L’obéissance sauve du péché

Bréviaire

Luc présente une généalogie allant de la naissance de notre Seigneur à Adam et comportant soixante-douze générations : il rattache de la sorte la fin au commencement et donne à entendre que le Seigneur est celui qui a récapitulé en lui-même toutes les nations dispersées à partir d’Adam, toutes les langues et les générations des hommes, y compris Adam lui-même. C’est aussi pour cela que Paul appelle Adam lui-même la figure de celui qui devait venir : car le Verbe, artisan de l’univers, avait ébauché d’avance en Adam la future économie de l’humanité dont se revêtirait le Fils de Dieu, Dieu ayant établi en premier lieu l’homme psychique afin, de toute évidence, qu’il fût sauvé par l’homme spirituel. En effet, puisqu’existait déjà celui qui sauverait, il fallait que ce qui serait sauvé vînt aussi à l’existence, afin que ce sauveur ne fût point sans raison d’être.

Parallèlement au Seigneur, on trouve aussi la Vierge Marie obéissante, lorsqu’elle dit : Voici ta servante, Seigneur, qu’il me soit fait selon ta parole. Eve, au contraire, avait été désobéissante : elle avait désobéi, alors qu’elle était encore vierge. Car, de même qu’Ève, ayant pour époux Adam, et cependant encore vierge, en désobéissant, devint cause de mort pour elle-même et pour tout le genre humain, de même Marie, ayant pour époux celui qui lui avait été destiné par avance, et cependant vierge, devint, en obéissant, cause de salut pour elle-même et pour tout le genre humain. C’est pour cette raison que la loi donne à celle qui est fiancée à un homme, bien qu’elle soit encore vierge, le nom d’« épouse » de celui qui l’a prise pour fiancée, signifiant de la sorte le retournement qui s’opère de Marie à Eve. Car ce qui a été lié ne peut être délié que si l’on refait en sens inverse les boucles du nœud, en sorte que les premières boucles soient défaites grâce à des secondes et qu’inversement les secondes libèrent les premières.

C’est pourquoi le Seigneur disait que les premiers seraient les derniers, et les derniers les premiers. Le prophète, de son côté, indique la même chose, en disant : Au lieu de pères qu’ils étaient, ils sont devenus tes fils. Car le Seigneur, en devenant le Premier-né des morts et en recevant dans son sein les anciens pères, les a fait renaître à la vie de Dieu, devenant lui-même le principe des vivants parce qu’Adam était devenu le principe des morts. C’est pourquoi aussi Luc a commencé sa généalogie par le Seigneur, pour la faire remonter de celui-ci jusqu’à Adam, indiquant par là que ce ne sont pas les pères qui ont donné la vie au Seigneur, mais lui au contraire qui les a fait renaître dans l’Évangile de vie. Ainsi également le nœud de la désobéissance d’Ève a été dénoué par l’obéissance de Marie, car ce que la vierge Eve avait lié par son incrédulité, la Vierge Marie l’a délié par sa foi.

Traité de saint Irénée contre les hérésies,
Lib. 3 , 22: SC 211, 438-444

Irénée de Lyon dont le nom signifie « homme de paix » est le deuxième évêque de Lyon entre 177 et 202, au deuxième siècle de l’Église. Disciple de saint Polycarpe de Smyrne, il est l’un des premiers Pères de l’Église et le premier Occidental à produire une œuvre théologique systématique. Il écrit d’importants livres contre la gnose et son système.

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Frère Hervé

Je suis un religieux ermite, consacré dans cette forme de vie par mon évêque. Je réside en France et suis passionné par la recherche de la Vérité dans l’Écriture sainte, dans la philosophie et la théologie.