Catholiques et autres religions pour la prière commune

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Un chrétien catholique peut-il participer aux cultes et prières des autres religions ?

La question mérite d’être posée aujourd’hui dans une société qui se mondialise au point où les frontières jadis étanches entre les groupes sociaux deviennent fragiles et poreuses. De la même manière, cette interrogation mérite attention car le principe de la liberté d’agir est tant et si bien exacerbé que l’on ne sait plus où elle commence.

À cette question, comme nous l’avons senti dans les réponses, certains répondent à l’affirmative et d’autres à la négative, les uns et les autres justifiant leurs positions par des arguments plus ou moins convaincants. Je félicite personnellement ceux qui ont pris la peine d’opiner sur le sujet. Je voudrais m’inspirer de la réponse de Horace Ogou pour faire un petit apport sur le thème, sans embrouiller. Le style peut paraître simple, voire simpliste. L’avantage de cette méthode est de permettre à tous de comprendre dans un langage courant et ordinaire.

Je fais la synthèse des propos du frère Horace Ogou en quatre mots et je crois personnellement que la réside la solution à la question : Identité, Fidélité, Fraternité et Responsabilité.

Nous avons une identité chrétienne conférée par le baptême qui nous rend fils et filles d’un même Père et, en conséquence, frères et sœurs en Jésus-Christ. En devenant chrétiens, appartenant à une famille, l’Église catholique, nous avons le devoir de respecter les principes basiques de notre propre famille. À ce sujet précisément, notre famille est organisée en sorte qu’aucun bien spirituel ne manque à ses enfants. En conséquence, nous n’avons pas besoin d’aller ailleurs, dans une autre communauté religieuse, pour être satisfaits.

C’est dans ce cadre que la notion de fidélité intervient. Notre foi catholique, celle professée à notre baptême, reprise tant de fois et à maintes occasions au moins les dimanches, comportent des articles qui nous différencient des autres. Nous avons promis fidélité à la foi telle que transmise dans la communauté catholique. Du coup, en allant dans les autres communautés, nous renonçons à notre promesse de fidélité. La réponse au prime abord est donc négative.

Dans un second mouvement, nous devons savoir que nous sommes dans une société composée de plusieurs familles. Du point de vue religieux, il y a ceux dont nous acceptons le baptême : les protestants et les orthodoxes. Ils sont à un titre particulier nos frères et sœurs. En raison de la reconnaissance de leur baptême, on peut dire que nous avons un même Père (Dieu) et des mères différentes (les Églises). Même si le langage n’est pas très juste, permettez-moi de l’utiliser, nous sommes des frères consanguins (même père, mères différentes). Cette réalité, triste du reste, n’est pas du fait de Dieu, mais du fait de l’histoire de l’Église. Nous l’aborderons une autre fois. Selon cette considération, l’Église invite ses fils et filles, à participer aux cultes et prières de ces deux communautés si et seulement si, dans le milieu où il se trouve, il n’ait aucune possibilité de retrouver une communauté chrétienne catholique. Ce qu’il faudra éviter, c’est de communier là, puisque nous n’avons pas la même pensée vis-à-vis de la présence réelle et permanente du Christ dans le pain et le vin consacrés. Mais la possibilité est offerte aux fidèles de participer. Vous aurez découvert, dans ce paragraphe, les traces du troisième mot : la fraternité.

Cette fraternité peut conduire même à nous retrouver pour prier ensemble et travailler ensemble sans limer les différences qui nous séparent. L’acceptation des différences étant la condition de la stabilité de notre vivre-ensemble.

En ce qui concerne les autres religions se réclamant du Christ et de tous les autres mouvements religieux qui essaiment partout, l’attitude du fidèle catholique est la réserve. Nous devons, tant que faire ce peut, les éviter, sans développer vis-à-vis d’eux la phobie ou la haine. Nous devons plutôt engager un dialogue avec eux pour mieux les découvrir. Ici, il ne s’agira plus de prier ensemble, mais parfois, d’être ensemble pour prier, chacun selon son obédience. C’est ici souvent que le bât blesse. Je le répète, si un chrétien doit participer à la prière des autres religions se réclamant du Christ ou non, il doit d’abord en demander la permission à son évêque, à travers son curé.

Un exemple peut mieux nous éclairer. Si tu veux sortir de ta famille, pour visiter une autre famille, tu dois informer le chef de famille pour l’entendre sur la question, au moins recevoir sa permission. Et s’il le juge, il peut te demander les motivations d’une telle visite. C’est la même réalité dans l’Église, famille. Or beaucoup de fidèles font des transhumances techniques sans prendre des précautions préalables. La fraternité nous enjoint cependant de ne pas être carrés sur le sujet de faire preuve de RESPONSABILITÉ. À ce niveau, je vais invoquer l’argument de Saint Paul dans 1 Co 8. Il traitait en effet des viandes offertes aux idoles. Le chrétien doit-il les manger, oui ou non. Sa réponse en définitive nous renvoie à nos consciences et nous situe devant nos responsabilités.

On peut certes les manger car les idoles n’existent pas pour nous chrétiens. Mais il faut s’en abstenir, car un chrétien plus faible, en te voyant manger, peut suivre ton exemple, et développer une conviction erronée, surtout s’il est faible dans la foi. En transposant cet exemple sur la problématique qui nous occupe, je crois que le problème se résout de lui-même si nous savons être responsables. C’est le quatrième mot. Une responsabilité dans son rapport aux autres. Par nos comportements, nous sommes responsables du comportement des autres.

Ma réponse est aussi négative si nous considérons le milieu dans lequel nous vivons. Si c’est pour faire plaisir à nos amis et à nos époux et épouses, je crois qu’il y a d’autres moyens de le leur faire. L’Esprit missionnaire exige pourtant de nous que nous soyons ouverts. Et nous invite instamment à maintenir un dialogue épanouissant avec nos frères et sœurs des autres communautés autres que protestantes et orthodoxes. Cela peut déboucher sur des sommets où nous pouvons être ensemble pour prier à défaut de nous réunir pour prier ensemble.

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Abbé Jean Oussou-Kicho

Je suis prêtre de l’archidiocèse de Cotonou (Bénin), ordonné en 2008, licencié en théologie morale. Directeur de complexe scolaire, je suis investi dans la pastorale des réseaux sociaux, devenus un nouveau terrain propice pour l’évangélisation et l’éducation des chrétiens