Recours à Marie

Bréviaire

De toutes les fibres de nos cœurs, de toute la tendresse de nos sentiments intimes, de tous nos vœux, vénérons Marie, car telle est la volonté de celui qui a voulu que tout nous vienne par Marie. C’est sa volonté, oui, mais en notre faveur ; car, du fait qu’il se montre en tout et de toute manière la providence des malheureux, il calme nos appréhensions, réveille notre foi, renforce notre espérance, chasse notre défiance et relève notre courage défaillant. Tu redoutais d’approcher du Père ; rien qu’à sa voix, terrifié, tu courais te cacher dans le feuillage ; il t’a donné Jésus pour médiateur. Auprès d’un tel Père, que n’obtiendra un tel Fils ? Il ne pourra qu’être exaucé, en raison de son humble et libre soumission ; le Père, c’est certain, aime son Fils. Trembles-tu d’approcher même de lui ? C’est ton frère, il est de ta chair, – en tout il a subi l’épreuve, à l’exception du péché, afin de se montrer miséricordieux ; ce frère, c’est Marie qui te l’a donné.

Mais peut-être est-ce que tu redoutes, même en lui aussi, la divine majesté, car pour s’être fait homme, il n’en reste pas moins Dieu ? Veux-tu avoir un avocat auprès de lui aussi ? Recours à Marie ! En Marie il n’y a que la pure humanité, pure non seulement de toute souillure, mais pure encore de tout alliage avec une autre nature. Je n’hésite pas à l’affirmer : elle sera exaucée, elle aussi, en raison de son humble et libre soumission ; le Fils, assurément, exaucera sa mère, et le Père exaucera son Fils.

Mes petits enfants ! C’est Marie l’échelle des pécheurs, c’est elle mon assurance inébranlable, c’est elle toute la raison de mon espérance. Eh quoi ? Le Fils peut-il opposer un refus, ou se heurter lui-même à un refus ? Peut-il ne pas écouter, ou ne pas être écouté ? Ni l’un ni l’autre en vérité. Tu as trouvé grâce auprès de Dieu, dit l’ange. Quel bonheur ! Toujours elle trouvera grâce ; et nous n’avons besoin que de grâce. Avec discernement, la Vierge ne demandait pas la sagesse comme Salomon, ni les richesses, ni les honneurs, ni la puissance, mais c’est la grâce qu’elle cherchait ; et de fait, c’est par la grâce, et par elle seule, que nous sommes sauvés.

Ex Sermónibus sancti Bernárdi abbátis (Sermo in Nativ. B.M.V., 7: EC 5, 279

Bernard de Fontaine, abbé de Clairvaux, né en 1090 à Fontaine-lès-Dijon et mort le 20 août 1153 à l’abbaye de Clairvaux, est un moine bourguignon, réformateur de la vie religieuse catholique et promoteur de l’ordre cistercien. Il recherche l’amour du Christ par la mortification la plus dure. Il fait preuve, toute sa vie, d’une activité inlassable pour instruire ses moines, pour émouvoir et entraîner les foules. C’est aussi un conservateur, qui fustige les mutations de son époque, marquée par une profonde transformation de l’économie, de la société et du pouvoir politique.

Il est canonisé dès 1174 et proclamé docteur de l’Église catholique (Doctor mellifluus) en 1830 par le pape Pie VIII.

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Frère Hervé

Je suis un religieux ermite, consacré dans cette forme de vie par mon évêque. Je réside en France et suis passionné par la recherche de la Vérité dans l’Écriture sainte, dans la philosophie et la théologie.