Vendredi 2e semaine Avent

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Ambon

« Jean est venu, en effet ; il ne mange pas, il ne boit pas, et l’on dit : “C’est un possédé !” Le Fils de l’homme est venu ; il mange et il boit, et l’on dit : “Voilà un glouton et un ivrogne, un ami des publicains et des pécheurs.” Mais la sagesse de Dieu a été reconnue juste à travers ce qu’elle fait. »r

La première lecture de ce jour nous plonge dans l’histoire du peuple d’Israël. Le contexte d’écriture de ces pages est celui de l’exil. D’ailleurs, toute la portion qui couvre Is 40-55 appartient à cette période-là, où le peuple fait l’expérience de la déportation : ni terre, ni roi, ni temple. Cette première lecture situe la responsabilité du peuple face à ce qui leur arrive. Le point d’instance ici est dans l’hypothèse que le Seigneur pose : “Si”. Tout est au conditionnel, sauf l’affirmation des premiers versets qui présente Dieu comme le Rédempteur (pensons à l’évènement de la sortie de l’Égypte), au Saint (le buisson ardent) ton Dieu (clause de l’alliance au Sinaï), ton guide (l’expérience de la longue marche à travers le désert jusqu’à la terre promise). En peu de mots, le Seigneur rappelle au peuple toute la force de l’histoire d’amour entretenue mais que le peuple a oubliée. Cette histoire d’amour s’est scellée dans les dix paroles de Dieu, qu’on appelle encore dix commandements. Mais le peuple n’en a pas tenu compte.

Et pourtant, ces paroles avaient pour finalité d’apporter le salut au peuple (enseignement salutaire en tant que son guide), de lui accorder abondante paix, la justice (rendre le peuple conforme à la volonté de Dieu), une grande postérité, une descendance nombreuse, un nom (une identité) qui subsiste aux yeux du Seigneur. Tout ses bienfaits qu’apporte l’obéissance à la Parole de Dieu semblent ne plus être d’actualité pendant l’exil : plus de paix, sujet à l’injustice dans la servitude, leur postérité est menacée jusqu’à leur identité comme peuple.

Pourtant, et c’est le plus important, la faute n’incombe pas au Seigneur qui lui est toujours fidèle, qui demeure toujours le Rédempteur, le Dieu Saint d’Israël. C’est le peuple qui porte la responsabilité de l’exil, comme une conséquence du refus d’obéir à Dieu. La désobéissance à la Parole de Dieu ne peut que conduire dans des situations d’esclavage, d’asservissement aux forces de mort, dans une sorte de compromission de l’image de Dieu que nous sommes, de notre dignité d’enfants de Dieu.

Cette idée de la responsabilité est aussi entière dans le passage évangélique de ce jour. Que ce soit Jean ou Jésus, l’évangile veut nous montrer la mauvaise volonté de ce peuple de se laisser interpeller par la parole du Seigneur, un peuple insensible aux différents appels de son Dieu. Ni la flûte ni les chants de deuil ne les émeuvent et les poussent à sortir de leur enfermement ; ni Jean ni Jésus ne réussissent à les convertir. Bien au contraire, ils trouvent bien des raisons pour s’enfoncer davantage dans leur indifférence, voire dans leur opposition au message. L’évangile nous enseigne par ces mots que Dieu aura joué sa partition. Le salut de l’homme, sa paix, sa justice, sa descendance, son nom ne dépendent pas de Dieu mais de notre capacité à tenir compte de sa parole.

À ce point de notre méditation, nous devons corriger une mentalité qui rend Dieu responsable de ce qui nous arrive de mal dans la vie. Dieu n’est jamais auteur du mal. C’est plutôt un certain refus de prendre le chemin de Dieu qui nous conduit dans des situations, à la limite, intolérables pour la dignité humaine. Cependant, Dieu reste Dieu et Rédempteur. Il entreprend de nous envoyer son Fils pour nous guider sur ses chemins. Pussions-nous ne pas faire comme ce peuple, et écouter la voix du Seigneur.

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Abbé Jean Oussou-Kicho

Je suis prêtre de l’archidiocèse de Cotonou (Bénin), ordonné en 2008, licencié en théologie morale. Directeur de complexe scolaire, je suis investi dans la pastorale des réseaux sociaux, devenus un nouveau terrain propice pour l’évangélisation et l’éducation des chrétiens