Jacques et Jean avaient cherché la première place auprès de Jésus, réclamé de siéger à sa droite et à sa gauche dans son royaume. C’est alors que Jésus enseigne à ses disciples comment et par quelle voie devenir grand aux yeux de Dieu, et même être le premier. Les chefs des nations dominent sur elles, leur dit-il. Que les chefs de l’Église, au contraire, soient au service de l’Église. Les grands de la terre peuvent bien exercer une autorité injuste, les grands de l’Église se conformeront, eux, à ce mot d’ordre : Mettez-vous à mon école, car je suis doux et humble de cœur et vous trouverez le repos.
Il est des temps ou, selon la parole de l’Apôtre, les pécheurs doivent être repris en public pour que les autres en conçoivent de la crainte ; il est des temps où il faut user de son autorité pour livrer certaines gens à Satan pour la perte de leur chair, afin que leur esprit soit sauvé au jour du Seigneur. Cela pourtant doit être rare et, s’il faut reprendre les agités, il faut aussi encourager les craintifs, soutenir les faibles, avoir de la patience envers tous, ne rendre à personne le mal pour le mal. Le pécheur ne doit pas être traité en ennemi ; écoutons l’apôtre nous dire : Ne le traitez pas en ennemi, mais reprenez-le comme un frère.
Je me suis étendu sur ce sujet pour bien faire comprendre à ceux qui ont autorité dans l’Église qu’il ne leur faut pas, selon la parole du Seigneur, imiter les chefs des nations, rivaliser avec les puissants ou les rois, mais qu’en ce domaine, c’est plutôt le Christ qu’ils doivent prendre pour modèle de comportement humain. Lui, il était accessible à tous absolument, il parlait avec les femmes, il bénissait les enfants.
Et bien qu’on puisse trouver un sens encore plus profond au geste de Jésus versant de l’eau dans un bassin et lavant les pieds de ses disciples, écoutons cependant la parole qu’il dit alors : Vous m’appelez Maître er Seigneur, et vous avez raison, car je le suis. Il leur fait ainsi comprendre qu’ils doivent imiter son admirable humilité. Et c’est bien, sans doute, parce que lui, le Seigneur, s’est fait serviteur de notre race pour le salut du genre humain, que l’Apôtre nous dit qu’il a pris la condition de serviteur et qu’il s’est humilié, obéissant jusqu’à la mort ; voilà pourquoi Dieu l’a exalté. Alors, si quelqu’un désire être exalté à son tour, qu’il conforme des actions à celles qui ont valu au Seigneur une telle gloire.
Commentaire d’Origène sur l’Évangile selon saint Matthieu
Lib. 16, 8 : PG 13, 1389-1392. 1396-1398
Origène est le père de l’exégèse biblique. Théologien de la période patristique, il est né à Alexandrie v. 185 et mort à Tyr v. 253. Il est aussi l’un des Pères de l’Église et « le plus grand génie du christianisme antique avec saint Augustin » selon la formule du cardinal Jean Daniélou.
Hymne
À toi Dieu, notre louange !
Nous t’acclamons, tu es Seigneur !
À toi Père éternel,
L’hymne de l’univers.
Devant toi se prosternent les archanges,
les anges et les esprits des cieux ;
ils te rendent grâce ;
ils adorent et ils chantent :
Saint, Saint, Saint, le Seigneur,
Dieu de l’univers ;
le ciel et la terre sont remplis de ta gloire.
C’est toi que les Apôtres glorifient,
toi que proclament les prophètes,
toi dont témoignent les martyrs ;
c’est toi que par le monde entier
l’Église annonce et reconnaît.
Dieu, nous t’adorons :
Père infiniment saint,
Fils éternel et bien-aimé,
Esprit de puissance et de paix.
Christ, le Fils du Dieu vivant,
le Seigneur de la gloire,
tu n’as pas craint de prendre chair
dans le corps d’une vierge
pour libérer l’humanité captive.
Par ta victoire sur la mort,
tu as ouvert à tout croyant
les portes du Royaume ;
tu règnes à la droite du Père ;
tu viendras pour le jugement.
Montre-toi le défenseur et l’ami
des hommes sauvés par ton sang :
prends-les avec tous les saints
dans ta joie et dans ta lumière.
Oraison
Dieu éternel et tout-puissant, fais-nous toujours vouloir ce que tu veux et servir ta gloire d’un cœur sans partage.
