Les empêchements au mariage catholique liés au consentement

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Frères et sœurs, avec la parenté légale et l’honnêteté publique, nous avons fini avec les empêchements qualifiés de dirimant au mariage catholique. Il reste encore deux catégories d’empêchements sur lesquelles nous n’allons pas trop nous attarder. Les trois jours qui suivent pourront nous permettre de les épuiser. Il s’agit des empêchements liés au consentement et ceux liés à la forme canonique de célébration du mariage. Voyons de plus près.

Qu’est-ce que le consentement matrimonial ?

« Le consentement matrimonial est l’acte de la volonté par lequel un homme et une femme se donnent et se reçoivent mutuellement par une alliance irrévocable pour constituer le mariage » (Can 1057, §2). Dit autrement, le consentement matrimonial est le fait que deux personnes, un homme et une femme, par un « oui » totalement volontaire et libre donné l’un à l’autre, acceptent de mener vie commune de manière permanente sans autre interruption que la mort ou l’empêchement qui de soi rend nul le mariage. Pris ainsi, le consentement matrimonial est le cœur même du mariage, de sorte qu’on peut dire que sans consentement, il n’y a pas de mariage. On peut aussi dire qu’un défaut dans la vérité du consentement peut invalider un mariage ou le rendre nul. À sa simple expression, le mariage, c’est l’échange de consentement.

Il y a différents cas que l’on rencontre où le consentement pose des problèmes sérieux quant à son existence ou même à sa valeur, soit chez l’un ou l’autre des conjoints ou même chez les deux simultanément. Tous ces cas se regroupent en trois rubriques que je vous présenterai sans plus de détails, pour faire bref. Voici les trois groupes : les incapacités, l’ignorance de la nature du mariage et ce que nous pouvons appeler l’erreur, le dol, la simulation et les exclusions.

Les incapacités

Il s’agit de personnes qui ont des problèmes psychiques ou d’immaturité psychologique. Il s’agit de ceux qui n’ont pas l’usage suffisant de la raison et qui, en réalité, ignorent ce à quoi ils s’engagent. Il s’agit des enfants, des personnes psychologiques diminuées, de ceux qui ont perdu la raison par maladie, accidents ou autres causes non éclairées.

Dans ce même sillage, se trouvent ceux qui ont un usage apparent de la raison mais qui ont un réel problème de discernement ou de jugement entre les droits et les devoirs liés au mariage. Ils consentent à une réalité dont ils ne maîtrisent pas les tenants et aboutissants. Cela peut provenir de troubles psychologiques ou d’états psychoaffectifs perturbés en sorte que la personne ignore partie ou tout de ses droits et devoirs à recevoir et à rendre en ce qui concerne le consentement à donner.

On entend aussi ceux qui, bien qu’ils soient capables de donner un consentement normal, sont déséquilibrés au plan psychique, au point où ils ne peuvent pas assumer les obligations du mariage. Cela peut être dû à une pathologie sexuelle (malformation congénitale ou par suite d’une maladie grave) ou une trop grande estime de soi qui conduit à l’exclusion de l’autre, du conjoint en l’occurrence. Dans ses maladies psychiques, il faut compter ceux et celles qui sont inconstants, capables de dire oui aujourd’hui et non demain, et oui après demain et non le surlendemain. Le consentement, étant un « oui » à l’autre, ne peut souffrir des instabilités dues à l’humeur. Les personnes qui, pour un rien, demandent à leur femme de ramasser leur bagage ou menacent de rompre aujourd’hui et demain se calment pour reprendre après demain ; les femmes qui pour un silence, vont chez leurs parents ou s’emmurent dans un silence ; les personnes qui aujourd’hui disent et demain disent non ne peuvent contracter mariage. Il faut une constance psychologique au niveau décisionnel pour rassurer celui avec qui on veut se marier.

L’ignorance de la nature du mariage

Le mariage est un sacrement dont la finalité est aussi la procréation. Un conjoint qui ignore que la procréation passe par exemple par l’union sexuelle et qui se refuse à se donner à son conjoint pour réaliser cet objectif ne peut se marier. Et si dans ce contexte, il se marie, le mariage sera déclaré nul par la suite. On parle de mariage ratifié non consommé. Or la consommation fait partie du mariage. En vérité, les conjoints qui refusent la consommation, ignorent fondamentalement l’essence même du mariage.

On peut aussi prendre exemple de l’aide mutuelle. Si un conjoint refuse totalement d’aider et d’assister l’autre, s’il mène vie solitaire comme un célibataire, ne tenant pas compte de l’autre, il ne peut se marier. Car le mariage exige que les époux soient une aide assortie l’un pour l’autre.

L’individualisme qui se développe de plus en plus nous oblige à prendre ce cas au sérieux. Dans plusieurs couples ou des couples en formation, les (futurs) conjoints qui vivent en ignorant absolument l’autre (ce qui finit même par poser des questions sur son importance et son utilité aux côtés du conjoint) ne peuvent pas se marier.

