Le rite pénitentiel de la messe remplace-t-il la confession ?

Confessionnal
Confessionnal

Plusieurs personnes ne savent plus pensent que le rite pénitentiel au début de la messe les diriment de se rapprocher du sacrement de la réconciliation. Cet article très pratique nous explique très clairement la différence des deux célébrations et leur relation possible.

Un texte qui date du tout début de l’Église, la Didachè, commande : « Réunissez-vous le jour du Seigneur, rompez le pain et rendez grâces, après avoir d’abord confessé vos péchés, afin que votre sacrifice soit pur » (Didachè, n°14).

Ce texte note que le peuple se rassemblait le jour du Seigneur et rendait grâce « après avoir d’abord confessé ses péchés ». Toutefois, pendant de nombreux siècles, la messe n’avait pas à proprement parlé de rite pénitentiel. Le Confiteor (Je confesse…) faisait partie des prières privées dites par le prêtre et les servants au pied de l’autel. Depuis le second concile du Vatican, un bref rite pénitentiel a été ajouté qui trouve sa source à la fois dans l’Écriture (Mt 5,23-25) et dans la tradition.

Qu’est-ce que le rite pénitentiel de la messe ?

Le rite pénitentiel consiste une prière que commence le prêtre en disant : « Frères et sœurs, préparons-nous à célébrer le mystère de l’eucharistie, en reconnaissant que nous avons péché ». Le prêtre a le choix entre quatre formules de rite pénitentiel. Celui-ci se termine par une formule de demande de pardon qui va être suivi certains dimanches par le Gloria sinon directement par la prière d’ouverture qu’on appelle aussi « collecte ».

Comme l’indique la formulation de la prière d’ouverture du rite pénitentiel, celui-ci a un but spécifique : reconnaître nos péchés. Nous nous préparons ainsi à la célébration du mystère de l’eucharistie. Plus précisément, nous allons célébrer le « grand mystère » dont parle saint Paul dans sa Lettre aux Éphésiens (cf. Ép 5,32) – le mystère de notre vocation à la communion totale avec Dieu, rendue réelle dans notre réception de la communion à la messe.


Le rite pénitentiel progresse à travers un triple mouvement qui est le modèle de la vie spirituelle en général. Nous commençons par reconnaître le fait que nous n’avons pas atteint le dessein de Dieu. Ensuite, nous demandons sa miséricorde et son pardon. Enfin, nous recevons la paix qui vient non seulement avec le pardon, mais avec la remise en conformité de notre vie avec le plan de Dieu.

Un même rite – Quatre options

Cet acte pénitentiel propose plusieurs options au choix du prêtre. Après l’invitation du prêtre à nous souvenir de nos péchés et une pause pour une réflexion silencieuse, le prêtre choisira une des trois options principales.

1ère option

Tout d’abord, le prêtre peut inviter à la récitation du Confiteor (Je confesse…), une prière qui reconnaît la dimension sociale du péché que nous détaillerons un peu plus loin. La récitation du Confiteor terminée, le prêtre prononce alors la formule de demande de pardon : « Que Dieu Tout-Puissant nous fasse miséricorde ; qu’il nous pardonne nos péchés et nous conduise à la vie éternelle. » et on enchaîne sur le chant ou la récitation du triple « Seigneur, prends pitié ; Ô Christ, prends pitié ; Seigneur, prends pitié » en français, « Kyrie eleison, Christe eleison, Kyrie eleison » en grec ou dans la langue locale. Saint Paul a utilisé le mot Kyrios, Seigneur, pour manifester la divinité du Christ.

2e option

Le prêtre dispose d’une autre option inspirée des Écritures. Il s’agit d’un double échange avec l’assemblée :

Prends pitié de nous, Seigneur. R/. Nous avons péché contre toi. (Ba 3,2)
Montre-nous, Seigneur, ta miséricorde. R/. Et donne-nous ton salut (Ps 84,8).

Le prêtre termine là encore par la formule de demande de pardon puis la récitation ou le chant du Kyrie eleison de la même manière que dans la première option.

