« Il en choisit douze auxquels il donna le nom d’Apôtre »
Aujourd’hui, l’Église, notre mère, nous invite à fêter saint Simon et saint Jude, deux apôtres de notre Seigneur. Elle nous propose donc l’extrait de l’évangile de Luc qui relate l’élection des Douze par Jésus. Dans cette liste des Douze, nous avons Simon le Zélote et Jude, fils de Jacques. Ce passage d’évangile nous permet de nous instruire sur la manière dont le Seigneur fait ses choix. Par suite, nous pouvons nous en inspirer dans les choix décisifs de notre vie.
Jésus passa tout la nuit à prier
Le choix des apôtres est précédé de la prière de Jésus. Le Seigneur se retire seul dans la montagne, pour prier. Le choix qu’il doit faire est si important qu’il prend le temps d’aller à Dieu, de se retirer pour être en profonde communion avec lui. Les apôtres seront en effet ses plus proches collaborateurs, ceux qui vont partager sa vie de tous les jours et à qui il confiera la mission d’évangélisation du monde. Ils seront donc investis d’une lourde charge. Cela suppose un arrêt.
Dans le monde bien souvent, les puissants du monde font leur choix à partir des compétences ciblées. Les choix sont plus le jeu de calculs humains que la résultante d’une inspiration divine. Le chrétien lui aussi es confronté à la nécessité du choix. Il lui arrivera, dans sa vie, de prendre des décisions importantes, de devoir opérer un tri, un choix. Jésus lui montre un chemin peu emprunté par le monde : le chemin de la communion avec Dieu. Pour que nos choix nous aident à mieux accomplir la mission que Dieu nous confie, il faut recevoir de lui l’Esprit de discernement. C’est bien cela que Jésus fait toute la nuit, afin que son choix corresponde vraiment, non pas à ses appréhensions à lui, mais au désir de Dieu.
Que nous enseignent Simon et Jude ?
Pour différencier les deux « Simon » du groupe, l’un s’appelle Pierre et l’autre le Zélote. Ce dernier aurait certainement appartenu au groupe des opposants au pouvoir colonial romain. Les membres de ce groupe, par les armes, travaillaient à l’avènement d’un messie à dimension politique. Le ministère du zélote au côté de Jésus, qui n’entend pas être roi à la manière du monde, lui a certainement ouvert les yeux. Quand nous sommes appelés à être de proches collaborateurs du Christ, nous découvrons combien beaucoup de nos combats sont des erreurs sur la vérité du dessein de Dieu. Nos convictions se purifient en Jésus.
En ce qui concerne saint Jude, fils de Jacques, encore appelé Thaddée, l’évangile de saint Jean nous laisse de lui une question à laquelle le Seigneur donnera une réponse de lumière : « Seigneur, pourquoi dois-tu te manifester à nous, et non pas au monde ? » Jésus répondra en ces termes : « Si quelqu’un m’aime, il restera fidèle à ma parole, mon Père l’aimera, nous viendrons chez lui, et nous y ferons notre demeure » (Jn 14, 22-23). Ici aussi, Jésus ajuste une mauvaise idée sur la manifestation divine aux hommes : Dieu se manifeste à tout homme, sans exception, pourvu que celui-ci accueille le Verbe de Dieu et lui reste fidèle. La manifestation de Dieu à l’homme est d’abord intérieure : c’est la conviction que la foi nous donne de vivre dans l’amitié de Dieu. La fidélité à la parole de Dieu devient le lieu de la présence au quotidien de Dieu auprès de l’homme.
Le travail commence aussitôt
Juste après le choix des Douze, le Seigneur descend de la montagne de l’élection pour la plaine de l’évangélisation. L’attente est grande, car une foule nombreuse de personnes venues de partout, juifs et païens, l’attendait. Une grande soif de libération se manifestait. Jésus leur partage la Parole de vie. Les guérisons multiples en sont l’attestation. Les disciples appréhendent déjà l’ampleur de ce qui les attend. Les hommes, quelles que soient leurs origines et leurs obédiences religieuses, ont besoin d’une Parole vraie qui les éclaire et les oriente. Ils ont besoin d’être guéris de leurs tourments. Les Apôtres ne se trompent pas sur la leçon que le Christ leur donne : la mission est urgente, il faut se mettre immédiatement à la tâche.
Le travail consiste en deux choses : faire entendre la parole divine et libérer les vies. Les deux sont liées, la libération des vies étant la conséquence de la proclamation de la Parole vivante. Nous qui écoutons ce passage évangélique aujourd’hui, nous sommes invités à nous ouvrir à l’attente du monde. Il nous faut communiquer à temps et à contretemps cette Parole. Combien le monde ne serait-il pas guéri de sa fourberie !
Nous demandons au Seigneur, par l’intercession des saints Simon et Jude, de nous donner la grâce de nous convertir à son dessein d’amour dans l’humilité et la grâce de découvrir dans la fidélité à sa Parole le chemin de la rencontre de Dieu. Portons cette fidélité au monde. Ce témoignage est une autre parole, efficace par son incarnation, pour l’orientation des vies et la guérison des cœurs.
