27ème dimanche ordinaire B

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L’indissolubilité dans le mariage chrétien, telle que le Christ la formule, reste incomprise des hommes. Pour eux, c’est une caution à l’adultère et à l’infidélité. Dans le fond pourtant, la renonciation à la répudiation, donc au divorce, renforce l’unité du lien matrimonial en même temps qu’elle protège les couples de la séparation. L’urgence d’une éducation à l’authenticité de l’amour, à l’image du Christ et de l’Église, est une tâche longue, mais nécessaire à accomplir.

1. L’indissolubilité incomprise

Ce vingt-septième dimanche du temps ordinaire de l’année B nous permet de méditer sur le mariage chrétien. Deux propriétés y sont essentielles : l’unité et l’indissolubilité. Or, de plus en plus, on observe l’infidélité dans le couple. Quand c’est constaté, la solution universelle est la rupture du lien matrimonial. Le couple se sépare. Cette pratique avait aussi cours chez les Juifs. En effet, en cas d’adultère, l’homme pouvait écrire un acte de répudiation à la femme et se séparer d’elle. Les pharisiens soumettent cette pratique à l’appréciation de Jésus. Ce dernier ne prend pas quatre chemins pour s’opposer à cette habitude. Pour rien au monde, l’homme et la femme ne doivent pas envisager la séparation, même en cas d’infidélité d’un des membres du couple. Cet enseignement de Jésus reste encore comme une pierre d’achoppement aujourd’hui. Même ceux qui se disent chrétiens de souche ont du mal à comprendre cette disposition.

Bien souvent, ce sont les hommes qui s’insurgent contre l’indissolubilité du mariage. Si beaucoup de chrétiens ne sont pas mariés, ce n’est pas tant du fait des femmes, mais des hommes. Ils pensent se mettre une meule au cou et perdre leur pouvoir. Pour eux, la dissolution du mariage est l’épée de Damoclès suspendue sur la tête des femmes. Jésus n’aurait pas dû revenir sur cet aspect de la loi de Moïse. À voir de près pourtant, Jésus ne renvoie l’homme qu’à une disposition originelle : « au commencement, Dieu créa l’homme et la femme. C’est pourquoi l’homme quittera son père et sa mère, il s’attachera à sa femme et tous deux ne feront qu’une seule chair ». L’indissolubilité du mariage renforce le principe de l’unité et en même temps prévient contre l’infidélité.

2. L’indissolubilité au service de l’unité du couple chrétien

L’indissolubilité est la propriété selon laquelle un mariage validement célébré ne peut se rompre tant que les deux époux vivent. Seule la mort peut les séparer. La seule propriété de l’unité matrimoniale ne permettait pas de percevoir le caractère définitif de l’alliance entre un homme et une femme. On pouvait donc rompre d’avec une femme pour prendre une autre. Dans la forme, l’unité est sauvegardée. Mais dans le fond, ça ne l’est pas. Jésus révèle à l’homme que l’unité du mariage signifie l’unité du consentement. On ne peut pas dire « oui » pour dire « non » après, quitte à donner son « oui » à un autre. Dans ce contexte d’instabilité de la parole donnée, l’unité du mariage ne sera qu’un jouet entre les mains des conjoints. Il faut donc reconnaître que la propriété de l’indissolubilité dans le couple chrétien est l’autre face de la propriété de l’unité. C’est comme une pièce d’argent avec son endroit et son envers. L’unité dans le mariage chrétien ne va pas sans l’indissolubilité du mariage chrétien, et réciproquement. Sans l’indissolubilité, l’unité matrimoniale est en situation périlleuse ; sans l’unité du lien, l’indissolubilité devient comme une caisse vide qui résonne.

3. L’indissolubilité comme prévention à l’infidélité dans le couple

Affirmer que l’impossibilité du divorce dans le mariage chrétien peut favoriser l’infidélité est une manière étriquée de percevoir le bienfait de cette propriété. L’infidélité dans le couple ne vient pas de l’indissolubilité mais bien de la menace du divorce qui crée un climat propice à sa survenue. Elle peut aussi provenir d’une situation polygamique ou d’irresponsabilité conjugale et parentale, mais jamais de l’indissolubilité.

