Les sept différences entre catholiques et protestants II

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Différence 2 : le rejet du sacrement de la confession

Nos amis protestants récusent complètement la confession. Leur argument principal est que le prêtre lui aussi est pécheur et qu’un pécheur ne saurait pardonner à un autre pécheur. Il a pourtant beaucoup de méconnaissance chez les protestants actuels. À la vérité, catholiques et protestants reconnaissent que l’homme est pécheur et accordent une importance à la confession. La preuve est que beaucoup de pasteurs prêchent la repentance et sont parfois obligés de dire à leurs fidèles que leurs péchés sont pardonnés. D’ailleurs, pour empêcher les gros pécheurs de participer à la sainte-cène, les pasteurs qui écoutent l’aveu des péchés de leurs fidèles sont tenus au secret absolu. C’est dire qu’il y a une forme de confession chez les protestants que beaucoup de protestants eux-mêmes ignorent.

Que reprochent vraiment les protestants aux catholiques et comment les catholiques peuvent-ils s’expliquer aux protestants ?

  • Ceux que les protestants reprochent aux catholiques

Les protestants reprochent fondamentalement cinq pratiques en matière de confession aux catholiques :

    • L’aveu total de ses péchés : le fait de dire tous ses péchés ne garantit pas le pardon de Dieu.
    • La pratique auriculaire : Il n’est pas nécessaire qu’un homme aille dire ses péchés dans le creux de l’oreille d’un autre homme, fût-il prêtre.
    • La pénitence : la pénitence que donne le prêtre ne garantit pas le pardon des péchés.
    • L’absolution : Dieu n’a pas besoin du prêtre pour pardonner les péchés. Il peut le faire sans intermédiaire.
    • Les évêques et les prêtres ne possèdent pas un pouvoir qui leur permettrait de pardonner les péchés au nom de Dieu.
    • Finalement pour les protestants, la confession n’est pas obligatoire. Pour peu que chacun regrette ses péchés dans son cœur et en demande pardon à Dieu, il obtient miséricorde.
  • Ce que répondent les catholiques aux protestants

    • Concernant l’aveu des péchés : l’Église demande que l’on fasse un examen de conscience aussi complet que possible en sachant que l’homme ne peut jamais faire une liste exhaustive de ses péchés devant le Seigneur. Cependant, nommer les péchés est bien biblique. Le fils prodigue s’est mis à genoux devant son père (qui représente ici Dieu) et a commencé à dire le mal qu’il a fait (Lc 15). S’il est vrai que le Père ne lui a pas donner la chance de tout dire, force est de reconnaître qu’il a commencé par les lister. Le prêtre n’oblige pas à tout dire, mais tant que la mémoire permet de confesser les péchés, il faut le faire.
    • La pénitence est de l’ordre de la satisfaction pour le mal fait. Jésus nous enseigne dans Saint Mathieu que : « Si tu viens présenter ton offrande à l’autel et que là tu te souviens que ton frère à quelque chose contre toi, laisse la ton offrande et va te réconcilier à ton frère » (Mt 5, 23-24). Se réconcilier en lui demandant pardon et en l’obtenant de lui, c’est réparer une division que le péché cause entre nous. Et c’est bien ce que le prêtre demande. Que le tort soit réparé pour la pleine communion avec le frère et avec Dieu. On peut aussi avancer l’exemple du débiteur insolvable pardonné incapable à son tour de pardonner à son frère.
    • L’absolution : l’essentiel de l’absolution, c’est le pardon des péchés. Dieu a travers le prêtre absout les péchés. De la même manière, l’absolution peut être refusée. Pour ce dernier cas, je voudrais prendre appui sur le passage évangélique de la guérison du paralytique où Jésus lui-même a pardonné les péchés à un paralytique. En effet, alors que Jésus prêchait et guérissait les malades, voilà un paralytique porté sur une civière que l’on met devant lui. Le Seigneur, au lieu de le guérir, dit simplement : « Tes péchés sont pardonnés » (Lc 7, 48). Les pharisiens et les dignitaires religieux, sur cette déclaration du Christ, étaient profondément choqués en eux-mêmes et donnaient intérieurement libre cours à leur désapprobation. Jésus, allant jusqu’au bout de son geste, guérit le malade sur la base de ces paroles : « Pour que vous sachiez que le Fils de l’homme a le pouvoir sur terre de pardonner les péchés, je te l’ordonne, lève-toi et rentre chez toi ». L’homme-Dieu, Jésus, a donc le pouvoir de pardonner.

