L’allégresse de la solennité de ce jour retranche de nos âmes tout aiguillon du désespoir, elle encourage nos cœurs chancelants à présumer de la divine miséricorde et elle nous engage, comme nous y exhorte l’apôtre, à nous avancer avec pleine assurance vers le trône de la grâce. Qui donc en effet, apprenant qu’un publicain, non seulement a été choisi par le Seigneur pour être associé au groupe des disciples, mais en outre est monté jusqu’au sommet de la hiérarchie, en faisant même partie du collège apostolique, ne se sentirait aussitôt poussé à réclamer le pardon de ses péchés ?
Ce publicain passe en effet de la table des changeurs où s’entassent les bénéfices, à la chaire d’enseignement de l’Église ; et celui dont la profession était hier d’exiger l’impôt, se voit confier la charge d’administrer les trésors de la foi, ceux des richesses et des biens célestes ; et donc, lui qui naguère en quête d’un gain malhonnête s’affairait pour emplir sa bourse, sème désormais largement, de par le monde entier, le mystère de la parole divine.
Certes, parmi tous les saints qui ont emporté des titres de victoire, en triomphant du monde en vue de la gloire céleste, le bienheureux Matthieu me semble être particulièrement digne et remarquable, et même occuper parmi eux une sorte de primat d’honneur ; j’oserais même dire qu’après le Christ, il n’est personne à qui l’Église universelle ne soit davantage redevable. Car si le monde vit, c’est bien parce qu’a brillé pour nous la lumière de l’évangile. Or il est établi que, le premier de tous, Matthieu a écrit un évangile en aramée ; et de la sorte, a procuré aux croyants venus de la circoncision, comme un miroir de la foi nouvelle.
Et puisqu’il a été le premier à se lancer dans la composition du saint évangile, il a ouvert en devancier la voie d’écrivain aux autres évangélistes. Comme un chef, il a porté l’étendard en avant de ceux qui le suivaient, et, par son exemple, les a stimulés à écrire. Nous sommes donc redevables de l’’évangile à celui dont il est établi qu’il est à l’origine des récits évangéliques ; et celui que nous reconnaissons comme le premier au bénéfice des autres, nous ne doutons pas qu’il détient parmi eux le primat d’un certain privilège.
Sermon de saint Pierre Damien
(Sermo 49, 1 : CC CM 57, 307)
Pierre Damien, né vers 1007 à Ravenne (Italie) et mort le 23 février 1072 à Faenza (Italie), est un moine-ermite camaldule du 11e siècle qui devint évêque, puis cardinal. Bien que n’ayant jamais été canonisé officiellement, il a été considéré comme un saint dès son décès. Son culte fut approuvé et étendu à l’ensemble du monde catholique en 1823 par le pape Léon XII, qui le déclara également docteur de l’Église en 1828. Il est commémoré le 21 février dans le calendrier romain général.
Hymne
À toi Dieu, notre louange !
Nous t’acclamons, tu es Seigneur !
À toi Père éternel,
L’hymne de l’univers.
Devant toi se prosternent les archanges,
les anges et les esprits des cieux ;
ils te rendent grâce ;
ils adorent et ils chantent :
Saint, Saint, Saint, le Seigneur,
Dieu de l’univers ;
le ciel et la terre sont remplis de ta gloire.
C’est toi que les Apôtres glorifient,
toi que proclament les prophètes,
toi dont témoignent les martyrs ;
c’est toi que par le monde entier
l’Église annonce et reconnaît.
Dieu, nous t’adorons :
Père infiniment saint,
Fils éternel et bien-aimé,
Esprit de puissance et de paix.
Christ, le Fils du Dieu vivant,
le Seigneur de la gloire,
tu n’as pas craint de prendre chair
dans le corps d’une vierge
pour libérer l’humanité captive.
Par ta victoire sur la mort,
tu as ouvert à tout croyant
les portes du Royaume ;
tu règnes à la droite du Père ;
tu viendras pour le jugement.
Montre-toi le défenseur et l’ami
des hommes sauvés par ton sang :
prends-les avec tous les saints
dans ta joie et dans ta lumière.
Oraison
Dans ta miséricorde inépuisable, Seigneur, tu as choisi le publicain Matthieu pour en faire un Apôtre ; donne-nous, par sa prière et à son exemple, de suivre le Christ et de nous attacher à lui fermement. Lui qui règne.