En effet, savoir que l’on s’appartient l’un l’autre crée un climat de confiance et de don de soi difficile à trouver dans les couples qui évacuent cette propriété matrimoniale. C’est l’incertitude de rester jusqu’à terme, de ne pas avoir des surprises désagréables dans la durée qui conduit à la construction de relations extérieures au couple. Il est prouvé que les couples qui se promettent de ne jamais se séparer sont les couples vivant l’amour dans la vérité. La fidélité devient pour eux comme un rempart et une motivation pour que les époux revitalisent leur amour. L’indissolubilité permet donc de s’attacher plus solidement au conjoint à qui on reste fidèle. Là où il y a l’amour exclusif pour son époux ou son épouse, la question de l’indissolubilité apparaît comme une évidence.

Dans cette veine, ce sont ceux qui ne peuvent vivre la fidélité dans le mariage qui rejettent l’indissolubilité. Le problème est donc moins au niveau de l’effritement du couple que de la maturité psychoaffective du conjoint. C’est un problème personnel, un conflit intérieur d’instabilité au niveau de l’individu. Avant que l’indissolubilité ne soit un problème lié au couple, elle est avant tout – et se limite d’ailleurs là – un problème individuel. Il y a donc urgence à une nouvelle éducation au respect de la parole donnée.

4. Éduquer à l’authenticité de l’amour.

L’instabilité sociale frappe tous les secteurs et transforme complètement les hommes. Les valeurs morales sont relativisées. Les moyens de communication enseignent une éthique du provisoire. Dans ces conditions, l’amour est provisoire, le mariage provisoire. Rien n’est certain. On doit transmettre à nos enfants et à nos jeunes que tout n’est pas provisoire. Dieu et sa parole ne relèvent pas de ce domaine, pas plus que leur propre vie. On ne peut construire une vie de couple sur le provisoire. Pour y arriver, il faut leur apprendre déjà à respecter sa promesse jusqu’au bout. Tant que nous resterons dans une culture ambivalente, dans une société de profit et de duperie, nous serons confrontés aux problèmes d’infidélité dans le couple et le rejet du divorce par l’Église sera toujours incomprise. Il faut aussi former les couples en situation sur la valeur sacramentelle de leur acte : ils deviennent le signe du modèle de mariage que l’homme doit imiter : le Christ Époux et l’Église son épouse.

Une bonne éducation doit partir donc de Dieu, dont la Parole est irrévocable : « Je l’ai juré à David et je ne reprendrai pas ma parole ». Il faut apprendre que le mariage est un serment que l’on fait à une personne. La rupture est un parjure. Il faut absolument revenir sur cette éducation si nous voulons résorber en profondeur la question de l’infidélité dans le couple à travers la propriété de l’indissolubilité.

Le Christ, en renvoyant les époux au principe divin de l’unité du mariage ouvre une perspective toute nouvelle avec l’indissolubilité du couple chrétien. Loin de mettre en crise le couple, il lui indique, pour ainsi dire, le véritable chemin qui le protège contre l’infidélité. Dans une société où les paroles s’envolent et sont inconsistantes, il faut marquer, comme une urgence, l’éducation des plus jeunes et des couples en formation. C’est du moins la méthode longue et payante contre la dislocation des couples de demain.

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Abbé Jean Oussou-Kicho

Je suis prêtre de l’archidiocèse de Cotonou (Bénin), ordonné en 2008, licencié en théologie morale. Directeur de complexe scolaire, je suis investi dans la pastorale des réseaux sociaux, devenus un nouveau terrain propice pour l’évangélisation et l’éducation des chrétiens

Cet article a 4 commentaires

  1. Mariane GATTO ATINGAME

    Merci mon père. Dieu vous bénisse . Puisse le Saint-Esprit nous faire rentrer dans cette conception divine, amen

  2. AGOSSOU Arnaud

    Je bénis L’Eternel Dieu tout puissant pour cet article que vous avez publié pour le bien être des couples, infiniment merci.
    Que L’Eternel Dieu tout puissant vous fortifie d’avantage .
    Priez pour les couples en difficulté.

  3. Jean-Eudes DOSSOU

    Je suis fan tout simplement puisse le seigneur vous illuminé d’avantage.

  4. Kolié louise

    Merci mon père pour cet enseignement si profond de fois la vie de chaque jour nous fait oublié que représente le mariage chrétien.

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