Responsabilité des femmes dans l’Église : Pourquoi pas ?

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Les femmes peuvent-elles être responsables de communauté dans l’Église catholique ?

Saint Paul dit  en 1 Tm 2, 12 : « Je ne permets pas à la femme d’enseigner, ni de prendre l’autorité sur l’homme, mais elle doit demeurer dans le silence ». Est-il permis à une femme d’être responsable (bergère) de communauté ou encore d’exercer un ministère dans l’Église catholique ?

Réponse :

Je remercie Pascal pour cette question difficile sur un passage biblique qui a fait couler beaucoup d’encre et par lequel Saint Paul a été traité de misogyne. Je voudrais répondre à la question en faisant un parcours à quatre étapes.

Ce que Paul ne veut pas dire

Saint Paul ne veut pas dire que l’homme et la femme sont inégaux. Indiquer à chacun son rôle dans une communauté de foi ne signifie nullement « inégalité ». L’Église peut bien être hiérarchique sans que l’homme et la femme ne soient inégaux. De la même manière, saint Paul ne veut pas dire qu’une femme ne peut pas enseigner un homme. À Timothée à qui il s’adresse, Paul parle de la foi de sa grand-mère Loïs et sa mère Eunice, foi qui fut transmise à Timothée par l’enseignement de ces saintes femmes. Dans Ac 18, 28, Aquilla et Priscille, un couple de l’Église d’Ephèse, enseignent la vraie doctrine à Apollos qui exerçait le ministère d’enseignement. Enfin, quand saint Paul interdit aux femmes d’enseigner et de prendre autorité sur l’homme mais qu’elles doivent demeurer dans le silence, il n’entend pas dénier à la femme un ministère authentique dans l’Église. L’expression « prendre de l’autorité » est un « Hapax Legomenon », c’est-à-dire que cette expression n’apparaît qu’une seule fois dans le vocabulaire grec du Nouveau Testament et qu’il faille, pour cela, être prudent dans son interprétation.

Le contexte de l’Église d’Ephèse

L’Église d’Ephèse a été fondée par saint Paul lors de son troisième voyage missionnaire. Il y est resté trois années pour enseigner. Il se fait que dans cette Église, il y avait certaines personnes qui s’opposaient à l’enseignement de Paul. À son départ, il a confié la communauté à son collaborateur Timothée. C’est à lui que la lettre est adressée pour l’organisation de la communauté. L’indiscipline devrait régner dans cette communauté laissée par saint Paul, au point où, il était obligé, dans sa lettre, de spécifier à chacun son rôle : les hommes, les femmes, les anciens, les diacres, etc. Il s’agit donc d’une lettre pastorale pour organiser une communauté. L’intention de Paul était donc de fournir à Timothée des ressources pour que la discipline règne à Ephèse. À l’époque de Paul, les femmes n’étaient pas autorisées à recevoir un enseignement. La femme comptait pour peu de choses. On se rappelle bien que dans l’Évangile, on dit « Jésus nourrit 5000 hommes, sans compter les femmes et les enfants ». Les femmes et les enfants ne valaient pas grand-chose et l’instruction n’était réservée qu’aux hommes. Il se pourrait que pendant les enseignements les femmes prennent la parole en désordre ou papotent entre elles. Alors, quand saint Paul demande aux femmes d’écouter l’enseignement dans le silence, c’est déjà une révolution et une audacieuse consigne : la femme comme l’homme, a droit à l’enseignement de la Parole.

Sens correct du texte

Cette remarque nous permet de mieux comprendre le sens correct des recommandations de saint Paul. Ne pas enseigner et ne pas prendre d’autorité sur l’homme signifient la même chose. Il ne s’agit pas de l’enseignement qui consiste à partager sa foi, mais de l’enseignement accompagné de l’exercice d’un pouvoir. C’est plutôt l’exercice de l’autorité qui nous permet de comprendre l’enseignement dont il est question. Il s’agit en clair de l’enseignement du chef de communauté (Ici, c’est Timothée). Nous savons que les évêques et leurs collaborateurs immédiats (prêtres et diacres) sont dotés du pouvoir d’enseigner, de guider et de sanctifier, un pouvoir attaché directement à leur charge. Nous sommes bien dans le cas ici. En parlant aux femmes, Paul parle aussi aux hommes. Tout le monde ne peut enseigner la saine doctrine, sauf ceux à qui Dieu a confié cette charge. En conclusion, la femme ne peut se substituer au chef de communauté. Tous, hommes et femmes, doivent se mettre à l’écoute de l’enseignement du chef de la communauté.

Actualisation

De ce qui précède, on perçoit ce que Paul veut enseigner à nos communautés aujourd’hui. Tant que nous ne sommes pas dans le cas sacramentel, la femme, comme l’homme, peut partager sa conviction religieuse. Ceci se fera sous la surveillance du chef de la communauté (le prêtre) qui auparavant doit vérifier le contenu de l’enseignement. C’est d’ailleurs pourquoi tout responsable de groupe (homme ou femme) doit soumettre son enseignement au curé de la paroisse avant de le délivrer. C’est lui qui est supposé connaître le bon enseignement et tout ce qui s’enseigne sur la paroisse ne se peut sans sa validation. De la même manière, toute autorité sur la paroisse, dans les groupes, mouvements et association, participe à son autorité de « guide », en sorte que celui qui lui désobéit n’est plus dans l’esprit de l’autorité. Il peut être démis. 

Mon frère Apollinaire, les femmes peuvent être responsables de communauté dans l’Église. La responsabilité n’est pas masculine. Cette responsabilité participe à la responsabilité de l’autorité première de la communauté : le curé, l’évêque. Tant que la soumission (le respect au pouvoir d’ordre) s’y trouve, tant que la discipline hiérarchique est sauvegardée, la femme peut enseigner et être responsabilisée.

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Abbé Jean Oussou-Kicho

Je suis prêtre de l’archidiocèse de Cotonou (Bénin), ordonné en 2008, licencié en théologie morale. Directeur de complexe scolaire, je suis investi dans la pastorale des réseaux sociaux, devenus un nouveau terrain propice pour l’évangélisation et l’éducation des chrétiens

Cette publication a un commentaire

  1. DEGBOGBAHOUN Mahutin Basile

    Enseignement reçu et compris

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