Pénitence non accomplie et punition divine

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Y a-t-il une punition quand on ne fait pas la pénitence après la confession ?

Ma sœur, tu poses une question pratique. Il est bien étonnant qu’après la confession, certaines personnes oublient littéralement d’accomplir la pénitence. Comme au bon vieux temps, lorsque la pénitence n’est constituée que de prières, elle se fait à l’Église, juste après la confession. Si elle nécessite des actes concrets, on les fait immédiatement. Aujourd’hui, l’allure trépidante de la vie ne permet plus de s’asseoir à l’Église pour accomplir cette dernière partie si essentielle du sacrement de la réconciliation. À force de rejeter à un moment ultérieur, on finit par oublier la pénitence elle-même et parfois, si l’on s’en souvient, on oublie les recommandations du confesseur.

Avant de poursuivre dans la réponse à ta question, je voudrais préciser que le mot pénitence, bien que juste, peut avoir une connotation négative et faire penser à une punition, à une sanction. Le mot peut être remplacé par l’expression « réparation », plus positive. La pénitence ou la réparation est la recommandation faite par le prêtre à celui ou celle qui se confesse pour guérir. Le péché en effet introduit une injustice dans les relations, détruit notre amitié avec Dieu et agit sur nous-mêmes. La réparation consiste à corriger ces situations d’injustice.

Par exemple, aller présenter ses excuses à quelqu’un que l’on a accusé d’avoir été responsable de ceci ou de cela, à tort ou à raison. Il se peut qu’il soit blessé par les conditions d’accusation et même s’il a tort, on peut lui présenter les excuses et continuer à s’améliorer. On peut aussi faire un travail sur soi-même pour une inclination peccamineuse personnelle et réparer sa propre nature blessée. La pénitence ou la réparation, fondamentalement, c’est le chemin que trace le prêtre confesseur pour engager sur la voie de la conversion. Car la vérité de la confession se juge à la vérité de la conversion, de sorte qu’une confession qui n’est pas suivie par une conversion authentique n’est pas vraiment sincère. Ne disons-nous pas dans l’acte de contrition : « Je prends la ferme résolution, avec le secours de ta sainte grâce, de ne plus t’offenser et de faire pénitence » ?

La confession finit donc avec l’accomplissement de la pénitence. C’est la partie pratique de la célébration du sacrement. Il faut toujours accomplir sa pénitence. Si on oublie sa pénitence, il faut revoir le prêtre pour reprendre sa confession, en lui précisant que l’on a oublié d’accomplir la réparation de la dernière confession.

Quant à savoir si Dieu punit ou non, il faut sortir de la mentalité d’un Dieu qui punit. Ce n’est pas Dieu qui punit, c’est nous-mêmes qui nous faisons mal en allant pas au bout du processus de la confession. Dieu n’est qu’amour. Quel que soit les cas de figure, la pénitence fonctionne comme le traitement de la blessure, de la maladie. Si elle n’est pas accomplie, ce n’est pas la faute du médecin, mais du patient. C’est un peu comme si tu allais à une consultation et que l’on te prescrit une ordonnance. Tu ne les achètes pas. Tu ne te soignes pas. Qui se fait du tort ? À qui l’on fait du tort ? À Dieu ou  à soi ? Assurément à soi-même, car Dieu est toujours prêt pour soigner la brebis égarée et blessée à moins qu’elle refuse elle-même délibérément les soins. Ne pas accomplir la pénitence, c’est refuser le traitement spirituel proposé et courir le risque de voir son état empirer.

Ma sœur, l’oubli de l’accomplissement de la pénitence est grave. Avouons-le. Ce n’est pas prendre le sacrement au sérieux, c’est s’amuser avec les réalités sacrées. S’il arrivait qu’on l’oublie, le mal dont nous souffrons va demeurer. Le pardon de Dieu est accordé mais le pénitent refuse de l’accueillir. La pénitence est le moyen pratique de guérison spirituelle pour éviter que le mal ne s’aggrave. Donc, c’est nous-mêmes qui nous punissons. Pour conseil, je propose que la pénitence soit accomplie le plus tôt possible pour ne pas tomber dans le piège de l’oubli.

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Abbé Jean Oussou-Kicho

Je suis prêtre de l’archidiocèse de Cotonou (Bénin), ordonné en 2008, licencié en théologie morale. Directeur de complexe scolaire, je suis investi dans la pastorale des réseaux sociaux, devenus un nouveau terrain propice pour l’évangélisation et l’éducation des chrétiens