Jeunes et désaffection du mariage religieux

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Pourquoi la désaffection des jeunes pour le mariage religieux ? Comment remédier à cela ?

Honoré, tu poses une question qui fait beaucoup réfléchir les pasteurs. Ton constat est réel. Certes, les week-ends sont animés sur les paroisses, les mariages étant célébrés ici et là. C’est dans la plupart des cas des couples qui viennent régulariser leur situation. Il y a cependant quelques jeunes qui vont au mariage chrétien avant de mener vie commune. Toutefois les statistiques montrent clairement que le mariage des jeunes est en dégringolade. J’ai fait une année entière sur une paroisse de ville sans voir un seul mariage se célébrer. J’ai fait aussi deux ans sur une paroisse du Nord sans avoir aussi la chance de voir un seul couple s’unir devant le Seigneur dans la chapelle paroissiale. Il y a vraiment de quoi s’inquiéter et s’interroger. Ta question vient donc juste à propos.

La désaffection du mariage par les jeunes participe des idées erronées qu’ils partagent. Pour les uns le mariage empêche le conjoint d’être libre et autonome. Il est obligé de tenir désormais compte de son époux(se). Pour d’autres, le mariage est source à problème : les problèmes des autres couples dont ils ont été les malheureux témoins, les problèmes de la belle famille, du conjoint lui-même, les problèmes avec l’entourage, etc. Une dernière catégorie donne pour raison les études et le chômage. Un dernier groupe pense que la génération actuelle n’a pas besoin de mariage, et disent même que si au ciel on ne se marie pas, pourquoi se marier alors sur la terre, alors que nous devons vivre ici-bas comme au ciel.

Pour moi, la cause principale est morale. La dépréciation du mariage chrétien est consécutive à la dépréciation de la famille elle-même. Le mariage était pris au sérieux par les générations antérieures car il signifiait que l’on fondait une famille. Donc l’union de deux jeunes impliquait la famille. Les organismes internationaux, les mass-médias, les réseaux sociaux, tout est soumis aux lobbies financiers qui ont pour objectif de saper la famille, la tradition et l’Église pour asseoir une morale libertaire ou la seule chose qui sera interdite sera d’interdire l’interdiction.

On voit bien les fruits de ces projets de destruction de la famille : l’union libre, le mariage à l’essai, les familles monoparentales, la multiplication des divorces. Les mots comme « famille, conjoint, époux et épouse, mariage, père et mère, etc. » sont remplacés par d’autres comme « partenaires pour conjoints, contrat d’union pour mariage, parent 1 et 2 pour père et mère, etc. »

La troisième cause est d’ordre personnel. Les jeunes préfèrent plus le mariage civil au mariage religieux. Ils redoutent le mariage à cause de son semi-caractère, c’est-à-dire qu’une fois licitement et validement célébré, ce mariage ne peut se dissoudre. C’est pour la vie. Comment, s’interrogent-ils, vivre avec la même personne pour toute ma vie. Il redoute de la solidité du lien matrimonial et la condition que l’Église oppose pour rendre difficile le divorce. Cette parole d’amour donnée à son conjoint (t’aimer durant toute la vie), les jeunes pensent que cela est prétentieux et qu’ils ne peuvent se mettre à l’épreuve en prenant un tel engagement.

Pour régler le problème de désaffection des jeunes pour le mariage, il faut toucher à la racine du problème : redonner à la famille toute sa place et sa dignité. Il faut une formation au rôle et la place irremplaçable dans leur vie. Il faut absolument continuer à entourer cette institution naturelle d’honneur et de valeur. C’est après et seulement après qu’une pastorale du mariage peut porter des fruits dans les conditions actuelles qui sont les nôtres.

Il faut aussi une éducation à la responsabilité de nos jeunes frères et sœurs. La vie a des phases ; il faut faire des choix à des moments clés de la vie. Durer dans un lien sponsal montre la maturité du conjoint et même temps.

Il faut une pastorale du mariage et de la famille ouverte à tous, pour mieux éclairer les jeunes sur les enjeux du notre temps au sujet du mariage et mettre en place une méthode d’accompagnement qui les conduise pas à pas vers le mariage. Il faut enfin, au commencement et à la fin, prier pour les couples et ceux en préparation pour le mariage.

Que Dieu bénisse nos familles,

Qu’il bénisse les membres de notre groupe qui sont déjà mariés

Qu’il accorde le discernement à ceux qui sont en cheminement

Pour sa gloire et sa plus grande gloire. Amen

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Abbé Jean Oussou-Kicho

Je suis prêtre de l’archidiocèse de Cotonou (Bénin), ordonné en 2008, licencié en théologie morale. Directeur de complexe scolaire, je suis investi dans la pastorale des réseaux sociaux, devenus un nouveau terrain propice pour l’évangélisation et l’éducation des chrétiens