Quand Jésus est-il mort précisément ?

Jésus crucifié
Jésus crucifié

La mort de Jésus et sa résurrection sont les événements les plus importants depuis la création du monde.

« Et vous, vous étiez jadis étrangers à Dieu, et même ses ennemis, par vos pensées et vos actes mauvais. Mais maintenant, Dieu vous a réconciliés avec lui, dans le corps du Christ, son corps de chair, par sa mort, afin de vous introduire en sa présence, saints, immaculés, irréprochables. » (Colossiens 1, 21-22).

Par la résurrection du Christ, Dieu nous a miséricordieusement « a fait renaître pour une vivante espérance grâce à la résurrection de Jésus Christ d’entre les morts » (1 Pierre 1, 3).

Comme pour la plupart des événements qu’elle rapporte, la Bible ne nous donne pas la date exacte à laquelle Jésus est mort ; il faut dire qu’alors le rapport aux dates et au calendrier était très différent de celui qui est le nôtre aujourd’hui. Mais pouvons-nous déterminer cette date avec une assez grande précision ?

Quand Jésus est-il mort ?

On ne connaît pas la date avec précision mais il y a deux hypothèses très plausibles qu’on détermine au moyen de l’Ecriture sainte et de données historiques. Cela permet d’aboutir soit au vendredi 7 avril de l’an 30 soit au vendredi 3 avril 33.

1er indice : Caïphe

Les évangiles indiquent que Jésus a été crucifié à l’instigation du Grand prêtre qui était alors Caïphe (Mt 26, 3 ; Jn 11, 49-53). Les historiens nous apprennent que Caïphe a servi comme Grand prêtre de 18 à 36 après JC, ce qui place la mort de Jésus dans cette période. Mais cette fourchette de 18 ans n’est guère précise !

2e indice : Ponce Pilate

Les quatre évangiles s’accordent à dire que Jésus a été crucifié sur ordre de Ponce Pilate (Mt 27, 24-26 ; Marc 15, 15 ; Luc 23, 24 ; Jean 19, 15-16).

Là encore, nous connaissons les dates où Ponce Pilate a servi comme gouverneur de Judée : de 26 à 36 après JC. Cela nous permet donc de réduire la fourchette de 18 ans comme précédemment à une dizaine d’années. Mais c’est encore trop approximatif.

3e indice : Tibère

L’évangile de Luc nous fournit beaucoup de détails historique pour nous indiquer quand le ministère de Jean-Baptiste a commencé : « L’an quinze du règne de l’empereur Tibère, Ponce Pilate étant gouverneur de la Judée, Hérode étant alors au pouvoir en Galilée, son frère Philippe dans le pays d’Iturée et de Traconitide, Lysanias en Abilène, les grands prêtres étant Hanne et Caïphe, » (Lc 3, 1-2). Tibère a commencé son règne le 18 septembre de l’an 14. Jean Baptiste a donc dû commencer son ministère en l’an 29 ou 30.

Étant donné que les quatre évangiles décrivent le ministère du Christ postérieur à celui de Jean-Baptiste (Mt 3, Mc 1, Lc 3, Jn 1), cela signifie que nous pouvons gagner quelques années en précision.

La mort du Christ doit donc se situer dans une fourchette comprise entre l’an 29 (15 ans après le début du règne de Tibère) et l’an 36 après JC (fin des services de Caïphe et de Ponce Pilate), soit une fourchette de 7 années.

4e indice : Un vendredi

Les quatre évangiles conviennent que Jésus a été crucifié un vendredi (Mt 27, 62 ; Mc 15, 42 ; Lc 23, 54 ; Jn 19, 42), juste avant un sabbat, juste avant le premier jour de la semaine (Mt 28, 1, Mc 16, 2, Lc 24, 1, Jn 20, 1).

Nous savons que c’était un vendredi parce qu’il est appelé « le jour de la préparation » (Mc 15, 2 ; Jn 19, 14) – c’est-à-dire le jour où les Juifs faisaient les préparatifs dont ils avaient besoin pour le sabbat, car ils ne pouvaient faire aucun travail le jour du sabbat, même pas la cuisine. Ainsi cuisinait donc à l’avance les aliments et faisait les autres préparations nécessaires dès la veille.

Cela élimine donc six des jours de la semaine, mais il y avait encore pas mal de vendredis entre 29 et 36 après JC. Peut-on savoir lequel ?

Indice n°5 : Un vendredi à Pessah

Les évangiles conviennent également que Jésus a été crucifié en conjonction avec la fête annuelle de la Pâque (Mt 26,2 ; Mc 14,1 ; Luc 22, 1 ; Jean 18, 39).

Ici, nous rencontrons une complication momentanée, car Matthieu, Marc et Luc semblent décrire le dernier repas du Seigneur comme un repas pascal (Mt 26, 19 ; Marc 14, 14 ; Luc 22, 15). Cela suggérerait donc que le Vendredi Saint était le lendemain de la Pâque.

Cependant, en décrivant le matin des évènements, Jean indique en toutes lettres que les autorités juives n’avaient pas encore mangé le repas de la Pâque :
« Alors on emmène Jésus de chez Caïphe au Prétoire. C’était le matin. Ceux qui l’avaient amené n’entrèrent pas dans le Prétoire, pour éviter une souillure et pouvoir manger l’agneau pascal. Pilate sortit donc à leur rencontre » (Jn 18, 28-29a).

Cela suggère que la Pâque aurait donc commencé le vendredi au coucher du soleil.
Il existe plusieurs façons de résoudre ce problème. Par exemple, certains ont suggéré que Jésus – qui s’était déclaré Maître du sabbat – et ses disciples utilisaient un calendrier différent de celui des autorités juives (nous savons qu’il y avait différents calendriers utilisés dans le judaïsme du premier siècle).