3e option

Le prêtre peut aussi inviter les fidèles à répondre à une série d’invocations adressées au Christ. Il s’agissait autrefois d’une longue litanie qui a été raccourcie au 6e siècle. Elle se compose maintenant de trois versets (tropes) qui se terminent par la triple réponse « Seigneur, prends pitié ; Ô Christ, prends pitié ; Seigneur, prends pitié » ou en grec « Kyrie eleison, Christe eleison, Kyrie eleison ». Ces tropes peuvent être lus ou chantés.

« Seigneur Jésus, envoyé pour guérir les cœurs qui reviennent vers toi : Seigneur, prends pitié.
R/. Seigneur, prends pitié.
Ô Christ, venu appeler les pécheurs : ô Christ, prends pitié.
R/. Ô Christ, prends pitié.
Seigneur, qui sièges à la droite du Père où tu intercèdes pour nous : Seigneur, prends pitié.
R/. Seigneur, prends pitié. 
»

Le prêtre demande alors le pardon du Seigneur comme à l’accoutumée mais comme le Kyrie était inclus dans chacun des tropes, on ne le reprend pas une nouvelle fois. La messe se poursuit donc, selon ce qu’il convient, par le Gloria (fêtes et dimanches hors avent et carême) ou directement par la prière d’ouverture.

4e et dernière option

Une dernière option peut enfin être utilisée le dimanche, en particulier pendant le Temps pascal. L’introduction diffère en ce sens que le prêtre invite à prier avant de bénir l’eau : « Frères et sœurs bien aimés, demandons au Seigneur de bénir cette eau qu’il a créée ; nous allons en être aspergés en mémoire de notre baptême : que Dieu nous vienne en aide, afin que nous demeurions fidèles à l’Esprit que nous avons reçu ». L’eau est ensuite bénite par le prêtre et aspergée sur les gens comme un rappel de leur baptême et de la réconciliation apportée par le Christ. Le rite d’aspersion vient du psaume 50,9 : « Purifie-moi avec l’hysope, et je serai pur ; lave-moi et je serai blanc, plus que la neige ». Pendant le Temps pascal, ce chant d’aspersion traditionnel est remplacé par le chant du Vidi Aquam (J’ai vu l’eau vive…), un texte à propos de l’eau qui coule du Temple. (Éz 47,1, 8-9).

Une fois l’aspersion achevée, au siège de présidence, le prêtre conclut le rite pénitentiel en disant : « Que Dieu Tout-Puissant nous purifie de nos péchés et, par la célébration de cette eucharistie, nous rende dignes de participer à la table de son Royaume ».

Nous reconnaissons nos fautes : le Confiteor

Nous pensons souvent au « péché » comme la violation d’un commandement arbitraire. Cependant, l’origine du mot « péché » est en fait un terme tiré du tir à l’arc qui signifie « manquer la cible » ou « rater le but ». Lorsque nous péchons, nous « ratons la cible » de ce que signifie être pleinement homme selon le plan que Dieu a sur nous de toute éternité. Le péché n’est donc pas tant un acte maléfique en soi, mais plutôt une déviation ou une erreur dans le cheminement vers le bien.

Le Confiteor est la prière par excellence où on reconnaît ses fautes. Il est proposé en première option du rite pénitentiel. Examinons-le :
« Je confesse à Dieu tout-puissant, Je reconnais devant vous, frères et sœurs, que j’ai péché en pensée, en parole, par action et par omission. Oui, j’ai vraiment péché. C’est pourquoi je supplie la bienheureuse Vierge Marie, les anges et tous les saints, et vous aussi, frères et sœurs, de prier pour moi le Seigneur notre Dieu. »

Comme nous le montre le Confiteor, il y a quatre manières principales de « rater la cible » :

1) En pensée. Chacune de nos actions commence d’abord par une pensée. Jésus nous dit que c’est du dedans du cœur de l’homme que viennent tous les maux. (cf. Marc 7,21-23). C’est pourquoi Il déclare « bienheureux les cœurs purs », car ceux-ci n’ont pas de mauvaises pensées qui peuvent conduire à de mauvaises actions.

2) En parole. Les saints ont reconnu que nous péchons plus souvent avec notre langue que de toute autre manière (calomnies, médisances, bavardages inutiles…). C’est ce qui a conduit le roi David à prier dans les Psaumes : « Mets une garde à mes lèvres, Seigneur, veille au seuil de ma bouche. » (Psaume 140,3).

