C’est l’amour seul qui m’attire

Bréviaire

Je ne désire pas la souffrance, ni la mort, et cependant je les aime toutes les deux, mais c’est l’amour seul qui m’attire. Longtemps je les ai désirées, j’ai possédé la souffrance et j’ai cru toucher au rivage du ciel, j’ai cru que la petite fleur serait cueillie en son printemps. Maintenant c’est l’abandon seul qui me guide je n’ai point d’autre boussole ! Je ne puis rien demander avec ardeur, excepté l’accomplissement parfait de la volonté du Bon Dieu sur mon âme sans que les créatures puissent y mettre obstacle. Je puis dire ces paroles du Cantique spirituel de Notre Père saint Jean de la Croix : « Dans le cellier intérieur de mon Bien-Aimé, j’ai bu, et quand je suis sortie dans toute cette plaine je ne connaissais plus rien et je perdis le troupeau que je suivais auparavant. Mon âme s’est employée avec toutes ses ressources à son service, je ne garde plus de troupeau, je n’ai plus d’autre office parce que maintenant mon exercice est d’aimer ! » Ou bien encore : « Depuis que j’en ai l’expérience, l’amour est si puissant en œuvres qu’il sait tirer profit de tout, du bien et du mal qu’il trouve en moi, et transformer mon âme en soi. »

Oh ! Qu’elle est douce la voie de l’amour. Sans doute on peut bien tomber, on peut commettre des infidélités, mais l’amour sachant tirer profit de tout, a bien vite consumé tout ce qui peut déplaire à Jésus, ne laissant qu’une humble et profonde paix au fond du cœur. Ah ! Que de lumières n’ai-je pas puisées dans les œuvres de Notre Père saint Jean de la Croix ! À l’âge de dix-sept et dix-huit ans je n’avais pas d’autre nourriture spirituelle, mais plus tard, tous les livres me laissèrent dans l’aridité et je suis encore dans cet état.

Si j’ouvre un livre composé par un auteur spirituel (même le plus beau, le plus touchant), je sens aussitôt mon cœur se serrer et je lis sans pour ainsi dire comprendre, ou si je comprends, mon esprit s’arrête sans pouvoir méditer. Dans cette impuissance, l’Écriture Sainte et l’Imitation viennent à mon secours ; en elles je trouve une nourriture solide et toute pure. Mais c’est par-dessus tout l’Évangile qui m’entretient pendant mes oraisons, en lui je trouve tout ce qui est nécessaire à ma pauvre petite âme. J’y découvre toujours de nouvelles lumières, des sens cachés et mystérieux. Je comprends et je sais par expérience que le royaume de Dieu est au-dedans de nous. Jésus n’a pas besoin de livres ni de docteurs pour instruire les âmes, lui le Docteur des docteurs, il enseigne sans bruit de paroles.

Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus,
Manuscrits autobiographiques, éd. Lisieux, 1957, 207-208

Marie-Françoise Thérèse Martin, en religion sœur Thérèse de l’Enfant-Jésus et de la Sainte-Face, également connue sous les noms de sainte Thérèse de Lisieux, sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus ou encore la petite Thérèse, est une religieuse carmélite française née à Alençon, dans l’Orne, le 2 janvier 1873 et morte à l’âge de 24 ans, victime de la tuberculose, à Lisieux, dans le Calvados, le 30 septembre 18971. Canonisée en 1925, elle est proclamée docteur de l’Église par le pape Jean-Paul II en 1997.

Oraison

Dieu qui ouvres ton Royaume aux petits et aux humbles, donne-nous de marcher avec confiance sur les pas de sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus, pour obtenir ainsi la révélation de ta gloire.

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Frère Hervé

Je suis un religieux ermite, consacré dans cette forme de vie par mon évêque. Je réside en France et suis passionné par la recherche de la Vérité dans l’Écriture sainte, dans la philosophie et la théologie.

Cette publication a un commentaire

  1. OUSSOU-KICHO. Jacques

    Vraiment profond
    Votre article décrit un état d’âme et l’état d’esprit qu’il nous arrive de traverser
    Le plus grand étant l’amour

Les commentaires sont fermés.