Les sept différences entre catholiques et protestants V

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Différence 5 : le rejet de la prière à la Vierge Marie

Des discussions de sourds éclatent parfois sinon souvent entre catholiques et protestants (nous incluons les évangéliques) au sujet de la Vierge Marie. La volonté de se démarquer des catholiques a fait que les protestants n’ont pas cessé de réduire la place de la Vierge Marie dans leur spiritualité au point où on est tenté de dire que leur estime pour Marie est nulle. C’est en fait une caricature négative née de la violence de la réforme protestante. Autant les catholiques les traitent de vides en ce qui concerne Marie, autant ils nous traitent de trop pleins et d’idolâtres dans notre rapport à Marie. Dans le fond, les catholiques se trompent partiellement sur les protestants et vice versa. Voyons de plus près ce qui fait nos différences pour mieux nous comprendre.

Les protestants d’aujourd’hui ne sont pas fidèles à la pensée de Luther sur Marie.

Luther, le premier réformateur, avait une pensée excellente sur Marie. Si aujourd’hui, par infidélité à Luther, la figure de Marie s’est dégradée considérablement dans le milieu protestant et surtout évangélique, c’est pour marquer une différence prononcée avec l’Église catholique. Autrement Luther avait une si haute estime pour Marie qu’on est aujourd’hui plus que surpris du mépris dont elle est objet dans le milieu chrétien non catholique et orthodoxe. Je partage à ce sujet deux petits textes de Luther. Il disait de Marie : « Marie nous enseigne, par l’exemple de son expérience, par des paroles, comment on doit reconnaître, aimer et louer Dieu » (in Le Magnificat, p. 38-39). Ici, elle est grandement estimée en tant que modèle d’accueil de la grâce divine et de confiance en Dieu. Beaucoup de protestants actuels, se réclamant de Luther, ignorent cela. Cette prière de Luther est plus qu’une admiration pour celle que Luther appelle dans sa prière la MÈRE DE DIEU. Allons au texte :

Ô Marie, bienheureuse vierge et mère de Dieu (à lire plusieurs fois), dans quel degré d’abaissement et de mépris n’as-tu pas vécu ; et cependant le Seigneur a jeté sur toi un regard si plein de bienveillance ! il a fait pour toi de si grandes choses ! tu n’en étais nullement digne et la grâce de Dieu en toi est si riche et surabondante, surpassant, ô combien, tes propres mérites ! Bienheureuse es-tu dès cet instant et pour l’éternité car tu as rencontré Dieu

Et un commentateur protestant luthérien d’ajouter : « ce qu’elle (Marie) veut, ce n’est pas que nous allions à elle, mais que, par elle, nous allions à Dieu ». On est ahuri de voir que ces textes du premier réformateur soient complètement ignorés au point où on en vienne au tableau qui se dessine aujourd’hui entre catholiques et protestants au sujet de la Bienheureuse Vierge et Mère de Dieu.

À propos de la virginité et de la maternité de Marie

Les protestants et les catholiques croient que Marie est la mère de Jésus. Elle l’a conçu alors qu’elle était vierge, avec la puissance de l’Esprit Saint. Elle a donc reçu une grâce particulière de Dieu qui l’a choisie pour mettre au monde son Fils. Bien qu’ils croient que Marie est la mère de Jésus, ils récusent complètement la foi catholique qui énonce que Marie est la mère de Dieu en parlant de Jésus. Par ailleurs, les protestants croient en la virginité de Marie mais pas à la manière catholique. Alors que nous professons la virginité perpétuelle de Marie avant, pendant et après la naissance de Jésus, les protestants pensent que Marie a eu d’autres enfants à part Jésus. Du coup, croire en Marie perpétuellement vierge est une farce pour eux.