Il est également possible que Jésus ait simplement avancé la date de la célébration de la Pâque pour lui et ses disciples qui étaient déjà convaincus qu’il était le Messie et le Fils de Dieu. S’il dit : « Nous célébrons la Pâque aujourd’hui », et que c’est un jour plus tôt que la plupart des gens, c’est parce que c’est justifié. (Il faut noter que Jésus a apporté d’ailleurs des modifications au traditionnel repas du Céder, le repas pascal, comme l’institution de l’Eucharistie au milieu de celui-ci.)

Cela nous permet de réduire l’éventail des dates possibles ! La liste de vendredis qui précèdent un sabbat de Pâque dans la fourchette entre l’an 29 et l’an 36 se limite à deux dates : le vendredi 7 avril 30 après JC ou le vendredi 3 avril 33 après JC. Jésus a été crucifié a une de ces deux dates.

Laquelle était-ce ? Les avis divergent aujourd’hui encore.
Les évangiles nous permettent-ils de trancher entre les deux ?
Un certain nombre de facteurs nous permettent d’identifier l’année de la mort de Jésus.

Personnellement, j’opte davantage pour l’an 33 que pour l’an 30. La date me paraît en effet plus crédible. Ceux qui optent pour la date antérieure (7 avril 30 après JC) le font en se basant sur le fait que Jean-Baptiste aurait pu commencer son ministère plus tôt ; Tibère et Auguste auraient pu mener une corégence qui n’est pourtant pas attestée). La date ultérieure me semble donc plus conforme aux archives historiques.

Indice n°6 : Les trois Pâques de Jean

L’Évangile de Jean enregistre trois Pâques différentes pendant le ministère de Jésus :

Pâque n°1 : Elle est mentionnée en Jean 2,13, vers le début du ministère de Jésus.

Pâque n°2 : Ceci est mentionnée en Jean 6,4, au milieu du ministère de Jésus.

Pâque n°3 : Ceci est citée en Jean 11,55 (et fréquemment mentionnée par la suite), à la fin du ministère de Jésus.

Cela signifie que le ministère de Jésus s’est étendu sur plus de deux années. En effet, si nous supposons que son ministère avait commencé juste avant la première Pâque qui nous est relatée, l’ajout de deux autres Pâques montre que sa prédication a duré au strict minimum plus de deux ans… et donc que la date de l’an 30 se trouve dépassée.

Il n’y a pas assez de temps entre la quinzième année de Tibère César – 29 après JC – et la Pâque de l’année suivante pour que Jésus ait pu exercer un ministère d’au moins deux ans. Cela coince au niveau des chiffres.

En conséquence, je pense que la date traditionnelle de la mort de Jésus – le vendredi 3 de l’an 33 – doit être considérée comme étant la bonne date.
Peut-on être encore plus précis ?

Indice n°7 : "La neuvième heure"

Matthieu, Marc et Luc rapportent chacun que Jésus est mort vers “la neuvième heure” (Mt 27, 45-50 ; Marc 15, 34-37 , Luc 23, 44-46).
« La neuvième heure » est ce que nous appellerions aujourd’hui 15h00.
Cela nous permet de déterminer un moment très précis de l’heure de la mort de Jésus dans l’histoire : Jésus est mort vers 15h00 le vendredi 3 avril de l’an 33, sur une colline de Jérusalem où le condamnés étaient mis à mort : le Golgotha. Il avait sans doute près de 40 ans.

Jésus n'avait pas 33 ans à sa mort ?

Aucun passage de l’Ecriture ne permet de dire que Jésus avait 33 ans au moment de sa mort. Cet âge est avancé en conjuguant la durée de son ministère public (environ 3 ans) avec l’âge donné par Lc 3, 23 : « Quand il commença, Jésus avait environ trente ans ». Il faut bien remarquer le « environ » ; l’âge est approximatif.

C’est un moine, Denys le Petit, qui au 7e siècle a essayé de déterminer l’année de naissance de Jésus. Il situe la date en 753 après la fondation de Rome qui était jusqu’alors le point de repère des calendriers. La date que le moine a déterminée deviendra l’an 1 de notre ère et nos calendriers se servent toujours de cette date.

Mais nous sommes malheureusement aujourd’hui certains que Denys le Petit s’est trompé dans son raisonnement, établi à partir des dates des empereurs romains et des rois juifs.

Jésus étant né sous le règne d’Hérode, et Hérode étant mort en l’an 750 de la fondation de Rome, la date que Denys a donnée n’est pas bonne… le Christ serait donc plutôt né entre l’an – 6 et l’an – 3 avant notre ère. Cette petite erreur, le pape Benoît XVI l’a soulignée dans son ouvrage, l’Enfance de Jésus. Il y indique que la date historique de la naissance de Jésus est probablement fixée quelques années auparavant.
Jésus aurait donc approché de la quarantaine d’années lors de son exécution.

Mais j’aurai tendance à dire que quelles que soient les dates réelles de la naissance et de la mort de Jésus, celles-ci ne sont pas ce qu’il y a de plus important. Ce qui est important, c’est que ce soit arrivé dans notre histoire ! Que Jésus, Fils unique de Dieu, soit né dans un corps d’homme, qu’il soit mort et ressuscité pour nous.

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Frère Hervé

Je suis un religieux ermite, consacré dans cette forme de vie par mon évêque. Je réside en France et suis passionné par la recherche de la Vérité dans l’Écriture sainte, dans la philosophie et la théologie.