Avoir faim et soif de la justice

Bréviaire

Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice : ils seront rassasiés ! Cette faim ne réclame rien de corporel, ni cette soif, rien de terrestre, mais elles aspirent l’une et l’autre à être assouvies par le bien qu’est la justice, et, introduites dans le secret de tous les mystères, elles désirent être comblées du Seigneur lui-même. Heureuse l’âme qui convoite cette nourriture et brûle du désir d’un tel breuvage ; certes, elle n’y aspirerait pas si elle n’avait déjà goûté quelque chose de sa douceur.

Mais l’âme, entendant l’esprit prophétique lui dire : Goûtez et voyez : le Seigneur est doux, a reçu comme une parcelle de la divine suavité et s’est enflammée d’amour pour cette très chaste volupté ; aussi, méprisant tous les biens temporels, son cœur a brûlé de toute son ardeur du désir de manger et de boire la justice et il a saisi la vérité du premier commandement : Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta force. Aimer Dieu, en effet, n’est pas autre chose qu’aimer la justice.

Enfin, de même que, tout à l’heure, à l’amour de Dieu s’ajoutait le souci du prochain, de même à présent au désir de la justice est unie la vertu de miséricorde, et il est dit : Heureux les miséricordieux : ils obtiendront de Dieu miséricorde ! Reconnais, chrétien, la dignité de ta sagesse ; comprends à quelles récompenses tu es appelé et par l’exercice de quel art spirituel tu les obtiendras. La miséricorde te veut miséricordieux, la justice te veut juste, afin que le Créateur apparaisse dans sa créature et que, dans le miroir du cœur humain, resplendisse l’image de Dieu, reproduite par les traits de la ressemblance. Sois assurée, toi, la foi de ceux qui accomplissent les œuvres : ce que tu désires te sera présent, et tu jouiras sans fin de ce que tu aimes.

Sermo 91, 6-7: SC 200, 236-238

Léon Ier le Grand fut pape de 440 à 461. Il est connu pour son intervention dans les controverses christologiques du 5e siècle : sa position doctrinale, exprimée dans le Tome à Flavien, fut adoptée comme la doctrine orthodoxe au concile de Chalcédoine en 451. Face au délitement du pouvoir impérial, il négocia en 452 avec Attila la retraite des hordes hunniques et en 455 avec Genséric la survie de Rome. Saint et docteur de l’Église, sa fête est le 10 novembre.

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Abbé Jean Oussou-Kicho

Je suis prêtre de l’archidiocèse de Cotonou (Bénin), ordonné en 2008, licencié en théologie morale. Directeur de complexe scolaire, je suis investi dans la pastorale des réseaux sociaux, devenus un nouveau terrain propice pour l’évangélisation et l’éducation des chrétiens