À propos de l’Immaculée conception et de l’Assomption

Alors que les catholiques croient aux dogmes de l’Immaculée conception et de l’Assomption, les protestants les rejettent complètement. L’Immaculée conception énonce que Marie, jouissant par anticipation des mérites de la passion et de la résurrection de son Fils, a été préservée du péché originel dès l’instant de sa conception. Dieu a pris cette disposition pour préparer à son Fils une demeure totalement sainte. Les protestants ne partagent pas cette foi. Ils affirment que Marie a été conçu avec le péché originel et que rien ne la différenciait fondamentalement des autres femmes de son époque. Luther est le seul à accepter que Dieu a dû enlever le péché originel et les autres péchés de la vie de Marie pour que son divin Fils n’ait pas de contact avec le péché. D’ailleurs, les autres réformateurs protestants ne partagent pas ce point de vue.

Le dogme de l’Assomption, quant à lui, affirme que Marie est élevée au ciel dans son corps et dans son âme. Ainsi, après avoir été intimement unie à son Fils dans sa vie sur la terre, elle est intimement unie à lui dans sa gloire au ciel. Les protestants rejettent cette profession de foi. Pour eux, elle n’a pas de racines bibliques par plus que le dogme de la préservation de Marie du péché originel. Sur ces deux points doctrinaux, il y a désaccord. Et pourtant, une bonne lecture de la Bible nous le manifeste. Nous y reviendrons.

À propos du culte rendu à Marie

Les protestants ne donnent pas une place particulière à la Vierge Marie dans leur spiritualité. Ils ne lui adressent pas des prières et ne font pas recours à son intercession. S’il est vrai qu’ils lui portent une affection, celle-ci n’est pas de nature à lui vouer une dévotion particulière. Du coup, les litanies de la Vierge Marie, les multiples titres que les catholiques lui donnent sont inexistants chez les protestants. D’ailleurs, le culte que les catholiques rendent à Marie fait que les protestants et évangéliques les traitent d’idolâtres car, disent-ils, c’est seulement à Dieu que nous devons rendre un culte.

Les catholiques donnent une place d’honneur à la Vierge Marie lui vouant un culte appelé « hyperdulie » qui la place au-dessus de la dévotion pour les saints et saintes de Dieu. Le culte que les catholiques rendent à Marie prend sa racine dans la Bible. C’est en raison de sa maternité divine qu’elle est honorée de cette manière, ainsi que le dit si bien Elisabeth qui ne tarissait pas d’éloges et de titres à propos de Marie : « comment ai-je ce bonheur que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ? ». C’est en vertu donc de cette maternité que Marie est remerciée, célébrée, exaltée, priée dans l’Église. C’est aussi à cause de cette maternité divine que les catholiques recourent à l’intercession de la Vierge Marie. Le signe des noces de Cana nous renseigne si fortement. Alors que l’heure de Jésus n’avait pas sonné, il a été, comme obligé pour ne pas désobéir à sa Mère, de changer l’eau en vin. C’est dire combien est puissante l’intercession de Marie auprès de Jésus. Enfin, si les catholiques intègrent Marie dans leur foi, c’est parce que Jésus l’a donné comme mère à chaque disciple symbolisé par le disciple bien-aimé au pied de la croix (Jn 19, 25-27). Nous croyons qu’elle est avec nous, comme elle a été avec Jésus, priant avec nous comme au cénacle et veillant sur nous comme une tendre mère.

Les catholiques n’adorent pas la Vierge Marie. Les protestants s’obligent à nous convaincre de ce que nous ne faisons pas. L’adoration n’est due qu’à Dieu. C’est à lui que nous devons notre vie et c’est à lui que nous nous abandonnons. Les catholiques n’adorent pas Marie, pas plus que les saints. Ils en sont pleinement conscients. Cela n’empêche nullement de se mettre à genoux devant une statue de Marie ou d’un saint. La position à genoux n’est forcément pas une position d’adoration. On peut adorer debout, assis, agenouillés ou prosternés. Le tout tient dans le rapport que nous avons avec celui qui est l’objet du culte.

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Abbé Jean Oussou-Kicho

Je suis prêtre de l’archidiocèse de Cotonou (Bénin), ordonné en 2008, licencié en théologie morale. Directeur de complexe scolaire, je suis investi dans la pastorale des réseaux sociaux, devenus un nouveau terrain propice pour l’évangélisation et l’éducation des chrétiens