Une femme au combat pour notre salut

Statue de Notre-Dame de Fatima
Statue de Notre-Dame de Fatima

L’Immaculée Conception est le dogme marial selon lequel la Vierge Marie est conçue sans le péché originel en raison de sa prochaine maternité divine.

Auteur : Mgr Fidèle Agbatchi

Première lecture : Gn 3, 9-20

Psaume responsorial : Ps 98(97)

Deuxième lecture : Ep 1, 3-12

Évangile : Lc 1, 26-38.

Une femme au combat pour notre salut

En considérant la figure de la Vierge Marie, les croyants hésitants ou les non-croyants remettent à la forme interrogative tout ce que l’Église, sur la base et dans la logique de la Révélation divine, enseigne à la forme affirmative sur la Vierge de Nazareth en matière de privilèges reçus d’elle.

Ils se demandent : comment Marie peut-elle concevoir un fils sans l’intervention d’un homme, c’est-à-dire, en conservant sa virginité ? Comment est-elle transportée au ciel corps et âme après sa mort ? Comment a-t-elle pu naître sans le péché originel ? C’est justement ce dernier privilège qui est l’objet de la solennité de l’Immaculée Conception célébrée aujourd’hui.

Face au Dogme qui enseigne que Marie est conçue sans le péché originel, je propose qu’on considère Marie non seulement dans la totalité de sa personne, mais aussi qu’on l’insère dans l’histoire qui l’explique et qu’elle explique.

Personnellement, Marie, comme tout homme, est une histoire, et cela déjà demande qu’on la suive dans son parcours. D’ailleurs, en tant qu’histoire, elle n’est au-dessus de personne, comme le dit ce chant sacré : tout homme est une histoire sacrée… et rien dans l’homme ne s’explique comme un fait singulier détaché de tout autre.

De plus, dans son cas particulier, Marie est une histoire dans une histoire. Là encore, en tant que telle, elle ressemble à tous, car chacun occupe sa place comme un chaînon dans l’histoire de l’humanité, et nul n’est une île.

Ces remarques nous invitent à aborder Marie dans la totalité de sa propre histoire et dans la globalité de l’histoire de l’humanité qu’il faut appeler ici histoire du salut.

L’histoire du salut fait suite à une histoire de damnation. Nous avons mérité la condamnation quand nos premiers parents ont désobéi à Dieu dans le Jardin d’Eden. Dans la première lecture de ce jour, voyez le spectacle qui a suivi le péché : Dieu vient vers l’homme et l’homme s’éloigne de lui ; Dieu cherche l’homme et l’homme s’en va se cacher. C’est dans cette ambiance de peur et de rupture que Dieu instaure pour la première fois un vrai dialogue en lui posant la toute première question : homme, où es-tu ?

Ce n’est pas seulement une interrogation, mais aussi une déclaration d’amour, car cette question laisse entendre un discours dans le style de : ” je t’aime, tu me manques, je te cherche, je veux te voir, je recherche ta compagnie “…

Curieusement, au moment même où Dieu doit châtier, il déclare l’amour. L’homme répond en fuyant et en se cachant.

Désormais, l’ordre du monde est troublé. Tout se gâte dans les relations entre l’homme et la femme. Dans leur première rencontre, l’homme, dans un grand émerveillement, avait dit de la femme : c’est l’os de mes os, la chair de ma chair (Gn 2,23). Et maintenant, en prenant Dieu à témoin et presque en l’accusant en même temps que la femme, il dit : la femme que tu m’as donnée… (Gn 3,12). Prise de court, la femme à son tour accuse le serpent. Tout se gâte entre l’homme et la femme, entre la femme et la nature qui désormais se rebelle contre le couple humain originel.

Voilà d’où nous sommes partis. Mais où allons-nous ? C’est la question.

Or, le créateur ne supporte pas que sa créature se perde, car il l’a créée par amour et il ne veut pas cesser de l’aimer. Ce qu’il fera alors, c’est de la sauver. Il lui a donné une terre qui s’est corrompue, maintenant, il lui promet une terre de beauté, mais avec la terre promise va la figure de la mère promise, une figure de femme. Cette figure pointe déjà dès les origines : je mettrai une hostilité entre la femme et toi, entre sa descendance et ta descendance…

Ce n’est pas une guerre entre la femme et le serpent, c’est une guerre entre Dieu et le serpent, Dieu et le diable. C’est dans cette guerre que Dieu a besoin d’une femme. Ah ! Vous riez ! Avoir besoin d’une femme pour la guerre, n’est-ce pas comme si on allait à la chasse au loup avec un mouton ?

Et pourtant la victoire est assurée, parce que cette femme est invulnérable. L’ennemi sait que pour vaincre l’homme, il faut le pousser au péché. Mais il ne sait pas par où passer pour vaincre cette femme parce qu’il ne dispose que de l’arme du péché qui n’a aucun impact sur la femme Immaculée. Dieu invente donc l’Immaculée comme arme de guerre et moyen de victoire infaillible.

Marie entre dans cette histoire de combat où Dieu combat pour elle en la créant Immaculée, pour qu’elle combatte pour nous et nous rende aussi immaculés. Son combat, ce n’est pas seulement que nous soyons invulnérables à la guerre, mais que notre invincibilité vienne du fait que nous sommes comblés des bénédictions spirituelles en Jésus-Christ.

Or, Jésus-Christ, c’est le fruit de ses entrailles, celui à cause de qui Marie est immaculée, celui-là même qui la rend immaculée pour nous rendre invincibles et bénis au-delà de toute mesure.

Toute cette imagerie est militaire, mais elle vaut la peine d’être adoptée. Allons nous-mêmes à ce combat et nous combattrons pour vaincre. Mais qui combattrons-nous ? – Bien sûr, l’ennemi ! Mais qui est l’ennemi ? – L’ennemi, c’est nous-mêmes. L’ennemi, c’est ton péché, c’est ta paresse à le combattre, à la limite, ta complaisance en lui. L’ennemi, c’est ton moi que tu mets au centre de tout pour l’égoïsme, le manque d’attention témoigné aux autres, l’injustice à eux infligée, les frustrations administrées, les meurtres perpétrés, les guerres menées, les génocides conduits et l’environnement martyrisé sur la croix de ton moi.

Le combat se mène aux côtés d’une femme victorieuse parce que, par Volonté et puissance divines, Immaculée. La victoire est nôtre, car marie combat pour nous, son Fil en tête.

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Abbé Jean Oussou-Kicho

Je suis prêtre de l’archidiocèse de Cotonou (Bénin), ordonné en 2008, licencié en théologie morale. Directeur de complexe scolaire, je suis investi dans la pastorale des réseaux sociaux, devenus un nouveau terrain propice pour l’évangélisation et l’éducation des chrétiens

Cette publication a un commentaire

  1. AGBEKPONOU Thibaut

    Merci beaucoup mon père pour le texte vraiment enrichissant

Les commentaires sont fermés.