Femme et mari : l’autorité dans le foyer

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« Pour la femme, le mari est la tête, tout comme, pour l’Eglise, le Christ est la tête, lui qui est le Sauveur de son corps » (Ép 5, 23). Comment pouvons-nous comprendre « l’autorité » de l’homme dans le foyer. Quelles sont ses implications concrètes comme rôles de l’homme dans le foyer ?
 
Bonjour mes frères et sœurs. Je remercie celui qui a posé cette question qui touche de près ce que je peux appeler la spiritualité conjugale dans le rapport que les époux ont entre eux. Le texte évoqué nous présente le mari comme la tête pour la femme. C’est un texte très polémique aujourd’hui, parce qu’il semble accordé une autorité exagérée aux hommes sur les femmes. Saint Paul va jusqu’à demander aux femmes de se soumettre aux hommes en toute chose et toujours, comme ce l’est de l’Église à l’égard du Christ. Quelques féministes y voient donc une dégradation de la dignité de la femme et une absolutisation de la suprématie de l’homme. Du coup, ils concluent que cette déclaration paulinienne a perdu son autorité aujourd’hui.
 
En ce qui me concerne, une lecture plus globale du texte nous aide à comprendre la nature de l’autorité que l’homme est appelé à exercer sur la femme et, par ricochet de mieux comprendre aussi la nature de la soumission de la femme à l’homme. Pour mieux comprendre, je me permets de m’intéresser à la source de la comparaison. Car en réalité, saint Paul parle moins de l’homme et de la femme que du Christ et de l’Église, et s’il parle vraiment d’eux, c’est à comprendre dans la lumière de la relation qui existe entre le Christ et l’Église, le premier étant l’Époux et la seconde l’Épouse.
 
Alors pour comprendre l’autorité de l’homme comme tête de la femme, il faut percevoir l’autorité du Christ comme tête de l’Église. En vérité, l’autorité du Christ comme tête de l’Église est une autorité d’amour. « Vous, les hommes, aimez votre femme à l’exemple du Christ : il a aimé l’Église ». Or, il semble que l’amour n’est pas autoritaire à la manière du monde. L’autorité dans le monde s’exerce par l’oppression, la brimade, le commandement. L’autorité du Christ pour l’Église s’exprime par l’amour, en sorte que la perfection de son amour entraîne l’Église à l’aimer d’un amour de soumission spontanée. C’est ainsi que doit s’exprimer l’autorité de l’homme vis-à-vis de la femme. Dans le foyer, les hommes doivent incarner l’amour. Ils sont les champions de l’amour. Ils doivent exceller en amour. Pour beaucoup de couples, c’est bien le contraire. Les hommes pensent que leur parole est loi alors que c’est leur amour qui devra être la première loi.
 
Ensuite l’autorité de l’homme sur la femme en tant que sa tête est une autorité sacrificielle. Saint Paul l’explique si bien : il s’est livré pour elle ; il voulait la rendre sainte en la purifiant par le bain du baptême et la Parole de vie ; il voulait se la présenter à lui-même, cette Église, resplendissante, sans tache, ni ride, ni aucun défaut… C’est comme cela que le mari doit aimer sa femme : comme son propre corps. Si nous considérons bien cet extrait, le Christ se sacrifie pour l’Église. C’est pour elle (son corps) que lui la tête est morte. Du coup, l’autorité de l’homme consiste à tout consentir en termes de sacrifice pour le bien-être de sa femme. On est bien loin de l’autorité de puissance et de domination qui semble retenir l’attention de beaucoup. Quand l’homme se trouve dans une telle posture de tout donner et de se donner à sa femme, celle-ci de soi lui est obéissante.
 
Enfin, l’autorité de l’homme vis-à-vis de la femme en tant que sa tête est une autorité qui considère la femme comme un autre soi-même : « celui qui aime sa femme s’aime soi-même ». À voir de près, il s’agit pour l’homme d’exercer une autorité charitable envers sa femme, comme il aurait aimé qu’on l’exerce envers lui-même. Si la femme est le corps de l’homme, alors la contrainte que l’on voudrait s’imposer peut valoir pour la femme. Or personne ne maltraite son propre corps, dit saint Paul. Bien au contraire, on en prend soin. C’est une manière de dire que cette autorité est une autorité de don de soi.
 
Chers époux, votre responsabilité est immense dans votre relation avec vos épouses. Le mystère de la femme est tel qu’elle vit d’une soumission d’amour alors que l’homme exerce une autorité d’amour. Soumission et autorité prennent leur sens dans l’amour, de sorte qu’une autorité sans amour n’est pas chrétienne comme aussi une soumission sans amour n’est pas ecclésiale. L’une est la cause de l’autre. Alors, si dans votre co-relation, il y a des perturbations, que l’homme s’interroge sur sa manière d’exprimer son autorité. La réponse à ceci est la solution à cela.
 
Saint Paul, loin de justifier les élans dominateurs de l’homme, leur assigne un rôle que nul ne peut assumer dans la profondeur, s’il ne médite encore et encore l’union entre le Christ et l’Église. C’est l’accueil de ce mystère qui permet aux époux de vivre une relation épanouissante d’oblation et d’amour.
 
Merci pour cette question on ne peut plus primordiale. Prions surtout pour les couples en général et chrétiens en particulier. Qu’ils intègrent cet enseignement dans leur réalité. Dieu vous bénisse.
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Abbé Jean Oussou-Kicho

Je suis prêtre de l’archidiocèse de Cotonou (Bénin), ordonné en 2008, licencié en théologie morale. Directeur de complexe scolaire, je suis investi dans la pastorale des réseaux sociaux, devenus un nouveau terrain propice pour l’évangélisation et l’éducation des chrétiens

Cette publication a un commentaire

  1. Grégoire DIMEKOI

    Merci beaucoup mon père. Que le seigneur vous bénisse abondamment

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