Solennité de tous les saints

Cette image est une illustration de la fête de tous les saints
Vitraux d'Eglise

Frères et sœurs, nous fêtons aujourd’hui ceux qui sont dans la béatitude éternelle, les saints. Les textes de ce jour nous font goûter la joie de ces élus. En même temps, ils nous indiquent le chemin pour y parvenir.

Heureux !

Ce petit mot a été employé neuf fois dans l’Évangile du jour. Il s’agit de l’introduction au grand enseignement de Jésus sur la montagne. Avec la fête de ce jour, on comprend mieux le sens du mot « heureux ». Le bonheur de celui qui suit Jésus n’est pas une chose visible pendant le cours de sa vie terrestre. Ce bonheur est une récompense de fidélité, comme si chaque croix acceptée était une addition de joie à laquelle le Seigneur invite l’homme. La vie chrétienne est donc fondamentalement un appel au bonheur, à la béatitude.

En fêtant les saints aujourd’hui, nous sommes en marche vers le bonheur, non pas qu’il soit absent dans notre vie présente, mais qu’il sera total et sans inflexion quand nous parviendrons au terme du voyage. Ainsi perçue, la solennité de tous les saints nous invite à renouveler nos regards pour discerner ce qui fait le fil d’Ariane de la vie chrétienne : le bonheur. On est donc en droit d’affirmer contre une certaine tendance à réduire la vie chrétienne à une vie de souffrance qu’être chrétien, c’est faire le choix du bonheur authentique, un bonheur qui se réalise par les voies qui ne sont pas celles des hommes, mais celles de Dieu.

Les pauvres de cœur

Ce titre n’est que l’introduction à tous les mots employés par les Christ pour indiquer les multiples chemins du bonheur selon Dieu. Alors que dans le monde et les hommes disent « heureux les puissants, les riches, les forts, les savants, etc. », Jésus regarde ses disciples et dit : « Heureux les pauvres de cœur, les doux, les affligés, les affamés, les miséricordieux », etc.). Il n’y a rien à comprendre, sauf que les chemins de Dieu ne sont pas nos chemins et les pensées de Dieu ne sont pas nos pensées. C’est clairement que, pour Dieu, nos critères de bonheur ne sont pas les siens. Il est capable de se réjouir de ce que le mystère du Père soit caché aux sages et aux savants, mais révéler aux tous petits.

Il faut bien lire ces mots « pauvreté, douceur, affliction, pureté, paix », pour découvrir combien ils sont descriptifs de Jésus lui-même. N’est-il pas le vrai pauvre de cœur quand il accepte de se dépouiller de ses prérogatives divines pour se faire l’un de nous ? La pauvreté de cœur est le détachement de ce qui fait notre motif de gloire. N’est-il pas le vrai miséricordieux, quand il accepte que le « Larron » entre au paradis en même temps que lui, ou qu’il accepte d’ouvrir ses bras au fils prodigue ? La miséricorde est la capacité d’effacer l’offense et d’améliorer la vie de l’offenseur repentant. On peut prendre chaque béatitude et en donner au moins un exemple dans la vie de Jésus.

Le chemin de la sanctification passe nécessairement par l’imitation du Christ, Pauvre, Doux, Affamé, Assoiffé, Pur et Persécuté. Chacun de ceux que nous fêtons aujourd’hui, les connus comme la grande masse des inconnus, a pris par l’un quelconque de ces chemins : nul en effet ne peut se retrouver dans la sainteté du Père s’il n’accepte pas de passer par le chemin de sainteté du Fils.

Votre récompense est grande dans les cieux

Saint Jean, dans sa première épître, dit quelque chose d’absolument inédit : « Le monde ne peut pas nous connaître ». Un chrétien est toujours un mystère indéchiffrable pour le monde autour de lui. La raison est qu’il est conscient d’une promesse déjà réalisée, mais aussi en attente d’accomplissement total : Dieu « a voulu que nous soyons appelés enfants de Dieu, et nous le sommes ». Devenir enfant de Dieu est un grand don divin, car ce dernier annonce une autre récompense inestimable dans les cieux. Le monde n’a pas ce code dans ces schèmes d’interprétation.

Nous savons désormais comment vivre en « enfants de Dieu » : en empruntant le chemin des béatitudes. Nous savons aussi en espérance son aboutissement : « Lorsque le Fils de Dieu paraîtra, nous serons semblables à lui parce que nous le verrons tel qu’il est. Et tout homme qui fonde en lui une telle espérance se rend pur comme lui-même est pur ». C’est exactement, en des mots différents, ce que nous explique la Bonne Nouvelle des Béatitudes : possession du Royaume de cieux, obtention de la terre promise, consolation, satiété, miséricorde, vision de Dieu, filiation divine. Ce sont autant d’expression pour nous signifier que la fête de ce jour est la célébration d’une promesse en réalisation ici-bas et en expression totale auprès du Père.

Beaucoup de nos frères jouissent de cette récompense. Leur présence auprès de Dieu raffermit notre marche vers le Seigneur. Le chemin est chaotique, certes. Il est plein d’épreuves, de croix, de mort à soi. Pourtant, comme le dit l’apôtre des Gentils, il n’y a pas de commune mesure entre les souffrances d’ici-bas et la gloire qui va se révéler en nous. Merci à nos frères et sœurs parvenus à la sainteté. Merci au Seigneur lui le seul Saint en qui tous sont sanctifiés. Que sa grâce et leur intercession nous tiennent dans la fidélité à l’esprit des béatitudes. Ainsi, nous pourrons un jour entendre cette parole de grâce : « Très bien, serviteur bon et fidèle, entre dans la joie de ton Maître ». Comment décrire cette joie ?

Vous aimez cet article ? Donnez lui 5 étoiles
  [Moyenne : 5]
Print Friendly, PDF & Email

Abbé Jean Oussou-Kicho

Je suis prêtre de l’archidiocèse de Cotonou (Bénin), ordonné en 2008, licencié en théologie morale. Directeur de complexe scolaire, je suis investi dans la pastorale des réseaux sociaux, devenus un nouveau terrain propice pour l’évangélisation et l’éducation des chrétiens

Cette publication a un commentaire

  1. ODJOUGBÉLÈ CHRISTIANE

    Merci beaucoup cher Père pour cet enseignement. Puisse L’ESPRIT SAINT nous aider à y parvenir. Amen

Les commentaires sont fermés.