3) En action. Ce sont les péchés que nous connaissons le mieux et qui sont traditionnellement appelés « péchés commis ». La plupart des examens de conscience se concentrent principalement sur ces péchés commis : mensonges, vol, adultère, jalousie…

4) Par omission. Savons-nous que nous pouvons « rater la cible » simplement en ne faisant rien, en faisant pas ce que nous aurions dû faire ? C’est ce qu’on appelle le « péché d’omission ». Pensons à l’histoire du Jugement dernier où Jésus dit : « Car j’avais faim, et vous ne m’avez pas donné à manger ; j’avais soif, et vous ne m’avez pas donné à boire ; j’étais un étranger, et vous ne m’avez pas accueilli ; j’étais nu, et vous ne m’avez pas habillé ; j’étais malade et en prison, et vous ne m’avez pas visité » (Mt 25, 42-43).

Le rite pénitentiel ne remplace pas la confession

La réponse est dans la Présentation générale du Missel romain, n°51 :
« Ensuite, le prêtre invite à l’acte pénitentiel qui, après un bref instant de silence, est réalisé par toute la communauté en utilisant une formule de confession générale ; le prêtre la conclut par une absolution, qui n’a pas toutefois l’efficacité du sacrement de pénitence… »
Ainsi, la Présentation générale est claire : la formule d’absolution qui conclut l’acte de pénitence n’a pas la même efficacité que l’absolution sacramentelle ; elle ne dispense donc en rien de l’obligation de confesser les péchés graves avant de communier.

En fait, il s’agit plus d’une « demande de pardon » que d’une véritable absolution. D’ailleurs, lorsque le prêtre absout dans le cadre de la confession, il agit « en personne du Christ » et utilise alors la première personne du singulier : « Je te pardonne tous tes péchés ». À la messe, à la fin du rite pénitentiel, il s’inclut lui-même dans la demande de pardon et emploie la première personne du pluriel : « Que Dieu Tout-Puissant nous fasse miséricorde ; qu’il nous pardonne nos péchés et nous conduise à la vie éternelle. » ou, lorsqu’il y a aspersions : « Que Dieu Tout-Puissant nous purifie de nos péchés et, par la célébration de cette eucharistie, nous rende dignes de participer à la table de son Royaume ».

En fait, ce n’est que récemment que certaines personnes ont avancé la théorie selon laquelle ce rite absoudrait efficacement tous les péchés et pourrait même désormais remplacer la confession. Cette catéchèse est totalement erronée.

En fait, le rite pénitentiel permet d’obtenir le pardon des seuls péchés véniels. Ceux-ci sont d’ailleurs pardonnés par un simple acte de charité, un acte de contrition sincère, un sacrifice… des actes de dévotion et d’adoration qui, d’une certaine manière, créent un contrepoids positif à ces péchés, communs qui affligent notre vie quotidienne.

Puisque la participation à la messe est infiniment la plus grande forme de prière réparatrice et d’intercession qu’un être humain puisse entreprendre, il est clair que ses péchés véniels sont également pardonnés pendant la messe.

Ce n’est pas le cas des péchés mortels ; l’état de grâce est nécessaire pour recevoir la communion et bénéficier pleinement des autres bienfaits de la messe. Ces péchés nécessitent impérativement la confession sacramentelle et l’absolution pour être pardonnés. Cela signifie donc que le rite pénitentiel n’a pas d’efficacité sur les péchés mortels. Une personne qui n’est pas en état de grâce ne peut pas communier sacramentellement tant qu’elle ne s’est pas confessée.

En effet, une personne en état de péché mortel n’est pas privée de toutes les grâces lorsqu’elle assiste à la messe. Une telle personne peut encore, par exemple, recevoir la grâce d’être émue par la Parole de Dieu, par l’homélie ou par l’une des prières et ainsi acquérir une connaissance plus profonde de l’état de son âme, de la grande miséricorde de Dieu, et ainsi trouver courage de demander pardon. Une personne qui n’est pas en état de grâce ne peut pas communier sacramentellement mais elle peut unir sa vie au sacrifice rédempteur de la Croix, malgré ses limites et ses imperfections. Elle peut également communier spirituellement.

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Frère Hervé

Je suis un religieux ermite, consacré dans cette forme de vie par mon évêque. Je réside en France et suis passionné par la recherche de la Vérité dans l’Écriture sainte, dans la philosophie et la théologie.

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