Pour l’Église catholique, les évêques et les prêtres ont un pouvoir particulier. Jésus a transmis à ses douze disciples le pouvoir de pardonner les péchés. Le texte relate que Jésus « souffla sur eux et leur dit : Recevez l’Esprit-Saint ; ceux à qui vous remettrez les péchés, ils leur seront remis, ceux à qui vous les retiendrez, ils leur seront retenus » (Jn 20, 22). Remarquons d’abord que Jésus était apparu aux Douze et non pas à la masse de ses disciples. Dire que, en donnant ce pouvoir aux Douze, Jésus le donnait à tous les disciples est une erreur biblique. C’est comme si on disait que en instituant l’eucharistie et le sacrement de l’ordre, Jésus donnait le pouvoir à tous ses disciples unanimement pour célébrer l’eucharistie. C’est aussi oublier que les Douze formaient un collège particulier autour de Jésus, un collège que le Christ a formé pendant trois ans et auquel il donnait des pouvoirs spécifiques, comme on le voit dans leur première mission : « il leur donna le pouvoir de guérir les malades et de chasser les démons ». Il y a donc un pouvoir que le Christ transmet à des groupes donnés, qu’il ne donne pas à tous.

Dans le cas précis du pouvoir de pardonner, il l’accorda uniquement à ses apôtres. Plus encore, les paroles qui accompagnent la transmission de ce pouvoir nous éclairent davantage. C’est un pouvoir de libération certes, mais aussi il se pourrait qu’il y ait des cas où l’on ne libère pas. Les Douze et leurs successeurs ont donc la faculté de pardonner ou de ne pas pardonner. Dire donc que lorsque l’on pèche, il faut en demander pardon à Dieu dans son cœur, c’est rejeter ce pouvoir que Christ a confié à certains et se mettre du coup dans une position d’incertitude. Comment savoir en effet que je suis pardonné ou non, puisque la possibilité existe que je sois pardonné ou non.

Les évêques et les prêtres à qui ils donnent la faculté de pardonner les péchés exercent un pouvoir au nom du Christ. À travers eux, c’est le Christ qui continue de pardonner aux paralytiques que nous sommes, en disant audiblement à travers la voix d’un homme (le prêtre) : « Tes péchés sont pardonnés ». C’est le Christ qui pardonne et non pas le prêtre. Mais le Christ a besoin justement de la voix et des mains du prêtre pour signifier ce pardon. Les prêtres sont donc en mission de libération pour le Christ. S’ils sont jadis envoyés partout où lui-même devrait se rendre, dotés des pouvoirs mêmes du Christ, ils le sont encore aujourd’hui, au nom de ce même Christ qui les assiste tous les jours jusqu’à la fin des temps.

Quelle grande libération de se savoir pardonner, de pouvoir reprendre à nouveau le chemin de sainteté. J’invite les fidèles catholiques à se confesser aussi souvent que possible. Certaines personnes disent qu’ils sont fatigués de devoir confesser les mêmes péchés. Le pape François nous donne une leçon lumineuse à ce sujet : Dieu ne se fatigue pas de nous pardonner, même si ce sont les mêmes péchés. C’est nous qui nous lassons de lui demander pardon pour les mêmes péchés.

Ce qui souille notre corps bien souvent, ce sont les mêmes poussières et les mêmes sueurs. Cela ne nous empêche pas de nous laver plusieurs fois. Ainsi en va-t-il pour notre âme. Ce sont les mêmes péchés. N’empêche, allons laver nos âmes par le même bain de la réconciliation.

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Abbé Jean Oussou-Kicho

Je suis prêtre de l’archidiocèse de Cotonou (Bénin), ordonné en 2008, licencié en théologie morale. Directeur de complexe scolaire, je suis investi dans la pastorale des réseaux sociaux, devenus un nouveau terrain propice pour l’évangélisation et l’éducation des chrétiens