Venez, montons à la montagne du Seigneur

Bougie de l'Avent
Bougie de l'Avent

1er DIMANCHE DE L’AVENT A

Venez, montons à la montagne du Seigneur

Auteur : Mgr Fidèle Agbatchi

1ère lecture : Is 2, 1-5

Psaume : 122 (121)

2e lecture : Rm 13, 11-14

Évangile : Mt 24, 37-44

Venez, montons à la montagne du Seigneur

À l’ouverture de l’Année Liturgique A, l’ensemble des lectures du premier dimanche suggère deux attitudes : attendre et marcher. Dans les faits, ces attitudes semblent s’opposer, mais dans la vie, elles se tiennent parfaitement la main.

Attendre

Attendre apparaît comme une attitude passive : on ne fait rien, on reste sur place, fidèle au poste. C’est ce que semble suggérer l’Évangile de ce jour, tout en précisant le motif : le Fils de l’homme vient.

Mais qui est le Fils de l’homme ? « Fils de l’homme », c’est l’appellation que Jésus se donne quand il veut renvoyer à sa nature humaine ou recourir à une périphrase pour dire « je ». Mais quand il l’emploie en l’associant à son retour, il s’inspire du Livre de Daniel (Dn 7,13) pour s’imposer comme celui qui est doté du pouvoir d’exercer le jugement final sur le monde.

C’est dans ce sens que l’expression apparaît dans l’Évangile de ce jour. Et si le Fils de l’homme vient, il faut l’attendre comme juge du monde. Mais comme c’est un vivant qui attend, l’attente contient le dynamisme de la vigilance. On attend en veillant.

Même si l’on conçoit veiller en termes de ne pas dormir, on peut par là être amené à des attitudes tout à fait positives lorsqu’on sait que veiller est le fait de l’homme vivant, de l’homme debout qui se manifeste par la position verticale, celle du ressuscité, en opposition à la position horizontale du mort.

Par euphémisme, on dit justement du mort qu’il s’est endormi, et cela laisse entendre que dormir est analogue à mourir, comme veiller renvoie au vivant. Et comme l’homme dans la mort sombre dans les ténèbres, la lumière de la vie enveloppe le veilleur. Nous avons donc intérêt à être debout, vivant, inondés de lumière, car le Fils de l’homme qui vient, c’est la lumière qui luit dans les ténèbres (Jn 1,5).

Attendre, veiller et être vigilants trouvent écho dans la deuxième lecture de ce jour, où Paul nous invite à nous réveiller et indique comme proche le temps du salut. Dans son vocabulaire, nous retrouvons la dialectique veille/sommeil, jour/nuit, lumière/ténèbres. Sa voix s’allie à celle du Christ de l’Évangile pour nous dire : veillez.

Marcher

Le dynamisme contenu dans le fait de veiller nous engage aussi dans une autre attitude, celle de marcher, de se mettre en mouvement. Mais bouger pour aller où ? Ce ne sont pas les directions qui manquent. Nous sommes sollicités de toutes parts par ce que les anciens appellent nos appétits, un terme qui exprime notre tendance à satisfaire nos désirs. Ces désirs peuvent être purs, dans la mesure où nous sommes créés à l’image et à la ressemblance de Dieu. Mais souvent le diable récupère ces désirs pour nous induire dans des œuvres de péché.

Si les directions ne nous manquent pas pour notre marche, les directives par contre nous manquent, et il revient au prophète Isaïe, dans la première lecture d’aujourd’hui, de nous donner des directives sûres : venez, montons sur la montagne du Seigneur.

Mais qu’est-ce donc que la montagne du Seigneur ? La montagne du Seigneur, c’est le lieu de sa demeure en Israël, c’est le Mont Sion. Dans l’Ancien Orient, le culte se déroule sur les hauteurs justement appelés des hauts-lieux. Si la montagne du Seigneur s’érige au-dessus de toutes les autres, cela signifie que le culte d’Israël est appelé à être le meilleur, et les idoles sur les hauteurs inférieures devront chercher à rejoindre le Mont Sion en s’élevant.

Ce geste de monter doit s’accomplir par toutes les nations. On dirait qu’ici, un coup fatal est porté à l’Élection d’Israël qui ne détient plus l’exclusivité du culte de Dieu, mais se laisse rejoindre par toutes les nations pour un culte unifié.

Et que va-t-on faire sur ces hauteurs ? Essentiellement deux choses : recevoir l’enseignement du Seigneur sur ses voies et marcher sur ses sentiers. Cela revient à dire que sur les hauteurs, Dieu donne sa Loi, comme il le fait avec Moïse sur le Sinaï. Après avoir reçu la loi, les nations devront marcher sur ses sentiers.

Il faut comprendre par là que dans un mouvement ascensionnel, les nations montent, et dans un mouvement descendant, elles marchent sur les sentiers de la Loi de Dieu, que dans un mouvement centripète, elles montent sur la montagne du Seigneur, et dans un mouvement centrifuge, elles portent la Loi au monde. C’est donc un jeu d’alliance entre Dieu et les hommes et ce que l’homme gagne dans cette alliance, c’est la paix, une paix définitive et non pas un cessez-le-feu. Les armes de guerre ne sont pas suspendues en attendant la reprise des hostilités, mais elles changent complètement de nature : les épées se fondent en charrues et les lances en faucilles. Ainsi se rend-on compte avec stupeur qu’on peut faire du bien avec ce qu’on emploie pour faire le mal, faire la paix avec ce qu’on emploie pour faire la guerre, forger des charrues avec des épées, des faucilles avec des lances. C’est impressionnant de voir qu’on peut y arriver en marchant ensemble. Cette marche fait de l’humanité un peuple en exode. Exode signifie se mettre en route. La racine « odos » de ce mot est le même que celle de « synode », qui signifie marcher ensemble.

L’humanité se met en route et marche ensemble, elle est en exode et en synode. C’est l’image que nous donne le peuple d’Israël, et cette image s’accomplit avec perfection dans le Nouvel Israël, l’Église du Christ. Et si l’Église vit l’actualité de la synodalité, c’est pour être conforme à sa nature : elle se met en route, mais elle n’est pas seule, elle marche avec toutes les nations, elle est en exode et en synode. Elle marche, elle marche avec, elle est vigilante, elle veille.

Mettons-nous en route, marchons avec elle. Commençons notre exode, poursuivons-le en synode dès aujourd’hui.

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Abbé Jean Oussou-Kicho

Je suis prêtre de l’archidiocèse de Cotonou (Bénin), ordonné en 2008, licencié en théologie morale. Directeur de complexe scolaire, je suis investi dans la pastorale des réseaux sociaux, devenus un nouveau terrain propice pour l’évangélisation et l’éducation des chrétiens