Chacun peut à vau-l’eau trouver des illustrations à ces différents cas de figure. Je développerai demain la dernière catégorie des défauts de consentement demain : il s’agit des erreurs, de la tromperie, de la simulation et des exclusions.

L’erreur, le dol, la simulation et les exclusions

Ce sont aussi quatre cas qui touchent spécifiquement aux empêchements liés au consentement matrimonial. Je les exposerai succinctement :

L’erreur

L’erreur provient d’une fausse appréciation ou d’un faux jugement sur une réalité donnée. En ce qui concerne le mariage, l’erreur peut porter soit sur la personne qui se marie ou sur les qualités de cette personne-là. En ce qui concerne l’erreur sur la personne (comme nous l’avons dit dans un post sur l’âme-sœur par les sites de rencontre), on ne peut jamais se marier avec une personne qu’on n’a jamais rencontrée. Il faut un minimum de connaissance réciproque qu’impose les différentes étapes qui mènent au mariage. Dans nos cultures du sud Bénin, pour qu’il n’y ait pas erreur sur la personne, au cours de la dot, on couvre de voile de fausses fiancées pour voir si la famille du fiancé connaît bien celle qu’elle dote. Souvent après deux essais, le troisième est le bon. C’est à la famille du fiancé de montrer qu’elle ne se trompe pas sur la femme que leur enfant veut. Je me demande bien pourquoi on ne fait pas cela pour l’homme que la famille de la femme le reconnaisse vraiment.

À côté de cela, il y a des mariages arrangés dans certaines traditions où les parents amènent une fille à un jeune homme lui indiquant que c’est sa femme, sans qu’ils ne se soient jamais vus auparavant. De plus en plus cette tendance se corrige mais la réalité existe par-ci et par-là. Ce mariage traditionnel ne peut être validé par l’Église dans une célébration sacramentelle. Elle exigera la séparation et le cheminement pour que les deux se découvrent et acceptent d’échanger un « oui » libre et volontaire.

En ce qui concerne l’erreur sur la qualité de la personne, bien que toute erreur ne soit pas une raison, de soi, suffisante pour invalider un mariage, on peut citer des cas graves d’erreurs qui pourraient conduire à invalider un mariage. Par exemple, je crois me marier à un chrétien catholique bon teint, sans mélange. Dans notre relation, il ne m’a jamais montré ou il a caché son penchant pour l’occultisme et le fétichisme. Une fois mariée, mon homme m’avoue qu’il est sorcier et féticheur et qu’il craignait d’être abandonné si je l’apprenais. On peut bien invalider ce mariage, car l’erreur est grave et très grave sur la qualité spirituelle de la personne. Nous sommes dans une vraie tromperie. Autre exemple : je me marie avec une femme que je crois fidèle. Dans la journée elle est toujours à la maison. Elle me fait croire que je suis le seul homme de sa vie. Après le mariage, je découvre que c’est une « prostituée » qui ne vit que de cela et ne peut s’en passer. Il s’agit ici d’une erreur grave sur la qualité morale de la personne. Ce mariage peut bien être invalidé, car il enfreint gravement à la fidélité conjugale.

Le dol

Le dol est encore ce qu’on appelle la tromperie. Si vous voyez bien les exemples donnés, il y a tromperie volontaire de la part de l’homme et de la femme. Quand nous sommes dans un tel cas, nous parlons de « dol ». Celui qui, pour parvenir à sa fin de se marier, cache un défaut grave qui devrait influencer le consentement tombe dans la tromperie (le dol). Alors pour que, dans un cas de dol, le mariage soit annulé, il faut selon le droit de l’Église, trois cas :
  • Que la tromperie (dol) soit faite en vue d’amener l’autre partie à dire « oui » au mariage.

  • La tromperie doit porter sur une qualité de la personne (Je cherche l’honnêteté, tu le sais. Tu me montres que tu es honnête alors que tu es un brigand de nuit. Or tu sais très bien que j’ai horreur du brigandage et que je ne peux jamais me marier à un brigand).

  • La tromperie sur la qualité doit perturber l’équilibre de la vie commune que les époux doivent mener (Je ne peux pas vivre avec un sorcier, un brigand, etc).
C’est pour cela que l’Église demande aux futurs époux de prendre patience pour bien se connaître pour ne pas dire un « oui » qui en fait devrait être un « non ». Les procédures de reconnaissance en nullité sont trop longues pour ne pas décourager. La précipitation est toujours mauvaise conseillère.

