, consacré dans cette forme de vie par mon évêque. Je réside en France et suis passionné par la recherche de la Vérité dans l’Écriture sainte, dans la philosophie et la théologie.

Cet article a 4 commentaires

  1. Donan

    Bonjour frère Hervé
    Il n’y a pas de vérité dans une religion, dans la philosophie et la théologie en d’autres termes aucun autres documents à part la sainte Bible ne contient de vérité

    1. Frère Hervé

      Sauf que… la philosophie et la théologie sont directement tirés de l’Écriture sainte et contiennent plus de vérité que la phrase que vous avez écrite qui ne comporte, elle, aucune vérité !

  2. Donan

    Merci Hervé
    J’ai eu ce que je voulais
    À bientôt

  3. Frère Hervé

    “Si un catholique est sauvé,ce que Dieu s’est trompé”
    Comment peut-on dire cela ?
    Vous vous placez donc au-dessus de Dieu !
    Quel orgueil !
    Que Dieu vous pardonne !

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