Jeudi 1ère semaine Avent

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Ambon

Jésus disait à ses disciples : « Ce n’est pas en me disant : “Seigneur, Seigneur !” qu’on entrera dans le royaume des Cieux, mais c’est en faisant la volonté de mon Père qui est aux cieux. »

Le passage évangélique que nous venons de lire ne nous éloigne pas du temps de l’Avent dans lequel l’Eglise nous a embarqués depuis le dimanche dernier. Il nous parle de la dernière venue de Jésus où il rendra le jugement. Dernière venue avons-nous dit. Ce qui signifie que notre vie est un Avent, une préparation de cette venue, que le temps de l’Avent liturgique nous rappelle avec beaucoup d’insistance.

Sur la montagne, Jésus met en garde ses disciples. Pour participer à la joie du Royaume, il ne suffira pas d’avoir à la bouche son nom. Il ne suffit pas de porter une croix au coup, où même de recevoir régulièrement tous les sacrements. Nombreux sont malheureusement ceux qui restent à ce stade. Les neuvaines interminables, les prières de Jéricho, l’appartenance à tous les groupes et mouvements sur la paroisse, rien de tout cela ne suffit à nous conduire dans le Royaume de Jésus. Paradoxe ?

Ce que Jésus veut de ses disciples, c’est que leur vie entière dise Dieu, qu’elle corresponde à sa volonté. Le critère pour discerner si l’on fait la volonté de Dieu ou non ne réside pas dans la capacité ou non à transmettre les prophéties, prêcher avec efficacité, à intercéder pour la guérison, à opérer des miracles et exorcismes. Ce sont autant de signes trompeurs. On ne doit pas se fier à ces manifestations pour penser que l’on est sur le chemin du Royaume. Le païen peut prophétiser. L’exemple de Balaam, fils de Béor, que nous lirons le lundi de la troisième semaine de ce temps suffit à nous en convaincre.

Beaucoup s’imaginent que, en raison de tel ou tel autre charisme qu’ils exercent dans la communauté, ils sont pour cela en odeur de sainteté devant Dieu. Il sera très profitable de lire, pour mieux comprendre ce que Jésus dit ici, l’explication que Saint Paul en donne dans son hymne à la charité : « Je peux bien parler les langues des hommes, et aussi celles des anges, si je n’ai pas l’amour, je suis comme la trompette ou la cymbale : du bruit et rien de plus. Je peux prophétiser et découvrir tous les mystères et le plus haut savoir ; je peux avoir la foi parfaite jusqu’à transporter les montagnes ; si je n’ai pas l’amour je ne suis rien. Et si je donne tout ce que j’ai, si je me sacrifie moi-même, mais pour en tirer gloire et sans avoir l’amour, cela ne me sert de rien. » (1Co 13, 1 – 3).

Jésus nous apprend aujourd’hui que nous ne pouvons pas jauger notre vie chrétienne à l’aune de ces charismes. Ils ne sont pas des rocs, des garanties de sainteté. Dieu en effet ne tient pas compte de la sainteté ou non de ses enfants pour leur donner ses charismes. Il les donne, non pour canoniser le bénéficiaire, mais pour l’épanouissement du peuple de Dieu. Le Seigneur ne nous jugera donc pas exclusivement sur la manière dont nous aurons exercé les charismes et nos responsabilités dans la communauté, mais surtout sur le soin que nous prendrons à mettre personnellement en pratique sa volonté. De cela uniquement dépendra la sentence finale.

La vie du disciple du Christ est comparable à une maison exposée aux intempéries naturelles. Sa solidité ou son écroulement dépend du terrain sur lequel elle est fondée, soit sur le terrain meuble des idéologies mondaines sans lendemains et à courtes vues, du relativisme, du pragmatisme, du positivisme, soit sur la Parole de Dieu et surtout l’évangile qui ne passera pas, Jésus-Christ, le roc imprenable. Il est plus rapide mais périlleux de construire dans le sable, plus difficile mais rassurant de construire dans le roc. A la lecture de ce passage, nous allons revisiter notre vie. Sur quoi la fondons-nous ? Sur les philosophies humaines ou dans la Sagesse de Dieu telle que présentée dans le Sermon sur la montagne. Pour nous chrétiens, cette Sagesse est le roc qui permet à notre vie de résister aux assauts des menaces mondaines. Elle s’appelle pauvreté en esprit, douceur, promotion de la justice, artisan de paix, pureté de cœur, miséricorde, bref Amour et Bonté.

Que Dieu nous accorde sa grâce, afin que nous construisions la maison de notre vie dans l’obéissance à sa seule volonté.

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Abbé Jean Oussou-Kicho

Je suis prêtre de l’archidiocèse de Cotonou (Bénin), ordonné en 2008, licencié en théologie morale. Directeur de complexe scolaire, je suis investi dans la pastorale des réseaux sociaux, devenus un nouveau terrain propice pour l’évangélisation et l’éducation des chrétiens