Vie de saint Martin

Bréviaire

Un jour où Martin n’avait sur lui que ses armes et un simple manteau de soldat, au milieu d’un hiver qui sévissait plus rigoureusement que de coutume, à tel point que bien des gens succombaient à la violence du gel, il rencontre à la porte de la cité d’Amiens un pauvre nu : ce misérable indigent avait beau supplier les passants d’avoir pitié de sa misère, ils passaient tous leur chemin. L’homme empli de Dieu comprit que ce pauvre lui était réservé, puisque les autres ne lui accordaient aucune pitié.

Mais que faire ? Il n’avait rien que la chlamyde dont il était habillé : il avait, en effet, déjà sacrifié tout le reste pour une bonne œuvre semblable. Aussi, saisissant l’arme qu’il portait à la ceinture, il partage sa chlamyde en deux, en donne un morceau au pauvre et se rhabille avec le reste. Sur ces entrefaites, quelques-uns des assistants se mirent à rire, car on lui trouvait piètre allure avec son habit mutilé. Mais beaucoup, qui raisonnaient plus sainement, regrettèrent très profondément de n’avoir rien fait de tel, alors que justement, plus riches que lui, ils auraient pu habiller le pauvre sans se réduire eux-mêmes à la nudité.

Donc, la nuit suivante, quand il se fut abandonné au sommeil, il vit le Christ vêtu de la moitié de la chlamyde dont il avait couvert le pauvre. Il est invité à considérer très attentivement le Seigneur et à reconnaître le vêtement qu’il avait donné. Puis il entend Jésus dire d’une voix éclatante à la foule des anges qui se tiennent alentour : « Martin, qui n’est encore que catéchumène, m’a couvert de ce vêtement. »

En vérité, le Seigneur se souvenait de ses paroles, lui qui avait proclamé jadis : Chaque fois que vous avez fait quelque chose à l’un de ces tout-petits, c’est à moi que vous l’avez fait, quand il déclara avoir été vêtu en la personne de ce pauvre. Et, pour confirmer son témoignage en faveur d’une si bonne œuvre, il daigna se faire voir dans le même habit que le pauvre avait reçu. Cette vision n’exalta pas un orgueil tout humain chez cet homme bienheureux, mais il reconnut dans son œuvre la bonté de Dieu et, comme il avait dix-huit ans, il s’empressa de se faire baptiser.

Cap. 3, 1-5: SC 133, 256-258

 

Oraison

Dieu qui as été glorifié par la vie et la mort de l’évêque saint Martin, renouvelle en nos cœurs les merveilles de ta grâce, si bien que ni la mort, ni la vie ne puissent nous séparer de ton amour.

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Frère Hervé

Je suis un religieux ermite, consacré dans cette forme de vie par mon évêque. Je réside en France et suis passionné par la recherche de la Vérité dans l’Écriture sainte, dans la philosophie et la théologie.