La simulation totale du consentement

Le consentement matrimonial doit être vrai et non hypocrite. On ne doit jamais dire « oui » à un homme ou à une femme sous pression. Même si parfois c’est difficile à prouver, celui qui dit oui à son conjoint en sachant qu’au fond de lui-même il ne veut pas se marier à lui ou à elle, tombe dans la simulation totale du consentement. Le comportement ou les déclarations de l’homme après le mariage peuvent donner des indices. Mais ici, comme cela relève de l’intériorité, c’est bien difficile de le prouver. Je le dis pour que ceux et celles qui jouent avec le sacrement et avec la vie des autres sachent que, s’ils sont dans ce semblables cas, ils ne se sont pas mariés. Ce n’est que du théâtre.

Les exclusions

Les exclusions touchent les principes, les propriétés et les finalités du mariage. En donnant son consentement, on dit « oui » à tout l’ensemble que suppose le mariage catholique et non à une partie. Dans les échanges à bâton rompu, j’ai remarqué, tant chez des femmes comme chez des hommes, que certains veulent faire le mariage selon leur goût, un peu comme on le fait à l’état-civil où les mariés ont par exemple la possibilité de choisir entre leur régime matrimonial. Ils veulent choisir certaines choses dans le mariage catholique et exclure d’autres. C’est ce que nous appelons les exclusions. Nous avons trois exclusions auxquelles nous ajoutons deux autres attitudes exclusives.

Exclusion de l’unité du mariage

Le mariage chrétien catholique est monogamique. En excluant l’unité du mariage, on ouvre la voie à la possibilité d’un mariage polygamique. Le dossier de mariage sera rejeté. Le mariage, c’est un homme et une femme. C’est un mariage avec une personne et non deux.

Exclusion de l’unité du mariage

Le mariage a une double dimension unitive et procréative. Si l’un des conjoints ou les deux refusent totalement et radicalement de s’ouvrir à la naissance d’un enfant et déclarent se marier uniquement pour s’unir, ce mariage ne peut être célébré. En effet, même si ne pas faire des enfants ne rend pas un mariage invalide, se fermer de soi à la procréation est le refus volontaire d’une finalité du mariage. Et refuser cette finalité, c’est refuser une partie du mariage chrétien. Il n’y aura pas mariage. On prend tout ou on laisse tout. On ne choisit pas son mariage.

Exclusion de l’indissolubilité

L’indissolubilité, avec l’unité, sont les deux propriétés en tant que caractéristiques du mariage chrétien catholique. L’indissolubilité signifie que si le mariage est valide, plus aucune puissance sur terre ne peut plus vous séparer. C’est pour cette raison qu’on dit que le mot « divorce » n’existe pas dans le mariage chrétien. Le sacrement dure toute la vie tant que les deux époux vivent. Quand un futur conjoint s’insurge contre cette propriété, il ne peut avoir mariage chrétien entre les deux. C’est une alliance entre deux personnes pour la vie, même si l’un tombe malade, qu’il quitte définitivement la maison, qu’il n’y ait pas d’enfants malgré tout, etc., ils sont unis pour la vie. Personne ne peut les séparer.

Le mariage sous condition

On ne se marie pas à X ou Y sous condition. On ne dira pas, je te donne mon « oui » pour deux ans et après chacun prendre sa direction. On ne dira pas aussi, si tu me fais des garçons, je serai ton mari, mais si tu me fais successivement trois filles, je vais chercher ailleurs. La femme ne pourra pas dire : « Si tu me construis une maison, je serai ta femme, autrement, je ne veux pas te donner mon consentement ». Le mariage ne se fait jamais sur des conditions futures. C’est un contrat, certes pour le meilleur contre le pire, mais le pire ne saurait être une condition pour renoncer à son consentement.

La violence et la crainte

Le mariage est un acte libre et personne ne devrait le poser sous contrainte ou par violence. Il peut avoir plusieurs formes de craintes et de violences. Le droit canonique dit : « est invalide le mariage contracté sous l’effet de la violence ou de la crainte grave externe, même si elle n’est pas infligée à dessein, dont une personne ne peut se libérer sans être forcée de choisir le mariage ». Dans cette catégorie, on peut parler de la crainte parentale ou révérencielle, vis-à-vis de ceux à qui ont doit obéissance. Exemple : Mon papa, que j’aime tant m’a dit qu’il me renierait de sa famille si je ne me marie pas à X ou Y. Par crainte du reniement, je préfère lui obéir. C’est un mariage nul, car le consentement n’est pas libre. Notre tante est tout pour nous. C’est elle qui s’occupe de tout dans notre famille. Elle m’a dit qu’elle m’abandonnerait si je ne me marie pas à cette fille qu’elle estime. Se marier dans ces conditions rend nul le mariage, purement et simplement. On peut bien multiplier les exemples à ce sujet. Ces deux sont donnés car ils sont récurrents.
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Abbé Jean Oussou-Kicho

Je suis prêtre de l’archidiocèse de Cotonou (Bénin), ordonné en 2008, licencié en théologie morale. Directeur de complexe scolaire, je suis investi dans la pastorale des réseaux sociaux, devenus un nouveau terrain propice pour l’évangélisation et l’éducation des chrétiens