Louanges de la virginité de Marie

Bréviaire

La seule naissance digne de Dieu était de naître d’une vierge et le seul enfantement convenable pour une vierge était d’enfanter Dieu. Aussi le Créateur des hommes, qui pour se faire homme voulait naître de l’homme, dut-il se choisir, bien plutôt se façonner, parmi toutes les autres, une mère douée de qualités telles, qu’il la sût apte à bien tenir son rôle, après l’avoir reconnue capable de lui plaire. Il voulut pour cela qu’elle fût vierge afin de naître, immaculé, de cette immaculée, lui qui venait purifier les souillures de tous, il voulut pareillement qu’elle fût humble pour sortir d’elle, doux et humble de cœur, lui qui venait, de ces deux vertus, donner sa propre personne l’exemple indispensable à tous et bienfaisant au plus haut point, Dieu donna à une vierge d’enfanter, après lui avoir inspiré auparavant le vœu de virginité, et l’avoir de même enrichie du mérite de l’humilité.

Sinon, comment l’ange, dans la suite du texte, pourrait-il la proclamer pleine de grâce s’il y avait en elle le moindre soupçon de bien qui ne vint de la grâce ? C’est pourquoi la femme destinée à concevoir, puis à enfanter, le Saint des saints reçut en don la virginité afin d’être sainte en son corps ; et pour être sainte aussi en son âme, elle reçut de plus l’humilité, Ainsi parée des joyaux de ces vertus, resplendissante de la double beauté de son âme et de son corps, réputée à la cour céleste pour sa parure et ses charmes, la Vierge royale attira sur elle les regards des habitants des cieux au point d’exciter le désir au cœur du roi et de provoquer l’envoi d’un céleste messager jusqu’à sa personne.

L’ange fut envoyé à une vierge, vierge de corps, vierge d’esprit, vierge de volonté avouée, vierge en un mot telle
que la dépeint l’Apôtre, sainte d’esprit et de corps. Cette vierge, on ne vient pas de la trouver, on ne l’a pas rencontrée comme par hasard, mais elle fut choisie de toute éternité ; elle fut connue d’avance par le Très-Haut et préparée pour lui, elle fut gardée par les anges, préfigurée par les patriarches, promise par les
prophètes.

Sermon de saint Bernard, abbé, sur les louanges de la Vierge Marie
Hom. 2, 1-2.4 : EC 4, 21-23

Bernard de Fontaine, abbé de Clairvaux, né en 1090 à Fontaine-lès-Dijon et mort le 20 août 1153 à l’abbaye de Clairvaux, est un moine bourguignon, réformateur de la vie religieuse catholique.

Directeur de conscience et important promoteur de l’ordre cistercien, il recherche l’amour du Christ par la mortification la plus dure. Il fait preuve, toute sa vie, d’une activité inlassable pour instruire ses moines, pour émouvoir et entraîner les foules, pour allier son ordre avec la papauté et pour élaborer un dogme militant que son ordre et toute l’Église catholique mettront en œuvre. C’est aussi un conservateur, qui fustige les mutations de son époque, la « Renaissance du 12e siècle », marquée par une profonde transformation de l’économie, de la société et du pouvoir politique.

Mort en 1153, il est canonisé dès 1174 et devient ainsi saint Bernard de Clairvaux. Il est proclamé Docteur de l’Église catholique (Doctor mellifluus) en 1830 par le pape Pie VIII.

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Frère Hervé

Je suis un religieux ermite, consacré dans cette forme de vie par mon évêque. Je réside en France et suis passionné par la recherche de la Vérité dans l’Écriture sainte, dans la philosophie et la théologie.