Devenons paix comme le Christ

Bréviaire

C’est lui, le Christ, qui est notre paix, lui qui, des deux, n’a fait qu’un seul. Si nous avons l’intelligence du Christ en tant que paix, nous aurons à extérioriser la vérité de notre appellation de chrétien, en manifestant le Christ dans notre vie, par la paix qui règne en nous et entre nous. C’est lui, le Christ, qui a mis à mort la haine comme dit l’Apôtre. Alors, ne la faisons pas revivre en nous, montrons dans notre vie qu’elle est bien morte. Elle a été, pour notre salut, heureusement mise à mort par Dieu, ne la ressuscitons pas, pour la perte de nos âmes, par la colère ou le ressentiment mutuels ; ne faisons pas, pour notre malheur, ressusciter ce qui est mort pour notre bonheur.

Mais si nous avons le Christ qui est la paix, faisons à notre tour mourir la haine en nous, pour réaliser dans notre vie ce que nous reconnaissons en lui par la fol. Car lui, le Christ, renversant le mur qui les séparait, a créé en lui-même, à partir des deux hommes, un seul homme nouveau, en établissant la paix ; comme lui, amenons à réconciliation, non seulement ceux qui nous combattent de l’extérieur, mais aussi ceux qui en nous-mêmes font opposition ; en sorte que les tendances de la chair ne s’opposent plus à l’esprit : mi les tendances de l’esprit ne s’opposent à la chair ; mais, ayant soumis à la loi de Dieu un jugement charnel, tout humain, étant réédifiés en un seul homme nouveau, un et pacifié, ainsi unifiés à partir des deux établissons la paix en nous-mêmes, Car la paix commence quand les deux parties séparées utilisent le même langage. Donc, une fois arrachée de notre nature la guerre intérieure, en établissant la paix en nous-mêmes, nous devenons, nous aussi, paix, et nous extériorisons la vérité, la puissance de notre appellation de chrétiens.

Quand nous avons l’intelligence du Christ en tant que vraie lumière, inaccessible au mensonge, nous apprenons que notre vie doit, elle aussi, être illuminée par les rayons de la vraie lumière. Or, les rayons jaillis du soleil de justice pour nous illuminer, ce sont les vertus, elles qui nous permettent de rejeter les activités des ténèbres, de nous conduire honnêtement, comme on le fait en plein jour, et, répudiant les  dissimulations de la honte, accomplissant tout en pleine lumière, de devenir nous-mêmes lumière, afin, à travers nos œuvres, d’éclairer les
autres, ce qui est le propre de la lumière.

Traité de saint Grégoire de Nysse sur la perfection du chrétien
PG 46, 259-262

Grégoire de Nysse, appelé aussi le Père des Pères né vers 335 à Néocésarée (actuelle Niksar en Turquie), dans la province du Pont-Euxin, mort vers 395, est un théologien et un mystique de grande envergure ; comme Père de l’Église, il est commémoré le 10 janvier.

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Frère Hervé

Je suis un religieux ermite, consacré dans cette forme de vie par mon évêque. Je réside en France et suis passionné par la recherche de la Vérité dans l’Écriture sainte, dans la philosophie et la théologie.