Vendredi 30e sem. TO – Impaire

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Ambon

« Prenant la parole, Jésus s’adressa aux docteurs de la Loi et aux pharisiens pour leur demander : « Est-il permis, oui ou non, de faire une guérison le jour du sabbat ? »

Nous sommes en milieu juif, précisément chez un chef des pharisiens. Jésus s’y rend pour prendre son repas.

Il y avait devant lui un homme atteint d’hydropisie

Voilà un homme visiblement souffrant d’accumulation irrégulière de liquide dans ses cavités séreuses. Les œdèmes le rendent méconnaissable. Sa présence, là, au milieu de personnes attablées interpelle. Elle pose une question de conscience devant la souffrance humaine. Ce n’est qu’un cas de figure devant la grande masse de la souffrance de notre monde. Les malades sont là au milieu de nous. Nous les rencontrons dans tous les coins de rue : malades d’amour, malades de trahisons, malades d’humiliation mais aussi malade d’orgueil, d’indifférence à l’homme. Combien ne sont pas de marbre en face de la misère qui pourtant crève les yeux !

Ce passage évangélique nous pousse à reconnaître notre propre cécité, un aveuglément voulu, un refus de voir ou, mieux, une fermeture à l’interpellation de la souffrance gratuite de nos semblables. Cela peut venir d’une trop grande habitude à la souffrance au point où on en est finalement insensible. Cet état de chose peut aussi provenir d’un légalisme déshumanisant contre lequel Jésus s’insurge.

Est-il permis de guérir le jour du sabbat ?

La question n’est pas simple. Elle est provocatrice en soi et dérangeante pour une assistance que nous connaissons rigoureusement légaliste. En effet pour le juif, le sabbat est un jour sacré, un jour dédié au Seigneur, consacré à lui. C’est un jour de repos total qui ne devrait souffrir d’aucune activité hors des prescriptions légales. Spécifiquement, nous connaissons aux pharisiens l’ardeur jaloux pour la loi et leur radicalité dans son observance. On peut le dire sans exagération qu’après Dieu, c’est la Torah qui est digne de vénération, pour le commun des pharisiens.

On comprend donc bien leur silence, un silence qui est leur refuge devant les questions à réponses évidentes. « Dites-moi à votre tour, le baptême de Jean, vient-il de Dieu ou des hommes ? », rétorquait Jésus alors que les mêmes pharisiens lui demandaient la source de son autorité (cf. Mt 21, 25). Ils connaissent pourtant bien la réponse et cependant, ils se réfugient dans un silence d’auto culpabilisation. Le silence des pharisiens devant la réponse de Jésus provient d’un conflit entre le respect du repos sabbatique et la guérison à faire. Ce silence nous laisse comprendre que la loi pour la loi peut aller contre le bien de l’homme. Il nous fait comprendre les limites profondes de la loi quand elle n’est plus au service de l’homme. Pour Jésus, il faut remettre les choses à l’endroit.

Jésus guérit l’homme le jour du sabbat.

Jésus en opérant cette guérison devant les docteurs de la loi et les pharisiens, voulait non seulement leur montrer que la vie humaine est au-dessus de la loi, mais il voulait aussi les guérir de leur insensibilité à la souffrance des autres. Nulle loi ne prévaut à la vie. La loi est au service de la vie et non le contraire. Voilà la nouveauté que Jésus introduit dans la loi. La loi sabbatique est faite pour la vie de l’homme, en priorité. Si on est capable de violer ce repos pour les bêtes, combien plus n’est-il pas légal de s’en servir pour la libération de l’homme.

Fort curieusement aujourd’hui, on voit la haute importance que prennent un chien et un chat malades. Ces animaux dits de compagnie sont plus entretenus que l’homme qu’on préfère ranger dans les placards des maisons d’asiles. Jésus est ferme : il faut la guérison de l’homme et sa libération comme principe de base. Tout le précepte du sabbat comme d’ailleurs tous les droits et devoirs dans le monde devraient poser le principe du bien de l’homme comme premier et dernier article de leur code. Autrement, ils passent à côté de leur objectif, et donc de leur nature intrinsèque. Ou bien la loi sert à l’homme et elle vaut, ou bien elle asservit l’homme et elle est homicide.

À travers cette épisode de l’Evangile de saint Luc, Jésus nous invite à une observance réfléchie de la loi, à la pitié et à la compassion face de la souffrance du prochain. Demandons au Seigneur de nous donner la grâce du discernement face à l’usage de la loi et un cœur compatissant et bienveillant envers le prochain souffrant.

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Abbé Houénagnon Éric Bognon

Je suis prêtre du diocèse de Porto-Novo, ordonné en 2020. Je suis en mission fidei donum dans le diocèse de Djougou, vicaire à la paroisse Saint-Jean-Baptiste de Bassila.