Achaz refuse de demander un signe au Seigneur

Bréviaire

Nous venons de l’entendre : Isaïe veut persuader le roi Achaz de demander au Seigneur un signe, soit dans la profondeur de l’enfer, soit au plus haut du ciel. Et nous avons entendu aussi la réponse d’Achaz, une réponse qui a bien les apparences de la piété, mais non point ce qui en fait la force. Et voilà pourquoi, de la part de celui qui regarde au cœur, de celui à qui rend témoignage la pensée de l’homme, cette réponse a mérité d’être condamnée. Je ne ferai pas cette demande, répond Achaz, je ne mettrai pas le Seigneur à l’épreuve. Achaz s’était élevé jusqu’au plus haut du trône royal, se montrant habile à manier les paroles d’une sagesse toute humaine. Aussi Isaïe avait-il reçu cet ordre de la part du Seigneur : « Va dire à ce renard de demande pour lui au Seigneur un signe dans les profondeurs. » Le renard, en effet, a un terrier, mais, qu’il descende jusque dans l’enfer, il y trouve celui qui prend les sages à leur propre astuce. De même, le Seigneur donna cet ordre : « Va dire à cet oiseau de demander pour lui un signe dans les hauteurs. » L’oiseau, de fait, a un nid, mais, qu’il monte même jusqu’au ciel, il y trouve celui qui résiste aux orgueilleux et qui, dans sa force, piétine la nuque des orgueilleux et des superbes.

Achaz toutefois refuse de chercher un signe, soit de la très haute puissance, soit de cette profondeur incompréhensible qu’est la sagesse. Aussi est-ce un signe de sa bonté, de sa charité, que le Seigneur promet à la maison de David. Ceux que ni sa puissance ni sa sagesse n’ont fait trembler de peur, Dieu entend les attirer au moins par l’offre de son amour. Pourtant il se peut que par ces mots : La profondeur de l’enfer, on ait de bonnes raisons de comprendre la charité elle-même, car personne n’a jamais pu aimer davantage que de descendre dans l’enfer en mourant pour ses amis. De la sorte, il serait ordonné à Achaz ou de trembler devant la majesté de celui qui règne au plus haut des cieux, ou d’embrasser la charité de celui qui descend aux enfers.

Car on est insupportable non seulement aux hommes, mais encore à Dieu, si l’on ne songe pas avec crainte à la majesté divine et si l’on ne médite pas avec amour sur sa charité. Voilà pourquoi, dit le prophète, le Seigneur vous donnera lui-même un signe, par lequel vont se manifester avec évidence et sa majesté, et sa charité. Voici, la vierge concevra et enfantera un fils, auquel on donnera le nom d’Emmanuel, ce qui se traduit : « Dieu-avec-nous ». Ne t’enfuis pas, Adam, car Dieu est avec nous. Avec nous par une chair semblable à la nôtre, avec nous pour notre bien : c’est pour nous qu’il est venu comme l’un de nous, semblable à nous, vulnérable.

Sermon de saint Bernard de Clairvaux, abbé
Sermo 2 de Adventu, 1 : EC 4, 170-171

Bernard de Fontaine, abbé de Clairvaux, né en 1090 à Fontaine-lès-Dijon et mort le 20 août 1153 à l’abbaye de Clairvaux, est un moine bourguignon, réformateur de la vie religieuse catholique.

Directeur de conscience et important promoteur de l’ordre cistercien, il recherche l’amour du Christ par la mortification la plus dure. Il fait preuve, toute sa vie, d’une activité inlassable pour instruire ses moines, pour émouvoir et entraîner les foules, pour allier son ordre avec la papauté et pour élaborer un dogme militant que son ordre et toute l’Église catholique mettront en œuvre. C’est aussi un conservateur, qui fustige les mutations de son époque, la « Renaissance du 12e siècle », marquée par une profonde transformation de l’économie, de la société et du pouvoir politique.

Mort en 1153, il est canonisé dès 1174 et devient ainsi saint Bernard de Clairvaux. Il est proclamé Docteur de l’Église catholique (Doctor mellifluus) en 1830 par le pape Pie VIII.

Vous aimez cet article ? Donnez lui 5 étoiles
  [Moyenne : 5]
Print Friendly, PDF & Email

Frère Hervé

Je suis un religieux ermite, consacré dans cette forme de vie par mon évêque. Je réside en France et suis passionné par la recherche de la Vérité dans l’Écriture sainte, dans la philosophie et la théologie.